Deuxième
partie
Eclatement et recomposition (fin des années 70-2003)
La fin des années 70 et le début des
années 80 voient l'explosion des différentes
versions Unix (voir ce
document illustrant les différents avatars
du système avec le temps). Des sociétés
comme Silicon Graphics Incorporated (SGI) ou Sun Microsystems
(rejoint dès 1982 par Bill Joy, développeur
de l'Unix de Berkeley) vont contribuer au développement
de la "famille", le premier par ses terminaux
graphiques équipés du système, et
sa librairie de code dédiée au graphisme
3D, le second par son SunOS (Solaris).
En
1983, AT&T publie Unix System V, qui devient la
version Unix de référence même si
le développement s'est éloigné
de la branche "historique" (celle des Unix
Time-Sharing System, qui se poursuit). Quatre ans plus
tard, la Release 3 de ce système conduira IBM
et HP à développer leurs propres versions
d'Unix à des fins de concurrence, IBM la baptisant
AIX et la basant sur Unix System V Release 2, HP la
baptisant HP-UX et la basant sur Unix System III. Les
choses se compliquent donc encore, d'autant que le système
Unix développé à Berkeley continue
son chemin - en 1986 sort la version 4.3 de BSD (pour
Berkeley Software Distribution).
Entre temps, en 1984, le
MIT commence à développer le moteur graphique X Window, un système
client-serveur permettant à une même machine de gérer plusieurs
écrans, ou à plusieurs écrans de servir d'interface à
une même machine.Plus tard, X Window servira de base à XFree86, le
serveur d'affichage Open Source.
Au tout début des
années 1990, les positions se figent dans le
monde Unix. Alors que Sun & AT&T ont décidé
de collaborer autour de Unix System V Release 4, DEC,
HP et IBM fondent l'OSF (Open Software Foundation).
A peine un an plus tard, un jeune étudiant finlandais,
Linus Torvalds, réalise la première brique
d'une "troisième voie" qui s'avèrera
avec le temps être la voie royale. A partir de
Minix, un clone d'Unix réalisé en 1987
pour des machines à base de processeurs Intel
x86, il développe Linux, dont la première
version de test (la 0.01) est disponible en septembre
1991.
Fait crucial, il décide de mettre le code source
de ses travaux sous la licence GPL (pour General Public
Licence), une licence établie en 1984 par la
Free Software Foundation et qui sert de référence
aux logiciels dits "libres".
Linux ne décolle
pas tout de suite. Si la première "distribution
Linux" (le noyau plus un ensemble d'utilitaires)
sort en 1991, la première distribution commerciale
(Slackware) ne voit le jour qu'en 1993 et la version
1.0 de Linux n'est disponible qu'en 1994. Un an avant,
le projet Debian avait été lancé,
tandis que cette même année 1994, Bob Young
fondait la société Red Hat.
En juin 1996, la sortie de Linux 2.0, un système
compatible avec les Unix BSD et System V, donne pour la première fois à
penser que le monde Unix s'est trouvé un nouveau fer de lance. Linux possède
en outre la particularité d'avoir été codé à
partir de zéro, même s'il reprend les principes d'Unix : il s'agit
d'un clone et non d'une adaptation sur base existante. Nous en sommes aujourd'hui
à la version 2.6, sortie en décembre 2003.
En résumé, les trois principales
familles de systèmes Unix sont :
- les BSD et ses dérivés (FreeBSD, OpenBSD...);
- les Unix System V (dont l'éditeur américain SCO, qui les tenait
de Novell, qui lui-même les tenait du propriétaire initial AT&T,
est l'actuel possesseur des droits - et le fait d'ailleurs savoir par ses revendications)
et ses dérivés (HP-UX, AIX) ;
- les "hybrides" comme Solaris (d'abord basé sur BSD, maintenant
plus proche de System V) et Linux (un cas particulier, plutôt proche de
System V mais compatible BSD).
The Unix Hater Handbook
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Unix
(dans la plupart de ses versions) dipose d'une
excellente réputation dans le milieu informatique
technique, mais a aussi ses détracteurs.
Les curieux pourront consulter le fameux Unix
Hater Handbook, disponible en PDF en
téléchargement gratuit, écrit
au début des années 90 par un professeur
de l'université de Stanford qui a, peu
après, été embauché
par... Microsoft ! Dans ce livre (360 pages tout
de même !) est dressé, avec un certain
humour pour les uns, une certaine mauvaise fois
pour les autres, un examen exhaustif de tous les
problèmes et défauts du système
inventé par Thompson & Ritchie, examen
qu'on se gardera bien, toutefois, de prendre au
premier degré.
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