L'outsourcing offshore soulève depuis quelques
temps des questions auxquelles il est difficile de répondre en se fondant
sur des raisonnements par analogie ou en généralisant une pratique
qui connaît pourtant de nombreuses variantes.
Ainsi, le point de vue exprimé par Me Isabelle
Renard "Offshore ou not offshore : une question vieille comme le monde, ou
presque..." [NDLR:
publiée dans notre édition du 4 février] nous invite
à apporter quelques rapides précisions.
L'offshore
n'est pas une opération destructrice d'emploi
Les projets offshore sont des projets qui de toute façon n'auraient
pas été faits en France à cause du coût trop élevé.
L'offshore, et notamment l'offshore programming,
propose donc des solutions viables afin de mener à bien des projets qui
sans son existence seraient ignorés.
Il faut garder à l'esprit que l'offshore
n'a pas pour objectif premier de gagner toujours plus d'argent mais avant tout
pour faire des économies. En période
de crise la nuance est subtile mais a son importance.
D'ailleurs, Me Isabelle Renard indique elle-même
que "L'exercice de ce contrôle impose que le client maintienne en interne
des personnes compétentes qui connaissent bien les fonctions externalisées,
qui maîtrisent parfaitement la communication avec des équipes de
langue et de culture différentes, et qui peuvent le cas échéant
se déplacer".
L'offshore crée des emplois avec de
nouveaux types de postes à haute valeur ajoutée : c'est un fait
que même ses opposants constatent !
Le contrôle d'une relation offshore est
coûteux ... mais par rapport à quoi ?
Précisons d'ores et déjà
que le contrôle d'une prestation externalisée en France l'est tout
autant ! Le vrai calcul réside dans
la totalité du coût du projet incluant les personnes en France. Une
étude de Mc Kinsey ("Offshore : is it a win win game ?"), citée d'ailleurs
dans le International Herald Tribune, ainsi qu'un article d'Andy Mc Cue sur Silicon.com,
précisant que si l'offshore "coûtera au Royaume-Uni 5.7 milliards de livres et
250 000 emplois d'ici 2010", le non recours à l'offshore coûterait-lui, 34 milliards
de livres (!) montrent que la solution de l'offshore est bien un jeu gagnant-gagnant.
En réalité les économies globales
vont de 30 à 60% selon les cas. Donc rien à voir avec les 50 à
80% systématiques proposées par des sociétés Indiennes
ou Roumaines. De plus l'offshore permet de
mettre en avant une systématisation des process qui s'inscrit dans
une démarche qualité.
La vraie comparaison à faire est : développement
en Régie et développement au forfait. L'offshore n'est qu'une conséquence
du passage de la régie au forfait. La
maîtrise des coûts dépend de ce choix.
La protection du savoir-faire et de la propriété
intellectuelle existe bel et bien
Tout dépend des accords juridiques et
conventions pouvant exister entre les pays. L'exemple
de la Russie est particulièrement frappant. La loi russe sur la protection
des programmes informatiques et sur les bases de données est très
contraignante.
De surcroît, si, comme le laisse sous entendre
Me Isabelle Renard, on craint que la juridiction nationale soit peu encline à
condamner ce type de pratique les parties peuvent toujours, dans le cadre du contrat
les liant, convenir d'un mode alternatif de règlement des litiges, type
arbitrage, qui permettra à l'une et à l'autre de voir leur différent
examiné par un tiers neutre.
De plus, dans le peu de projets réellement
offshore en France, pour un besoin français, quasiment aucun contrat n'est
signé avec une entité autre que française.
Le risque pour le client est très réduit
S'il est légitime de s'interroger
sur les risques permanent lorsque l'on se livre à une activité commerciale
quelle qu'elle soit, la vraie question est
: quel est l'intérêt d'un prestataire offshore à ne pas satisfaire
ses clients occidentaux qui sont pour lui son avenir ?
Si la crainte est l'impunité de la société
étrangère en cas de litige, il appartient aux parties d'anticiper
et de prévoir contractuellement une solution à toute difficulté
qui pourrait survenir (cf supra sur l'arbitrage ou les modes alternatifs de litige).
Le plus simple et le plus efficace est encore d'avoir
recours à des sociétés françaises qui prennent la
responsabilité de rentrer en contact avec des sociétés étrangères.
De toute façon, les prestations sont payées
en général à la livraison et à la recette de l'application.
Donc le risque pour le client est très réduit, et il s'agit uniquement
de temps.
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