Société en charge de la commercialisation
et de la gestion des noms domaines généraux (.net, .com. et .org),
Verisign s'est lancé en début de semaine dernière dans un procès
ciblant son autorité juridique de tutelle : l'ICANN (pour Internet
Corporation for Assigned Names and Number) - qui, rappelons-le, a pour but de
réguler l'attribution des domaines sur Internet.
Dans une plainte déposée devant la cour générale de
Californie, Verisign accuse l'ICANN de l'empêcher de mettre en oeuvre
certains services... au premier rang desquels figure le fameux dispositif de redirection
d'URL erroné qu'il avait tenté d'initier en septembre dernier (voir
l'article).
Nom de code : SiteMinder
Un
service condamné par les internautes
Le système en question qui n'est resté
en production que quelques jours pointait vers un moteur de recherche, déployé
sur le site de Verisign, où des liens sponsorisés étaient proposés aux internautes
étourdis. Perturbant la lutte contre le spam et la confidentialité des échanges
par courriel, le dispositif n'avait pas tardé à engendrer de nombreuses
réactions hostiles.
Face
à cette levée de boucliers, l'ICANN avait fini prendre des mesures
radicales. L'organisme était allé jusqu'à menacer la société
de poursuites judiciaires pour l'obliger à mettre fin à SiteMinder.
Raison invoquée : le non-respect du code de conduite de l'ICANN, ainsi
que la violation de plusieurs clauses du contrat autorisant Verisign à gérer les
noms de domaine génériques au plan mondial - touchant notamment
à l'obligation de garantir la neutralité et l'impartialité au niveau des services
délivrés (voir l'article).
La contre-attaque de Verisign
En quelques mois, l'ICANN serait passé
du statut d'un organe de coordination technique modeste à celui "de régulateur
de facto du système mondial de gestion des noms de domaine", s'insurge Verisign
dans son plaidoyer. Selon le prestataire, l'ICANN profiterait dès lors de sa position
dominante dans ce domaine pour imposer des conditions abusives aux gestionnaires
domaines (ou registrar), en n'hésitant pas dans certains cas à
bloquer tout bonnement le développement de certaines activités.
Partant de l'exemple de SiteMinder, la plainte de Verisign évoque également son
système de liste d'attente, qui avait pour but de permettre la réservation d'adresses
Web en attendant leur expiration, ou encore ses projets visant à mettre en oeuvre
de nouveaux domaines internationaux. Tous ces services auraient également fait
les frais de cette situation... L'ICANN ayant opposé son veto à leur mis en production.
Quel enseignement tirer de ce conflit ? Il
met en valeur deux intérêts antagonistes : celui de Verisign qui, à la manière
de toute entreprise, se doit de répondre à des besoins économiques de croissance...
Contre celui de l'ICANN, organisme à but non lucratif dont la vocation est avant
tout de prendre la défense des utilisateurs. Deux types d'acteurs qui devront
apprendre à collaborer, chacun ayant son mot à dire dans l'élaboration
de l'Internet moderne.
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