Tout responsable technique d'un site Web a du faire l'un ou
l'autre (ou plusieurs !) de ces choix. Mais s'ils reviennent
régulièrement, ils demeurent difficiles à chaque fois.
Nous avons choisi, aux travers des témoignages recueillis
depuis un an auprès des directeurs techniques des plus
grands sites Web français, de nous pencher sur cinq décisions-clés
qui nous paraissent les plus essentielles.
1)
Le choix du SGBD
Dans ce domaine, Oracle peut se réjouir (voir
notre article). Pour le DT de Priceminister.fr, Justin
Ziegler, ce SGBD "a été choisi car il se trouvait
être le plus adapté en termes d'optimisation de requêtes et
dans la gestion des grosses bases de données".
D'une manière générale, la maîtrise de
l'outil et la gestion de la montée en charge sont les facteurs
déterminants dans le choix d'une solution, le coût
et la simplicité d'utilisation étant des critères secondaires.
Pour Denis
Mennesson, responsable du site Ldlc.fr, c'est "SQL Server
[qui] s'inscrit dans l'esprit de la société, à savoir la croissance
continue".
A coté de ces produits phares, MySQL
ou PostgreSQL sont moins utilisés. Chez Meetic, Emmanuel
Prevost, le directeur informatique, précise que
le SGBD Open Source, utilisé conjointement avec Oracle,
bénéficie aux "applications de chat pour lequel
ce système suffit largement".
Côté intégration, les mélanges
sont de rigueur. Par exemple, le DT de Chapitre.com, Jean
Michel Bertelier, a choisi une plate-forme Windows Server
2000 / IIS / ASP avec le SGBD Oracle 9i.
L'hébergement
et le paiement sécurisé sont souvent confiés
à un tiers alors que les développements
sont plutôt réalisés en interne. |
2) Le choix de l'hébergement
Interne ou externe ? Ariel
Cochard (M6web), évoque l'intérêt à confier l'hébergement
à un tiers, davantage apte à "optimiser la plate-forme en
termes de stabilité et de sécurité des applications sur certains
projets". Même son de cloche chez PriceMinister où
Justin Ziegler, responsable du site, préfère "un système de
location évolutive où le prestataire s'occupe de la gestion
des montées en charge et adapte le matériel aux besoins".
Si l'infogérance est le modèle le plus répandu - plus de
trois directeurs techniques sur quatre interrogés y
ont recours - la gestion interne n'est pas écartée dans des
contextes bien précis. Par exemple, le site Voyages-sncf "devait
être interfacé avec le système informatique Résarail existant
permettant de mettre à disposition des internautes une partie
des informations du réseau interne", indique Jérôme
Bourreau, le directeur informatique. Phuong
Luong (Télémarket) insiste sur le fait que
"la disponibilité et la réactivité des ressources est
en effet plus importante en interne que dans le cadre d'un
contrat d'hébergement, sauf à payer un surcoût important".
3) Le choix du langage de développement
Du coté des langages utilisés, il n'y a
pas vraiment de règles. Si Java a conquis Justin Ziegler
(PriceMinister) pour "sa simplicité, son évolutivité
et sa portabilité", Patrice
Melekian (Allociné) et Denis Mennesson (Ldlc) notamment,
se sont tournés vers l'ASP pour des raisons historiques
et techniques. Parmi les autres langages de programmations,
le choix de PHP s'explique par "sa rapidité de codage
[qui] autorise toute latitude pour suivre les évolutions commerciales
et marketing", selon le directeur technique de Houra.fr,
Philippe-Emmanuel
Dufour.
Plus originale, la démarche de Yannick
Simon (Rueducommerce) qui utilise toujours le langage
de la première version de son site à savoir
Coldfusion car "il répond encore aujourd'hui à des besoins
de stabilité et d'interopérabilité avec d'autres langages
de type ASP ou Java".
4) Le choix de l'interface de publication
Pour Stéphane.
Allaire (eTF1), le versioning de pages Internet, passe
par le produit Vignette qui "présente pour principal
avantage de générer dynamiquement un contenu statique stockable
ensuite dans un cache". Ce qui n'est pas le cas pour
la majorité des directeurs techniques, où la
gestion de contenu est souvent un outil "fait main".
Yves
Languepin (Chateau online), explique ce désintérêt
pour les outils de versioning de la manière suivante
: ils "présentent tous des carences importantes au regard
de notre problématique métier et se révèlent également d'une
grande rigidité ce qui, au final, les rend difficiles et donc
coûteux à adapter fonctionnellement". Un problème
soulevé également par Yannick Simon (Rueducommerce)
ou Denis Mennesson (Ldlc).
Concernant les moteurs de recherche, les avis divergent également,
la majorité des directeurs techniques préférant
encore une solution interne. Patrice Melekian (Allocine.fr),
lui, a choisi une solution packagée : Intuition de
Sinequa, qui "remplace avantageusement les requêtes SQL
plein texte". Jean Michel Bertelier (Chapitre.com) a
préféré l'offre interMedia d'Oracle car
il s'agit "d'une solution globale incluant directement
un moteur de recherche", tandis que Pascal
Fénard (Auchandirect) a opté pour Lucene,
une solution open source.
5) Le choix (ou non) de l'Open Source
Un choix souvent, voire très souvent opéré
! Notamment le système d'exploitation Linux, jugé par Stéphane
Allaire (eTF1), comme "probant suite à des tests de montée
en charge" et "séduisant de par le caractère gratuit de ces
briques". Le choix d'une solution open source est également
présent au niveau des SGBD avec MySQL et PostGreSQL
comme nous le citions précédemment.
Dans le choix d'une solution Open Source, le coût n'est pas
le seul facteur cité : Yves Languepin (Château
Online) met en avant la sécurité, critère
que Jérôme Bourreau (Voyages-Sncf) souligne aussi
en déclarant "les échanges de données cryptées
se font via l'Open Source sur le site", tandis que Yannick
Simon (Rueducommerce) insiste sur la stabilité. Chez Meetic,
l'Open Source "permet d'accélérer le développement d'applications
spécifiques en réutilisant un noyau ou une partie de
code Open Source", selon Emmanuel Prevost.
Malgré tout, plusieurs directeurs techniques hésitent encore
à multiplier les solutions Open Source. Pascal Fénard (Auchandirect)
rappelle que "l'installation de composants Open Source est
un peu prématurée pour des éléments clés métier en raison
du manque de maturité de ces solutions par rapport aux besoins
de pérennité actuels".
Et aussi...
A coté du foisonnement de développements
internes, le recours à des solutions packagées
se cantonne à des domaines bien précis. Par
exemple, les solutions de la société Witbe,
les services d'administration de Colt, Cybermétrie
ou l'outil de monitoring SiteScope sont fréquemment
employés lorsqu'il s'agit de supervision.
Le point clé de la sécurisation du paiement en ligne est
souvent confié aux banques ou à Atos par le
biais de sa solution SIPS puisqu'elle permet "de ne pas
stocker des numéros de carte bancaires et de garder
indépendante la plate-forme de gestion des commandes
et le système de paiement", déclare Yannick Simon
(Rueducommerce). "Les échanges de numéros
de transaction se font par le biais du protocole SSL et c'est
Atos qui dialogue avec les systèmes bancaires",
précise enfin Justin Ziegler (PriceMinister).
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