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ACTEURS |
Ernst & Young condamné pour trop grande proximité avec PeopleSoft |
Le cabinet d'audit s'est vu interdire tout nouveau contrat d'audit pendant six mois et infliger une amende de 1,7 million de dollars pour avoir entretenu des relations commerciales avec l'éditeur alors qu'il était en charge de l'audit de ses comptes.
(20/04/2004) |
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Le cabinet d'audit Ernst & Young, numéro trois mondial, vient de se faire condamner
par un tribunal administratif américain à une interdiction d'accepter
tout nouveau client pendant six mois. En prime, une amende de 1,7 million de dollars
- plus les intérêts - lui a été infligée, selon le Wall Street
Journal.
Ernst & Young se voit en effet reprocher dans ce dossier de n'avoir pas respecté
les règles d'indépendance de l'audit des sociétés
cotées. De 1993 à 2000, un contrat de développement et de promotion d'un
logiciel aurait été signé par le cabinet avec l'éditeur
PeopleSoft, alors que les comptes de ce dernier étaient audités
par Ernst & Young.
A
l'origine de la plainte, le gendarme de la bourse outre-Atlantique : la SEC (Securities
and Exchange Commission), qui a estimé que les relations entre les deux
sociétés ne pouvaient permettre un audit objectif des comptes de
PeopleSoft par le cabinet. "La mauvaise conduite de Ernst & Young a été
flagrante... Rien ne montre dans ce dossier qu'Ernst & Young a la volonté
d'accepter les règles d'indépendance de l'audit applicables dans
les relations professionnelles avec ce type de clients", a déclaré
la juge administrative Brenda Murray, citée par l'agence Reuters.
Le cabinet Ernst & Young a déclaré, quant à lui, qu'il n'avait
pas l'intention de faire appel de cette décision, qu'il estimait que son
comportement avait été approprié et qu'il avait respecté les normes de son secteur
d'activités. En tout état de cause, un consultant indépendant,
envoyé par la SEC, a été imposé au cabinet pour "prévenir
toute violation future de l'indépendance de l'auditeur"
Ernst & Young a par ailleurs ajouté : "Même si cette décision
nous empêchera d'accepter les audits de sociétés cotées
pendant les six prochains mois, elle ne détériorera pas notre capacité
à servir les sociétés cotées qui sont actuellement
nos clientes et ne nous empêchera pas d'accepter de nouveaux audits de sociétés
non cotées ou des missions autres que l'audit venant de sociétés
cotées que nous n'auditons pas", selon Reuters. Mais cette décision
pourrait peser, selon certains analystes, sur les résultats futurs du cabinet
en raison de l'impact sur sa réputation.
Ernst & Young fait partie des "Big Four" au plan mondial (avec PricewaterhouseCoopers,
KPMG et Deloitte & Touche). Cette condamnation met en exergue la fébrilité
des autorités américaines - mais aussi leur plus grande sévérité
- suite notamment au naufrage d'Enron - géant américain du courtage en énergie
- qui avait emporté avec lui le cabinet Arthur Andersen en 2002. |
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