830 000 emplois menacés d'ici 2005 par le mouvement offshore
aux USA et plus de 3 millions d'ici 2015. C'est bien plus que le cabinet Forrester
Research avait prévu dans une première étude publiée sur le thème en 2002.
L'une des raisons de cette augmentation ? La publicité faite à cette
première étude. Ironiquement, John McCarthy, auteur du rapport écrit "tandis que
la mobilisation des médias contre l'apparition du phénomène offshore s'est faite
plus forte, elle a également informé certaines entreprises de la tendance et a
stimulé les initiatives". Le phénomène est d'actualité aux Etats Unis, à
tel point que "dans la Silicon Valley, les sociétés de capital-risque estiment
qu'il est mieux vu d'avoir un 'offshore plan' qu'un 'business plan' ", ajoute
le consultant.
Au
delà de la publicité faite à l'étude, d'autres raisons sont citées
par le cabinet : l'élargissement des offres et services proposés par les sociétés
indiennes, l'augmentation des opérations par les entreprises dans des pays aux
salaires plus faibles, l'installation d'équipements (call center notamment) à
l'étranger pour effectuer des traitements à faible valeur ajoutée.
La pression de la concurrence a également mené des compagnies américaines
comme IBM et Accenture à augmenter les opérations réalisées en Inde, en Chine
et aux Philippines, "ces deux sociétés ont prévu à elles seules
de délocaliser près de 9 000 emplois en Inde d'ici la fin 2005," précise le rapport.
Aux Etats Unis, le débat sur le mouvement offshore fait rage au coeur de la
campagne présidentielle. Les partisans du mouvement soutiennent qu'il favorise
la compétitivité des entreprises et qu'il crée des emplois à long terme. Les adversaires
affirment en revanche qu'il met en péril le leadership des Etats-Unis en matière
de technologie et d'innovation et est facteur de chômage. Ils réclament une législation
pour le limiter.
L'étude du cabinet Forrester Research prévoit que de nouveaux secteurs comme
l'électronique ou l'industrie manufacturière seront les prochains touchés
par le mouvement de délocalisation. Et que l'Inde devra faire face à de nouveaux
concurrents tels que le Vietnam, l'Afrique du Nord et le Belarus
Pour relativiser l'importance du phénomène, l'étude de Forrester note cependant
que l'offshore représente moins de 7% des emplois dans les catégories couvertes
par l'étude (gestion, informatique, juridique). Néanmoins, selon l'IEEE (Institute
of Electrical and Electronics Engineers), ce chiffre serait équivalent au taux
de chômage du secteur : 7% également (lire l'article
du 01/04/2004).
En France, le mouvement offshore est bien plus marginal et le débat moins virulent
qu'aux Etats-Unis. Interrogé fin avril sur le thème de délocalisation dans le
secteur des technologies de l'information, Jean Mounet, Président du Syntec, précisait
dans une interview accordée à " La Vie Financière " que "si le secteur ne
devrait pas y échapper, ce phénomène ne touche que 1% du marché français environ".
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