ACTEURS
Pierre Haren, de la recherche à l'entreprise internationale
L'aventure du PDG-fondateur d'Ilog débute à l'INRIA. Avec une équipe de chercheurs, il y met au point l'un des tous premiers systèmes portables, bien avant la naissance de Java. Aujourd'hui, sa société fait partie des deux ou trois grandes réussites du secteur logiciel français.  (01/07/2004)
HIGH TECH

 Ces français d'influence
Aux côtés de Bernard Liautaud et de Bernard Charlès, respectivement patrons de Business Objects et de Dassault Systèmes, Pierre Haren est considéré comme l'un des dirigeants français les plus influents sur le front de l'édition logicielle.

Diplômé de Polytechnique et des Ponts et chaussés, il débute sa carrière au Ministère français de la mer comme fonctionnaire en charge de l'attribution des crédits à la recherche. Il y contribuera à impulser la création de l'Ifremer en n'hésitant pas à payer de sa personne puisqu'il va jusqu'à tester lui-même, en plongée sous-marine, certains matériels scientifiques.

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Ilog
Un doctorat passé au MIT le conduit quelques années plus tard - en 1983 - à rejoindre l'INRIA pour y prendre les rênes d'un projet de système expert. C'est au sein de l'organisme scientifique public que sont jetées les bases technologiques de l'offre de sa future société.

Vingt ans après, le petit projet est devenu grand. Pierre Haren est à la tête d'Ilog, une entreprise autonome de 600 salariés pesant 92,2 millions de dollars de chiffre d'affaires, et présent dans huit pays (France, Angleterre, Allemagne, Espagne, Grande Bretagne, Japon, Singapour et Chine). L'ancien fonctionnaire voyage partout dans le monde pour gérer ses activités, et rencontre entre quarante et cinquante DSI chaque année.

Il est également très actif au sein de divers organismes de partage de connaissances, comme FutuRIS ou encore le Syntec, et a par ailleurs été l'un des principaux animateurs du club de dirigeants high tech Croissance plus, aujourd'hui dirigé par Christian Poyau, le patron de la SSII Micropole-Univers.

"La France présente quelques belles réussites sur le plan des nouvelles technologies, note Pierre Haren, mais malgré le dynamisme du secteur logiciel, ce qui frappe aujourd'hui, c'est la baisse de l'appétence des grands groupes français pour l'investissement en matière d'innovation informatique."

Et d'expliquer : "c'est une particularité française de penser que l'innovation est néfaste car synonyme de réduction d'emplois. Cette vision n'est pas partagée aux Etats-Unis." En contrepartie, l'homme est résolument opposé aux brevets logiciels en Europe.

Pierre Haren pointe notamment la faiblesse relative de l'activité française en matière de recherche et développement. "L'enveloppe allouée par l'état au secteur informatique représente environ 10% du budget de la recherche nationale, contre 40% pour les biotechnologies par exemple."

Vers la naissance d'un groupe mondial

Petit retour en arrière : spin-off de l'INRIA, Ilog voit le jour en 1987 sous l'impulsion de l'intéressé qui n'a alors que 33 ans. Mais l'éditeur ne prend sa liberté financière que progressivement, au fil des années et de l'entrée de nouveaux investisseurs dans son capital. En 1996, la société prend définitivement son envol : Pierre Haren, alors directeur général, prend la présidence d'Ilog au détriment du président de l'INRIA, pour en devenir le PDG - double fonction qu'il occupe encore aujourd'hui.

L'idée initiale était de créer un système expert qui, à la différence des applicatifs de l'époque, soit indépendant de l'infrastructure matérielle et, par conséquent, "portable" d'une machine à l'autre. "Cette idée m'est venue dès 1983 en observant les capacités du langage objets LISP, bien avant la création du Java", se rappelle Pierre Haren.

Le projet de l'INRIA aurait d'ailleurs très probablement influencé l'initiative de Sun. "Bill Joy, co-fondateur de Sun, est venu visiter notre centre de R&D à l'INRIA, confirme le PDG d'Ilog, il est probable qu'il ait parlé de nos recherches avec ses ingénieurs."

C'est sur cette base qu'Ilog développe les principales compétences technologiques qu'on lui connaît : des outils graphiques orientés objet, des moteurs de règles, des composants d'optimisation combinatoire... Ces solutions sont exploitées notamment pour planifier des flux logistiques complexes comme ceux des réseaux ferroviaires. Présentes sur le marché international et non seulement le marché français, elles ont fait d'Ilog un acteur majeur de l'industrie informatique, malgré la spécificité de ses produits.

En tant que manager, Pierre Haren adopte des méthodes pragmatiques et décentralisées : "pour gérer les évolutions, nous stimulons la compétition interne en donnant à nos employés les moyens de créer des outils plus performants et moins chers". Résultat: au fil du temps, le socle de programmation a beaucoup évolué, l'entreprise s'adaptant aux évolutions du marché.

Prudent, il a su faire évoluer Ilog sans brûler les étapes, même s'il avouait, en 1999, dans Courrier Anvar, "Si Ilog était une entreprise américaine, nous aurions fait les choses plus simplement... et peut-être moins dans la douleur !".

Pierre Haren a su mener sa barque et faire d'Ilog une réussite française emblématique, mais surtout, il est devenu une personnalité respectée de l'industrie informatique, souvent sollicitée pour ses réflexions sur le marché du logiciel et sur la création d'entreprises technologiques.

La semaine prochaine : Bernard Lang

 
 
Antoine CROCHET-DAMAIS, JDN Solutions
 
 
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