Offre insolite que celle du deuxième assembleur
de micro-ordinateurs au monde, Hewlett-Packard. En collaboration avec
MandrakeSoft, éditeur français de distributions Linux orientées poste-client
et serveur, il révélait en juin dernier un nouveau concept
pour réduire la fracture numérique : l'ordinateur 441.
En achetant cette machine, le client dispose d'une seule
unité centrale mais de quatre écrans, claviers et souris, ainsi
que d'une version spécifique de MandrakeLinux. Partant du constat
simple qu'à l'heure actuelle les ordinateurs de bureau atteignent
une telle puissance de calcul qu'elle est bien souvent sous
exploitée dans un usage purement bureautique ou professionnel,
les ingénieurs d'HP ont souhaité diviser les ressources machines
d'un PC entre plusieurs utilisateurs.
L'avantage
direct pour le client, c'est un parc informatique moins coûteux,
aussi bien au moment de l'achat que lors de l'entretien. A l'achat
d'abord, les machines étant vendues autour de 1 300 euros pour
4 utilisateurs, soit 325 euros par poste, hors réductions éventuelles.
A l'entretien ensuite, HP estimant la réduction des frais
de maintenance de l'ordre de 65% par rapport à quatre postes
de travail. Par contre, ce type de configuration augmente l'impact
d'une panne matérielle en conséquence.
"C'est un projet qui remonte à deux ans, initié par HP. Comme
nous avons déjà eu l'occasion de travailler ensemble sur du
matériel OEM [NDLR : fourni sans emballage et vendu en conséquence
moins cher], la collaboration s'est faite naturellement",
précise Gaël Duval, co-fondateur de MandrakeSoft. L'éditeur
français avait par ailleurs d'autres atouts pour s'adapter
au concept d'HP.
En premier lieu, Linux est un système multi-utilisateurs,
il n'y avait donc que peu de modifications à apporter au système
pour qu'il gère la séparation en quatre. "En fait il s'agissait
simplement d'intégrer le support de quatre claviers en même
temps, une fonction qui n'est pas présente à la base dans
le noyau Linux", ajoute Gaël Duval.
Le
produit, encore au stade pilote, intéresse déjà
d'autres pays d'Afrique |
Autre avantage de l'OS libre : il est bien moins gourmant
en ressources que Windows XP et plus complet que Windows 98,
laissant davantage de puissance de calcul pour le travail
proprement dit. Comme Linux bénéficie d'une forte popularité
dans les pays émergents - du fait de son faible coût et de
sa modularité - il est aussi plus facile pour HP d'en faire
la promotion. De plus, puisque le produit s'adresse aux écoles,
le choix de la distribution Mandrake n'est pas un hasard,
cette dernière étant réputée comme l'une des plus conviviales.
"Nous avons déjà travaillé sur des projets éducatifs. En
juin 2004, nous avons sorti des packs éducatifs libres",
note M. Duval. L'offre comprenait un ensemble de 44 logiciels
couvrant les besoins essentiels d'un professeur, à savoir
la navigation Web, une suite bureautique et des documents
de cours. Le 441 d'HP intègrera quant à lui 70 applications orientées
éducation dont la suite OpenOffice.
L'ordinateur sera fourni avec des processeurs Intel de type
Celeron ou Pentium 4, un minimum de 512 Mégaoctets en mémoire
vive, un disque dur de 40 Gigaoctets, quatre cartes graphiques
spécialisées et un lecteur de CD-Rom. Mais alors que l'offre
commence à intéresser d'autres pays d'Afrique, HP n'a pas
prévu un déploiement en volume avant la fin de l'année. Cependant,
l'assembleur déclare être en cours de négociations avec les
organisations panafricaines pour élargir son produit à d'autres
marchés que l'Afrique du Sud.
Si la version Linux semble la plus logique, HP se dit tout
de même prêt à discuter d'une offre équivalente avec Microsoft.
Seul bémol à cette offre, l'élargissement à l'Europe ou à l'Amérique
du nord n'est pas envisagé à l'heure actuelle. Dommage, car
le produit prometteur aurait pu intéresser les administrations,
collectivités locales et même les entreprises ou l'industrie.
Quand à HP, il confirme sa prise de position en faveur
du poste client sous Linux, un OS qu'il a déjà
associé à ses machines en Chine.
|