ACTEURS
Daniel Dardailler, homme politique du Web en Europe
Le président Europe du W3C s'inscrit dans un mouvement de fond visant à aboutir à un consensus mondial autour des technologies Web. Un processus qui a pour but de répondre à la fois aux problématiques industrielles, gouvernementales et sociales.  (05/08/2004)
HIGH TECH

 Ces français d'influence
Chercheur dans l'âme, Daniel Dardailler n'est pas devenu directeur Europe du W3C par hasard. Titulaire d'un doctorat en informatique graphique portant sur la typographie digitale, alors sous la direction de Gilles Kahn, il débute sa carrière au centre de recherche Bull, devenu depuis le GIE Bull/INRIA (Sophia-Antipolis), où il travaille à partir de 1986 sur un projet de génie logiciel d'informatique graphique.

En 1990, ce père de trois enfants décide avec sa femme de partir pour vivre aux Etats-Unis. Une initiative qui l'amène à entrer à l'Open Software Foundation (rebaptisé depuis l'Open Group) où il collabore au chantier de Posix - qui visait à la convergence des systèmes Unix proposés à l'époque par IBM et HP. "Une norme industrielle s'est imposée depuis dans le monde Unix", lance fièrement Daniel Dardailler.

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W3C
Le travail autour de Posix amène tout naturellement Daniel Dardailler à s'intéresser au consortium X Window, et à son projet d'interface graphique Unix. Une organisation qu'il finit par rejoindre en 1994. Il y rencontre Jean-François Abramatic, qui deviendra quelques années plus tard président du W3C (pour World Wide Web Consortium). Participant aux tests du tout premier navigateur Web (Mosaïc), le X Window fait partie avec le CERN et le MIT des centres de recherche à l'origine du célébre organisme.

Après 6 ans passés aux Etats-Unis, Daniel Dardailler décide de rentrer en France. En lien avec Jean-François Abramatic, il est alors l'un des principaux acteurs de la création du pôle européen du W3C en 1996. Une antenne qui est hébergé par l'INRIA, avant de s'inscrire à partir de 2002 dans le réseau des centres de recherche de l'ERCIN (pour European Research Consortium for Informatics and Mathematics). Quelques mois après, Daniel Dardailler prend la tête du W3C Europe.

En février 1997, il participe au lancement de la Web Accessibility Initiative (WAI). Un groupe de travail centré comme son nom l'indique sur l'accessibilité des sites Web - notamment pour les personnes mal-voyantes. Un sujet qui lui tient particulièrement à coeur. "J'étais déjà spécialiste de cette question au sein du X Window", reconnaît-il. En tant que responsable de la branche européenne du W3C, Daniel Dardailler est aussi amené à collaborer à la mise en œuvre des grands axes d'intervention du consortium définis dans les années qui suivent, du Web sémantique aux Web Services.

"Ma mission consiste à diffuser un message politique"
"80% de ma mission consiste à diffuser un message politique pour expliquer aux acteurs industriels ainsi qu'aux gouvernements en quoi les technologies Web peuvent les aider, notamment autour de la gestion et de la diffusion des contenus", indique t-il. Lors de ces présentations, Daniel Dardailler aborde tous les problèmes éthiques et juridiques que peuvent poser les solutions Web, la question de la confidentialité des utilisateurs par exemple.

L'action de lobbying menée par le responsable a notamment pour but de recruter des soutiens financiers au sein du monde industriel. Des intervenants qui s'impliquent également dans les groupes de travail. "C'est l'industrie qui fait nos standards, et c'est aussi parce que nous sommes représentatifs de l'industrie que nous parvenons ensuite à obtenir des subventions publiques, dont françaises pour une partie d'entre-elles", lance Daniel Dardailler.

"Ces fonds qui représentent environ 1/3 de nos budgets assurent en retour une certaine indépendance au W3C vis-à-vis du secteur privé. Ce qui nous permet de développer des initiatives sociales telles que la WAI, et plus largement d'adopter un rôle d'arbitre entre les intérêts des pouvoirs en présence [publics et privés]."

Le reste de son temps le directeur Europe du W3C le consacre à la coordination des activités de développement dont il a la charge, le projet WAI principalement. "Un chantier qui est soutenu par l'Union Européenne, mais qu'il n'est pas toujours facile de promouvoir politiquement dans le temps", tient à préciser Daniel Dardailler. Raison invoquée : une Europe sociale encore à la traîne.

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Daniel Dardailler est en contact avec ses homologues basés aux Etats-Unis, en Australie, à Hong-Kong et au Japon par la bais d'outils de travail collaboratif, de messagerie instantanée et de visioconférence. "Je suis également amené à me déplacer pour rencontrer ces acteurs car les rapports de visu restent indispensables pour aboutir au consensus que nous recherchons", ajoute Daniel Dardailler, avant de conclure : "pour nous, l'essentiel n'est pas l'argent, mais bien de vivre notre passion pour l'Internet et d'appliquer jusqu'au bout l'idéal d'ouverture à l'origine du réseau".

Le précédent portrait : Bernard Bourigeaud :: La semaine prochaine : Jacques Sauret

 
 
Antoine CROCHET-DAMAIS, JDN Solutions
 
 
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