La technologie de lutte contre le spam Sender-ID fait aujourd'hui
l'objet d'une lutte juridique entre la communauté open source
et son propriétaire, Microsoft. Encore à l'état de prototypes,
les licences Sender-ID proposées par Microsoft se trouvent être
incompatibles avec les serveurs de messagerie sous licence GPL
(General Public Licence), le modèle de licence des logiciels
libres.
L'origine du contentieux remonte à la création de cette technologie.
A l'origine du Sender-ID, deux solutions techniques distinctes
ont été fusionnées ; la première, Caller-ID était mise au
point par Microsoft en février dernier ; la seconde, le Sender
Policy Framework (SPF) inventée par Meng Weng Wong est plus
populaire auprès des serveurs open source comme Sendmail ou
Postfix mais rentre dans le giron de Steve Ballmer en juin
pour donner naissance au Sender-ID.
Souhaitant
généraliser au maximum Sender-ID, Microsoft le présente à
l'organisme chargé de la standardisation des technologies
Internet, l'IETF. Mais c'est à ce niveau que tout bascule,
la standardisation impliquant l'ouverture d'une technologie
au plus grand nombre, la licence du Caller-ID et par conséquent
de Sender-ID, doit s'ouvrir au maximum. Commence alors une
période de discussion où le premier éditeur mondial de logiciels
réalise quelques concessions à la communauté open source.
La licence originale du Caller-ID ne prévoyait pas la possibilité
pour un tiers de réaliser de développement conjoint autour
de Caller-ID couplé avec des logiciels d'un autre éditeur,
sans que l'éditeur en question ne demande des autorisations
de licences. Une restriction incompatible avec les licences
du logiciel libre et qui ont été supprimés dans les licences
Sender-ID.
Mais d'autres points de droits demeurent litigieux notamment
sur les clauses de distribution qui prévoit des cas où le
code source est dit non transférable ou non licenciable. Des
clauses qui selon Microsoft ne seraient pas incompatibles
avec les licences Sendmail, Qmail ou Postfix et qui ne sont
pas remises en cause. La technologie Sender-ID a également
fait l'objet d'une demande de brevet par le géant américain
qui entend y justifier son investissement en recherche et
développement.
Une attitude qui se veut à la fois ouverte et protectionniste
et qui correspond au double enjeu que s'est fixé l'éditeur.
La normalisation IETF lui permettrait de s'assurer d'un large
déploiement de Sender-ID tandis qu'en faisant jouer sa propriété
intellectuelle le géant américain garde la main sur l'évolution
de son produit.
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