TRIBUNE 
PAR ANTOINE LONJON
Modélisation des processus métiers et standardisation
Deuxième volet de cet état des lieux sur les travaux de standardisation de la modélisation des processus métiers.  (17/09/2004)
 
Product Manager chez Mega International, et contributeur du site BPMS.info
 
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BPMS.info
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XPDL, BPML, BPEL
Ces langages de modélisation de processus sont des langages dédiés à l’exécution de processus. Ils ne sont généralement pas utilisés directement dans les phases de conceptions. Exprimés dans une syntaxe XML, ils disposent ainsi d’un format d’échange natif. Aucun d’entre eux ne propose une notation graphique standardisée. Par définition, ils n’ont pas vocation à couvrir les niveaux d’analyse des chaînes de valeur et de l’organisation.

Le premier standard d’exécution est apparu sous l’égide de la WFMC – Workflow Management Coalition. Une nouvelle version XML du langage de la WMFC a été publiée en 2002 sous le nom de XPDL.

Le groupe BPMI – Business Process Management Initiative – a lancé un langage concurrent en 2001 : BPML – Business Process Modeling Language. Cette initiative a relancé les travaux sur les langages d’exécution de processus et a apporté de nombreuses contributions à son successeur, le langage BPEL.

Le langage BPEL – Business Process Execution Language – a été lancé à l’initiative de Microsoft et IBM en réponse à l’initiative de BPMI. Depuis, ce langage a reçu le support de la plupart des acteurs du marché, y compris de BPMI. BPEL est devenu le standard de facto. Il vient en complément de la spécification sur les services webs. Depuis 2003, c’est l’organisme de standardisation OASIS qui a en charge l’évolution du langage BPEL.

UML vs BPMN
Proposé par l’OMG pour la conception orientée objet, UML 1.X (1.1, 1.2, 1.3, 1.4) dispose d’un modèle d’activité qui présente certaines fonctionnalités pour la modélisation des processus. Il présente l’avantage d’offrir à la fois un métamodèle, une notation et un format d’échange pour les modèles avec XMI 1.x. Cependant, sa portée reste limitée à la conception objet et son métamodèle comporte certaines erreurs sémantiques (activité = état) qui en réduisent d’autant le caractère opérationnel. Ces faiblesses ont été reconnues par l’OMG qui a profondément revu ce modèle dans la version 2 d’UML.

La fin de l’année 2004 devrait voir l’aboutissement de la spécification UML 2.0 de l’OMG, fruit d’un long processus de maturation. UML 2.0 est une spécification très vaste et nous ne dirons ici que quelques mots sur le nouveau « modèle d’activité ». Les modèles d’activités d’UML 2.0 ont été totalement revus par rapport aux versions 1.X. Les erreurs notables des spécifications 1.X ont été corrigées et le nouveau modèle offre une base robuste pour l’analyse des processus. Cependant, par son caractère technique, il s’adresse encore essentiellement à des concepteurs de processus automatisés. Le modèle d’activité d’UML 2.0 ne peut pas fournir, tel quel, un support d’analyse et de communication pour les processus "métier". L’OMG a conscience de ces limitations et à lancer une initiative complémentaire – BPDM – pour traiter spécifiquement des processus métier (voir paragraphe ci-dessous sur BPDM).

BPMN – Business Process Modeling Notation
A la suite du langage d’exécution BPML, BPMI a lancé une nouvelle initiative sur la notation graphique des processus. C’est ainsi qu’a été publiée la spécification BPMN 1.O en mai dernier. BPMN présente une avancée indéniable dans la formulation graphique des processus. Elle introduit, en particulier, la notion de message et de flux d’information qui manquait à la plupart des représentations traditionnelles de processus (IDEF, SAP EPC). Certains articles se sont fait dernièrement les promoteurs de cette nouvelle spécification. Nous apporterons ici un point de vue interne au groupe de travail ayant participé directement à la spécification.

BPMN 1.0 a pour périmètre fonctionnel l’analyse des processus automatisés. Celles des chaînes de valeur et de l’organisation ne sont pas dans son cahier des charges. Cette position est d’ailleurs la position officielle du groupe de travail telle que votée et approuvée lors de sa dernière réunion à Londres en juin dernier : “BPMN 1.0 was created with “path to execution” as its primary focus and as such is a lower level representation of process models than the full spectrum of BPMN as expressed by future versions of BPMN”

“Path to execution” indique bien qu’un des objectifs principaux de BPMN, dans sa version 1.0, a été la possibilité de représenter les processus exécutables. Les règles de correspondance avec le langage d’exécution BPEL viennent compléter le dispositif.
Une deuxième remarque important concernant BPMN est que la spécification adresse uniquement la question de la notation. BPMN ne spécifie pas un métamodèle ni un format d’échange. Il sera donc difficile de parler d’échange de modèles BPMN.

BPMI reconnaît que BPMN 1.0 n’est qu’une première étape. Un nouveau chantier est en préparation – BPMN 2.0 – pour couvrir les besoins d’analyse de l’organisation et des chaînes de valeur. Des réponses devront aussi être apportées pour la définition d’un métamodèle et d’un format d’échange. Des relations ont été engagées avec l’OMG afin de faire converger les travaux des deux organisations.

Les autres référentiels

Les normes ISO 9000/2000
L’ISO a été une des premières organisations à s’intéresser aux processus métiers avec les normes de la famille ISO 9000. L’ISO fournit de nombreuses définitions très pertinentes pour les niveaux d’analyse concernant l’organisation ou les chaînes de valeur. Malheureusement, l’ISO n’a jamais fourni ni une expression formelle des processus qualité ni une notation graphique associée. Conséquemment, Les normes ISO 9000 n’ont pas conduit à un standard de modélisation des processus. Elles restent une référence pour l’analyse des processus qualité.

BPDM – Business Process Definition Metamodel
L’OMG a son propre plan de développement pour couvrir la modélisation des métiers. Ce plan s’inscrit dans l’architecture générale de modélisation promue par l’OMG sous le nom de MDA : Model Driven Architecture. MDA est un cadre pour définir des métamodèles, les transformer, définir les notations associées et échanger les modèles et leurs diagrammes dans un format d’échange normalisé (XMI). Le cadre MDA fournit ainsi automatiquement les éléments essentiels à tout standard de modélisation.

Pour la prise en compte de l’analyse des métiers l’OMG a lancé plusieurs initiatives conjointes : la spécification des règles métiers – BSBR : business semantic for business rules – et la spécification des processus métiers – BPDM. Cette dernière spécification s’appuie sur les modèles d’activité d’UML 2.0 mais en en simplifiant l’utilisation et en prenant en compte les différents niveaux d’analyse des processus : implémentation, organisation, stratégie.

L’OMG et BPMI ont commencé à nouer des contacts pour coordonner leurs efforts. Le plan de travail de BPDM à l’OMG inclut la prise en compte de la notation BPMN. Cependant, les deux organisations ont gardé chacune leur marge de manœuvre.

Conclusion

L’inconnue Microsoft
Il reste une inconnue dans l’univers de la modélisation des processus, c’est l’attitude de Microsoft. Il peut sembler étrange de citer la firme de Redmond sur ce sujet. Cependant, Microsoft a pris très au sérieux la place de la modélisation dans la conception des logiciels. Un projet appelé "Whitehorse" vise à intégrer la modélisation au cœur de la plateforme de développement de l’éditeur. De la modélisation des composants à celle des services web jusqu’à celle des processus d’intégration, on voit ici le chemin suivi depuis le code vers des spécifications de plus en plus orientées métier. En fait, Microsoft cherche à s’opposer à l’initiative MDA de l’OMG qui est fortement soutenue par IBM et les autres acteurs de la modélisation. Les éléments de convergence entre les deux approches ne sont pas encore clairement définis.

En résumé
L’activité de standardisation des processus métiers est en pleine effervescence et de nombreux progrès ont été accomplis. La partie exécution, sous l’égide de OASIS continue sa fusion avec les services web ; la partie conception remonte des préoccupations d’exécution vers des problématiques plus résolument métiers. Plusieurs organismes de standardisation participent à ce mouvement : BPMI, OMG. Il faudra encore quelque temps pour que toutes les pièces du puzzle soient assemblées et rodées et qu’un standard complet et unifié apparaisse clairement.

L’action de Mega dans les groupes de standardisation
Les standards sont un élément majeur pour aider à l’adoption d’un vocabulaire commun et de représentations communes des processus dans l’entreprise. Mega est une des premières sociétés à avoir rejoint l’organisation BPMI où elle a participé activement aux travaux sur BPMN. Dans le même temps, il est apparu que l’OMG avait une architecture de modélisation robuste et ouverte pour le support des approches processus couvrant aussi bien la partie informatique que la partie métier. Les derniers développements en cours à l’OMG ont conforté cette analyse. Mega participe ainsi aux initiatives BSBR (règles métiers) et BPDM (processus métier). Celles-ci font désormais intervenir à l’OMG des acteurs du monde de l’entreprise et non plus seulement des informaticiens. La standardisation des processus entre progressivement dans une phase de maturité.

Lire aussi la première partie

Antoine Lonjon
 
 

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