Précurseur, la PME française Erenis est l'une des
premières à proposer la technologie VDSL aux particuliers.
Avec un principe simple, l'opérateur alternatif essaie
de faire recette auprès des grandes zones urbaines tout
en se différenciant des câblo-opérateurs par le
biais de sa technologie, unique en France.
JDN Solutions : Pouvez-vous présenter
votre société et votre offre ?
Frédéric Boutissou : Erenis est née fin
2002 avec les fonds de l'ANVAR et d'EDF recherche et développement.
Les opérations n'ont réellement débuté qu'en 2003, année durant
laquelle nous avons raccordé notre premier client et valider
notre modèle de développement. Nous nous présentons comme un
opérateur télécoms alternatif un peu particulier car nos clients
n'utilisent plus la boucle locale de France Telecom, que ce
soit pour téléphoner ou se connecter à Internet, mais celle
d'Erenis. Notre réseau ne repose pas sur l'ADSL comme chez les
opérateurs traditionnels, mais sur de la fibre optique.
Aujourd'hui, un réseau
télécoms peut être composé de trois structures. En premier
lieu, l'ADSL et son évolution l'ADSL 2+, il s'agit de la structure
la plus connue du grand public. Ensuite, il existe le Fiber To
The Home (FTTH), dont l'objectif est de relier de bout en bout
l'utilisateur avec un réseau en fibre optique, une solution
efficace mais coûteuse. Erenis se place entre ces deux modèles,
sur un créneau appelé le Fiber To The Building (FTTB). Nous
considérons qu'amener de la fibre optique jusqu'à l'utilisateur
représente un coût qui parfois ne se justifie pas. Donc nous opérons
la liaison en fibre optique jusqu'à l'immeuble et les derniers
mètres sont couverts via la technologie VDSL.
Quels
sont les avantages d'une offre FTTB + VDSL ?
Pour le client, tout d'abord, il s'y retrouve car la relation
avec l'opérateur historique disparaît. Cela signifie qu'il ne
paye plus les 13 euros mensuels d'abonnement téléphonique à France
Telecom. Or, même chez les grands opérateurs qui proposent aujourd'hui
du dégroupage, la plupart des clients restent affiliés chez
France Telecom, il s'agit plutôt d'un dégroupage partiel.
De plus, sur le plan technique, le dégroupage est un processus
complexe qui suppose de pouvoir collaborer avec France Telecom.
Chez Erenis, nous maîtrisons l'ensemble de la chaîne, du raccordement
au support. C'est une indépendance dont ne dispose pas les autres
opérateurs même en cas de dégroupage car la boucle locale appartient
toujours à France Telecom.
"En
2005, nous proposerons des débits pouvant atteindre
50 Mbits/s." |
Enfin, en utilisant le Fiber To The Building avec du VDSL,
notre réseau est structurellement plus performant que de l'ADSL
classique. L'année prochaine nous allons proposer des débits
jusqu'à 50 Mbits/s, et surtout des débits symétriques et non
asymétriques comme dans le cas de l'ADSL. Cela permet d'envisager
des applications gourmandes en émission comme la vidéo à la
demande et tout ceci à des tarifs compétitifs avec les offres
ADSL traditionnelles.
Avant la fin de l'année, nous disposerons d'une offre symétrique
à 15 Mbits/s, ce qui risque de changer les conditions d'accès
à la fibre optique pour certaines entreprises. Nous avons
étudié également d'autres technologies face au VDSL. Le WiFi,
le WiMax ou le CPL étaient tous trois inadaptés à des applications
fortement exigeantes en qualité de services comme la voix
sur IP ou la vidéo à la demande.
Comment se porte selon vous le
marché des télécoms et de l'Internet ?
Après une période de crise assez sévère, j'ai l'impression
que des projets intéressants émergent. Le haut débit explose
et offre des opportunités. Le marché de l'Internet, même s'il
n'a pas changé structurellement, se développe. En 2002, nous
sommes partis du constat qu'il n'y avait pas de fatalité à
ce qu'un opérateur historique occupe toujours la majorité
du paysage des télécoms en France. Nous nous sommes donc attaqués
aux mastodontes que sont France Telecom et Neuf Telecom.
Nous avons d'abord travaillé sur des micro-marchés, puis nous
les avons reliés entre eux. En 2003, 3000 logements étaient concernés
par notre offre. D'ici à la fin de l'année, 20 000 logements
seront raccordés ou en cours de raccordement. Dans certains
quartiers de Paris, nous sommes devenus l'opérateur de référence.
L'avenir passe désormais par l'ajout de services vidéos répartis
en trois axes principaux : le broadcast, la vidéo à la demande
et la visio-téléphonie. Les deux premiers se destinent plutôt
aux particuliers tandis que la visio-téléphonie devrait intéresser
les PME. |