TRIBUNE 
PAR GUILLAUME PLOUIN (SQLI)
Vers la standardisation des interfaces riches ?
L'ergonomie du client Web reste insuffisante, induisant le besoin d'un nouveau modèle appelé "client riche". Explications.  (17/12/2004)
 
Consultant, Département conseil technologique, groupe SQLI
 
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La renaissance des interfaces riches
On a vu naître au cours des années 90 deux approches de la gestion de l'interface utilisateur. Le modèle Client/Serveur, apparu au début de la décennie, proposait une interface "lourde" déployée sur le poste utilisateur et permettant d'offrir une grande ergonomie grâce au multifenêtrage, au "drag & drop", au "WYSIWYG". Les défauts majeurs de ce modèle étaient la problématique de déploiement sur le parc utilisateur et la non standardisation du protocole de communication.

Le modèle du client Web, apparu à partir de 1995, a résolu ces problèmes grâce à l'introduction d'un client universel, le navigateur Web, et d'un protocole de communication universel, HTTP. Il a cependant montré des limites en terme d'ergonomie : incapacité à gérer les opérations contextuelles, le multifenêtrage, le "drag & drop". On considère en effet que l'interface Web est plutôt orientée navigation que manipulation. De plus, le client Web ne sait pas gérer le mode déconnecté, propre aux utilisateurs nomades, ni piloter des périphériques (par exemple, des lecteurs de code barre).

Si le client Web a été largement adopté par le monde informatique depuis son introduction, son ergonomie reste insuffisante dans de nombreux contextes : besoin d'interface véloce et réactive, besoin de saisie de masse, besoin d'utilisation nomade, etc.
Le besoin d'interfaces dites "riches" a fait naître récemment un nouveau modèle appelé "client riche". Le client riche a pour objectif de marier les 2 modèles précédents. Il s'agit ainsi de cumuler les avantages du Client/Serveur, à savoir l'ergonomie de l'interface, avec ceux du client Web, à savoir le déploiement "sans douleur", l'interface indépendante de la plate-forme, et le middleware standard.
Le modèle Client Riche propose en particulier d'effectuer des déploiements et mises à jour automatisés sur HTTP, et de gérer le mode déconnecté par un système de persistance locale.

Notons cependant que le pré-requis à l'usage du client riche est le déploiement de son environnement d'exécution sur les postes utilisateurs : le déploiement " sans douleur " des applications n'est possible qu'à cette condition.

Les paragraphes suivants présentent les technologies de client riche les plus intéressantes aujourd'hui.

Java : une crédibilité à gagner sur les interfaces
Java propose la technologie client riche la plus mûre du marché. Les applications riches peuvent être exécutées sur tous les systèmes, PC comme mobiles. De plus, son système de déploiement automatique "Java Web Start" est le plus perfectionné. Cependant, Java a une mauvaise réputation quant à l'ergonomie et la vélocité de ses interfaces.

NET : l'interface utilisateur, force de Microsoft
La technologie NET rattrape très vite son retard : Son système de déploiement arrivera à maturité en 2005 avec "Click Once" ; et Microsoft a prouvé depuis longtemps son expertise en ergonomie pour les interfaces.
Cependant les clients riches NET ne s'exécutent que sur les plates-formes Windows et Windows Mobile.

Flash : le leader de l'interface Web enrichie
Si Flash n'offre pas de véritable possibilité de déploiement d'application sur le poste utilisateur, son Plug-In est présent sur 98% des navigateurs de la planète : c'est donc un "pseudo" client riche, mais la seule technologie qui ne nécessite pas le déploiement préalable de l'environnement d'exécution. L'autre atout de Flash est s'avoir fait ses preuves sur l'enrichissement des interfaces Web.
Cette technologie est cependant sous-estimée par les informaticiens qui la considèrent comme un gadget pour graphistes.

XUL, l'outsider Open Source
XUL permet d'exécuter des clients riches dans les environnements Mozilla et Firefox. Cette technologie est plus ouverte que les précédente car sous licence Open Source.
De plus XUL a initié un nouveau concept dans les interfaces riches en proposant de décrire ses interfaces en XML.

Aller plus loin avec les interfaces XML
XUL signifie XML User Language. Cette grammaire XML a été crée à la suite du constat suivant : s'il existe des langages à balises standardisés pour décrire des interfaces Web, des objets vectoriels, ou des séquences multimédia (cf. XML, CSS, SVG, SMIL), il n'en existe pas pour décrire des interfaces riches. Ainsi, la fondation Mozilla a proposé une norme ouverte permettant de créer des applications XUL sur tous les systèmes.

XUL a ouvert des horizons intéressants, à tel point qu'il est utilisée pour gérer les interface de tous les logiciels de la gamme Mozilla : Firefox, ThunderBird, Sunbird, etc. L'ergonomie et les possibilités de personnalisation des interfaces de ces applications montre bien la maturité de XUL.

Notons que la mise au point d'un langage de description d'interface riche est plus complexe que pour une interface Web. En effet, les interfaces riches doivent pouvoir réagir aux actions des utilisateurs, et donc savoir gérer des évènements. XUL utilise pour cela le langage JavaScript.

Macromedia, éditeur de Flash, a suivi cette approche en proposant la grammaire MXML pour décrire ses applications riches. A la différence de XUL, la génération de l'interface sur la base de langage XML n'a pas lieu sur le poste client mais sur un serveur appelé Flex. La technologie de Macromedia propose donc plus une sorte de "portail riche" qu'un client riche.

Enfin, Microsoft travaille aussi sur la description riche d'interface en XML. Dans Longhorn, son futur système d'exploitation, toutes les interfaces seront décrites en XAML (Extensible Application Markup Language). Microsoft compte donc proposer l'interface XML aussi bien pour les applications que pour le système Windows lui-même.

Les clients riches NET tireront eux aussi parti de XAML à partir de 2006. Ainsi la technologie NET disposera d'une boute à outil extrêmement puissante pour créer des interfaces riches.

Vers la standardisation des interfaces riches ?
La multiplication des initiatives propriétaires autour des grammaires de description d'interfaces riches fait clairement apparaître un besoin de standardisation. En effet, une telle normalisation apporterait une portabilité maximale aux clients riches et contribuerait grandement à leur banalisation.

L'organisme le plus pertinent pour mener à bien cette standardisation est bien entendu le consortium W3C. On peut donc espérer qu'il propose un standard. Il pourrait pour cela partir de XUL, première grammaire introduite et la seule proposée en Open Source. Si le consortium ne proposait rien d'ici 2006, il est fort probable que Microsoft imposera sa technologie NET comme le standard de fait pour les interfaces riches.


Guillaume Plouin
 
 

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