EXPERT 
PAR FRANÇOIS LETELLIER
Le déploiement au cœur des préoccupations de l'entreprise
Les problématiques de déploiement, configuration et reconfiguration de logiciels sont souvent traitées ad hoc, sans cohérence d'ensemble. La conférence DECOR 2004 a fait le point sur ces sujets complexes.  (11/01/2005)
 
Membre du comité exécutif, consortium ObjectWeb
 
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Installer un traitement de texte sur son poste de travail, c'est une chose. Mettre à jour le logiciel embarqué sur un parc de centaines de milliers de téléphones mobiles, c'en est une autre.

Les réponses à apporter à ces besoins émergeants ne sont pas simples à trouver. Déplorant que ces problématiques de déploiement, configuration et reconfiguration de logiciels soient traitées de façon ad hoc, au cas par cas et sans cohérence d'ensemble, des équipes de recherche du laboratoire LSR (Logiciels, Systèmes, Réseaux - laboratoire de l'Université Joseph Fourier et de l'Institut National Polytechnique de Grenoble) et l'INRIA Rhône-Alpes ont décidé d'organiser DECOR 2004, la première conférence française sur le sujet.

La cinquième roue du carrosse
DECOR (pour DEploiement, Configuration, Reconfiguration, http://decor.imag.fr) s'est tenue sur le campus universitaire de Grenoble les 28 et 29 octobre. Didier Donsez, maître de conférences à l'Université Joseph Fourier, un des organisateurs de l'événement, explique : "Ces questions difficiles étaient jusque maintenant la cinquième roue du carrosse. Dans J2EE, les JSR nécessaires comme la JSR88 ne sont apparues que récemment. Pour CORBA, les spécifications n'ont été produites que l'an dernier".

Les utilisateurs de Linux connaissent le système des packages téléchargeables, les RPM, depuis longtemps. Sous Windows, Windows Update gère automatiquement la mise à jour du système. Mais ces outils ne traitent qu'une partie du cycle de vie logiciel. Lorsqu'il s'agit de reconfigurer un système ou de désinstaller une application, tout se complique.

Selon les organisateurs de DECOR, le déploiement de logiciel concerne l'ensemble des activités liées à l'installation, la désinstallation, la mise à jour, la reconfiguration, l'activation et la désactivation des constituants d'un logiciel. D. Donsez fait remarquer que "pour des industriels comme Dassault Systèmes, qui doit fréquemment mettre à jour les milliers de postes de travail équipés du logiciel de CAO CATIA chez ses clients, le déploiement est un vrai problème. Schneider, qui fabrique des systèmes de mesure et de protection électrique moyenne et haute tension, cherche aussi des solutions, pour automatiquement déployer, mettre à jour, effectuer la maintenance ou l'audit du logiciel embarqué sur ses équipements".

Dans le monde Java, la plateforme OSGi apporte un certain nombre de solutions. OSGi permet la gestion de modules Java embarqués sur des équipements tels que des plateformes de services résidentiels, des téléphones mobiles, des modems ADSL ou des équipements de mesure électrique ou même des applications modulaires comme l'IDE open-source Eclipse. OSGi gère les dépendances entre modules et l'ensemble de leur cycle de vie. Selon Richard Hall, conférencier invité à DECOR 2004, chef du projet open source OSCAR d'ObjectWeb et premier membre individuel a avoir été admis au sein de l'alliance OSGi, "Java a démocratisé les systèmes extensibles et modulaires, grâce à des mécanismes simples de chargement dynamique de code". Avant cela, le système NextStep proposait dès les années 90 un UNIX conçu pour le chargement dynamique de bundles, des portions exécutables autonomes. Côté Microsoft, la plateforme .NET a repris une partie seulement de ces concepts.

Un véritable passage à l'échelle
Mais selon R. Hall, le sujet du déploiement doit être considéré à plusieurs niveaux empilés. Au niveau d'un logiciel, des systèmes modulaires extensibles dits "à grain fin", permettent la reconfiguration dynamique. Un niveau d'une machine ou d'un département d'entreprise, une politique locale définit les règles de gestion des applicatifs. Enfin, au niveau de l'entreprise étendue, la question n'est plus simplement technique mais doit aussi prendre en compte des contraintes économiques ou légales.

Le passage à l'échelle est un véritable problème "industriel" comme l'illustre l'initiative SDS (Software Delivery System) lancée l'an dernier par le fabricant de circuits intégrés STMicroelectronics. SDS est une solution pragmatique mise en place par l'entreprise pour faciliter déploiement et contrôle des logiciels libres utilisés par les équipes de développement. Grâce à ce système, l'utilisateur peut gérer lui-même la configuration des logiciels libres déployés sur son poste de travail. La plateforme prend automatiquement en compte les dépendances entres outils. Laurent Charles, qui coordonne ce projet, insiste sur l'importance de la démarche : "Nous proposons aux gens de travailler à livre ouvert. Rien n'est imposé, tout est proposé. Les gens franchissent le pas lorsqu'ils y trouvent un avantage". Au bout d'un an, le système est un succès : 45 équipes de développement réparties sur 9 sites utilisent cette infrastructure pour gérer leurs outils open source. Mais gérer la configuration n'est qu'une première étape.

L'intérêt actuel pour les questions de déploiement n'est pas le fruit du hasard. Avec l'apparition de l'informatique ubiquitaire, ce sont des centaines de millions de machines qui sont concernées de par le monde : microcalculateurs embarqués dans les voitures, assistants personnels connectés, téléphones mobiles, bientôt les télévisions, magnétoscopes, puis les compteurs EDF eux-mêmes, en attendant les étiquettes RFID implantées sous la peau. Les algorithmes P2P (pair à pair), popularisés par les logiciels de partage de ressources comme Kazaa ou BitTorrent, sont conçus pour fonctionner de façon transparente entre des machines qui peuvent à tout instant se connecter ou disparaître du réseau. Ils pourraient à terme être mis en œuvre pour administrer des solutions de calcul "à la demande", des grilles de calcul distribuées en entreprise ou sur tout le réseau Internet.

Dans tous les cas il s'agit de gérer des parcs hétérogènes d'équipements connectés de façon parfois intermittente et d'y déployer des logiciels personnalisés en tenant compte des fonctionnalités à fournir sur chacun selon les services souscrits par l'utilisateur. Les questions soulevées sont celles d'un véritable passage à l'échelle dans la gestion du déploiement. Rendez-vous pour la future édition de DECOR, prévue dans deux ans à Lille.


François Letellier
François Letellier est affecté au comité exécutif du consortium ObjectWeb par l'Institut National de Recherche en Informatique et Automatique (INRIA).
 

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