ANALYSE 
Quelle sécurité pour la voix sur IP ?
Entre l'usurpation d'identité, l'écoute des conversations téléphoniques ou l'exploitation de vulnérabilités, la voix sur IP semble multiplier les risques pour l'entreprise. Mais des solutions de sécurité adaptées apparaissent.   (14/01/2005)
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Dossier Voix sur IP
La voix sur IP représentait déjà un marché de 2,3 milliards de dollars dans le monde en 2002, selon le cabinet d'études IDC. Cette technique qui consiste à numériser la voix puis la faire transiter par le réseau IP de l'entreprise promet la réduction des coûts de télécommunication, résultat de la fusion des canaux voix et données de l'entreprise, et autorise de nouveaux usages rendus possibles par l'utilisation de données IP par les serveurs téléphoniques et les postes eux-mêmes (messagerie et applications sur téléphones notamment).

Seulement cette nouvelle technologie multiplie de manière considérable les risques de sécurité dans l'entreprise. Premier risque, l'ouverture même du réseau IP. "Avec la voix sur IP, tous les postes téléphoniques deviennent en quelques sortes serveurs car ils sont désormais accessibles de l'extérieur. Si aucune mesure n'est prise, cela revient à supprimer le pare-feu de l'entreprise", commente Michel L'hostis, président de NeoTIP, société spécialisée dans la protection des réseaux de voix sur IP.

Ce risque devient d'autant plus dangereux que, si aujourd'hui peu de personnes sont capables de pirater un réseau téléphonique, demain cela deviendra accessible pour n'importe quel informaticien. "Les outils classiques et répandus d'écoute de réseau, d'analyse de flux et d'injection de trafic IP peuvent être directement utilisés pour attaquer un réseau VoIP. Les outils propres à la voix sur IP sont disponibles, comme VOMIT (Voice Over Misconfigured Internet Telephone) et SiVuS : SIP Vulnerability Scanner", analyse Hervé Schauer, président du cabinet de conseil en sécurité HSC.

A ces renifleurs de réseaux s'ajoute la faible sécurité des protocoles utilisées par la voix sur IP. Ainsi, que ce soit le H.323 ou le SIP, ces deux protocoles ont déjà fait l'objet de failles de sécurité (lire l'article du 15/01/2004). "Les équipements demandent de traiter l'information en IP brute, sans l'appui du protocole TCP et donc sans utiliser la sécurisation SSL. Si les protocoles de voix sur IP peuvent être chiffrés avec IPsec, cependant IPsec n'est pas déployé dans les réseaux d'entreprise, car il est trop complexe", affirme Hervé Schauer.

La voix sur IP par réseaux sans fil représente un risque majeur d'intrusions à distance.
Sur un réseau déjà fragile, il devient alors dangereux de combiner réseaux sans fil et voix sur IP. Pourtant, la voix sur WLAN, concurrente de la technologie DECT, ajoute à la voix sur IP une mobilité totale (lire l'article du 10/06/2004). Mais sur un réseau déjà ouvert à l'extérieur par des points d'accès, conjugué avec le faible niveau de sécurité du cryptage actuel des normes 802.11 et les protocoles fragiles de la voix sur IP, le risque d'intrusion augmente ainsi que celui des vols d'informations confidentielles. La future norme 802.11i (lire l'article du 25/06/2004) dont les équipements sont attendus pour 2005 viendra augmenter le niveau de sécurité du WiFi en introduisant l'algorithme AES (Advanced Encryption Standard).

Dès lors qu'il est entré sur le réseau de l'entreprise ou par le biais de renifleurs, le pirate aura alors accès aux communications de l'entreprise en plus de ses données. Usurpation d'identité, vols d'informations confidentielles peuvent mettre la sécurité du réseau en danger. Autre menace, l'attaque en déni de service qui consiste à surcharger le serveur Web de requêtes jusqu'à ce qu'il ne puisse plus suivre et s'arrête. Dès lors, il est envisageable de saturer les réseaux des sociétés équipées en voix sur IP, bloquant ainsi communications internes, externes mais aussi le système d'information.

Les solutions de réseaux virtuels (VLAN) séparant logiquement les réseaux entre eux ne résolvent pas non plus le problème. "C'est envisageable mais ça reste cantonné à l'entreprise. Dès qu'il s'agit de sortir de l'entreprise, les adresses privés doivent être converties en adresses publiques", déclare Michel L'hostis. Dès lors, la meilleure solution serait de dissocier le réseau des données de celui de la voix sur IP, une solution coûteuse qui efface l'un des principaux avantages mis en avant lors d'un tel projet.

Une simple défaillance matérielle capable de saturer le réseau de l'entreprise

Dernière menace, mais non des moindres, celles des virus, vers, chevaux de Troie et autres codes malveillants. S'appuyant sur des failles logicielles ou matérielles, il est envisageable de voir apparaître de nouveaux virus ciblant autant les données que les communications de l'entreprise, effaçant par exemple les communications enregistrées ou les bloquant. Sans aller si loin, une simple défaillance de matériels VoIP a réussi à saturer le réseau téléphonique de France Telecom en novembre dernier (lire l'article du 04/11/2004).

Partant de là, certains éditeurs se sont spécialisés dans la sécurisation de ces nouveaux réseaux. NeoTIP, avec sa solution SVC mise sur le filtrage et l'authentification pour sécuriser la voix sur IP. "La première fonction du produit, c'est l'analyse protocolaire. Cela consiste en une ouverture dynamique des ports IP en fonction des appels. Ainsi on ouvre les ports seulement si la session a été accepté par le serveur d'appel au préalable.", explique son PDG. L'ensemble des problèmes ainsi centralisé, il devient plus simple pour le responsable sécurité de protéger le réseau.

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"Puisque les commutateurs VoIP reposent sur des systèmes d'exploitation classiques, souvent Unix, il faut durcir les systèmes d'exploitation en limitant au maximum les services inutiles et en appliquant régulièrement les correctifs de sécurité", ajoute Hervé Schauer. Dès lors, il convient de relativiser le coût de la mise en place d'une architecture voix sur IP, très étroitement lié aux dépenses de sécurité et aux risques encourus en dehors des problématiques de qualité de service.

Yves DROTHIER, JDN Solutions
 
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