Dans le foisonnement des technologies sans fil, le Wimax vient
bousculer la donne. Cette technologie apparue en France en décembre
2003 menace sur le papier le WiFi grâce à des débits théoriques
sept fois supérieurs et une couverture qui s'étend jusqu'à 50
kilomètres là où les bornes WiFi se limitent à quelques centaines
de mètres.
Pourtant,
dans un premier temps, les deux technologies n'ont pas été
conçues pour se faire concurrence. "Ce sont deux normes complémentaires,
le Wimax est plus adaptée pour le transport, le WiFi pour
les réseaux locaux d'entreprise", affirme Sylie Le Roux, chargée
de la communication pour Altitude Telecom, le premier opérateur
français propriétaire de licences Wimax. En effet, la norme
802.16a aujourd'hui en vigueur pour le Wimax en France favorise
les communications point-à-point quand le WiFi se trouve être
une technologie de diffusion.
Conséquence directe de ce choix, le prix des équipements
Wimax et des licences d'utilisations ne sont pas adaptés pour
la constitution de réseaux locaux. "Pour le Wimax, nous sommes
les seuls à utiliser la fréquence des 3,5 Ghz alors que le
WiFi est plus permissif car plusieurs utilisateurs peuvent
exploiter la même bande de fréquence. Utiliser le Wimax pour
des réseaux locaux, c'est comme relier une maison directement
à une autoroute, ce n'est pas fait pour", ajoute Sylvie Le
Roux.
Les
caractéristiques des deux technologies
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Caractéristiques
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Wimax
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WiFi
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Définition
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World
Interoperability for Microwave Access
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Wireless
Fidelity
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Appellation
norme IEEE
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802.16
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802.11
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Portée
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50 Km
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300
mètres
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Bandes
de fréquence
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Entre
2 et 11 Ghz
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2,4
à 5 Ghz
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Débits
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70 Mbits/s
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54 Mbits/s
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Interférences
avec d'autres ondes radios
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Non,
car la bande de fréquence est allouée
aux opérateurs
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Possible
car libre d'accès
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Soutien
des industriels
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Intel,
Samsung, France Telecom, Fujitsu, Cisco, Siemens...
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IBM,
Intel, Dell, Microsoft, Samsung, Toshiba, Nokia, HP,
Sony...
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Moins chère à installer que la fibre optique et ne nécessitant pas l'intervention
des travaux publics, le Wimax sert alors de relais Internet
à des zones rurales non desservies par les réseaux standards
à la manière du satellite. "Une entreprise peut ensuite délivrer
cette liaison à travers son réseau local par le WiFi", explique
Sylvie Le Roux. Cette situation pourrait être amenée à changer
lors de l'apparition de la norme 802.16e, prévue pour 2005.
Cette nouvelle norme s'accompagne du lancement de puces Wimax
au cur des micro-ordinateurs afin d'adresser directement
l'utilisateur final (lire l'article
du 10/09/2004).
Mais là encore, difficile de prévoir si le Wimax sera concurrent du WiFi en
raison des caractéristiques techniques des deux normes. Le
Wimax bâti autour de la bande de fréquences des 3,5 Ghz et
de la modulation d'ondes radio OFDM (lire l'article
du 14/12/2004) évolue dans son milieu naturel en environnement
extérieur. Le WiFi au contraire montre une meilleure résistance
aux interférences et son spectre de fréquences plus bas, facilite
les communications à travers les obstacles, murs et portes
notamment.
En attendant la norme 802.16e, le WiFi continue son développement
en empruntant trois axes différents - la sécurité, le haut
débit, la qualité de service - à travers trois propositions
de standards respectivement dénommés 802.11i, 802.11n et 802.11e.
L'organisme de normalisation des réseaux, l' IEEE (Institut
of Electrical Electronic Engineers), s'est prononcé en faveur
du 802.11i (lire l'article
du 25/06/2004) mais a rejeté le pré-standard 802.11n (lire
l'article
du 13/10/2004). Dès lors, les premiers équipements 802.11i
sont attendus pour 2005 tandis que le matériel compatible
802.11n est repoussé à 2006 au plus tôt.
Dernier élément distinctif, le parc installé et la maturité
de la technologie. Dans ce domaine, le WiFi domine largement
son concurrent. Selon le cabinet Infonetics Research, le marché
des équipements WiFi dans le monde connaît une croissance
de 80% au troisième trimestre avec un chiffre d'affaires de
784,5 millions de dollars. Au contraire, le Wimax lancé en
2003 commence tout juste à percer par le biais d'initiative
publique dans les départements de l'Orne
et de la Vendée.
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