Les systèmes d'identification biométrique comme la reconnaissance d'iris ont jusqu'à
présent été réservés à des applications de haute sécurité pour
des questions de coûts, ce qui contribué à limiter
les projets aux grands comptes et aux administrations. Mais
l'année 2005 pourrait bien marquer l'avènement des solutions
biométriques accessibles depuis le poste client avec l'apparition
de nouveaux systèmes tels que ceux de Zefyr Technologies, une
PME basée en Charente-Maritime.
Spécialisée
dans les solutions d'identification anthropométrique, la société
compte introduire dès février 2005 un lecteur d'empreintes
digitales baptisé Yubee qu'il sera possible de brancher sur
n'importe quel ordinateur équipé de ports USB, d'un système
Windows (98 / Me / 2000 / XP) et d'un navigateur compatible
Internet Explorer. L'objectif à terme, est de substituer aux
différents mots de passe, un accès unique et sécurisé par
empreinte digitale, que ce soit pour ouvrir une nouvelle session
Windows, se connecter à un site Web, accéder à son courrier électronique
ou ouvrir une application spécifique.
Le principe est simple, l'utilisateur commence par enregistrer
ses différents mots de passe. Ceci fait, la reconnaissance
digitale remplace ensuite chaque saisie de code, Yubee s'occupant,
une fois l'utilisateur reconnu, de saisir automatiquement
le mot de passe approprié pour l'application. Pour séduire
le plus large public possible, ce lecteur d'empreintes digitales
sera proposé lors de son lancement à moins de 60 euros. Un
tarif agressif rendu possible grâce à l'utilisation d'un algorithme
et d'un système de capteur spécifique.
"Nous
avons opté pour un capteur thermique" (Matthieu Perreira - Zefyr) |
"Sur le marché, il existe différents types de capteurs. Le plus répandu est
le capteur optique dont le fonctionnement est identique à
celui d'un scanner. Ensuite, il existe les capteurs capacitifs
qui mesurent la résistance électrique du doigt. Ces deux solutions
coûtent chères à produire. Avec Yubee, nous avons opté pour
un capteur thermique, moins cher à produire. Mais comme il
se base sur les différences de chaleur, il n'était pas envisageable
de poser le doigt sur le lecteur, celui-ci s'adaptant à la
température du lecteur", explique Matthieu Perreira, ingénieur
R&D chez Zefyr Technologies.
En conséquence, l'utilisateur doit glisser son doigt sur
une surface en silicium. L'acquisition d'empreintes s'effectue
alors par séries d'images qui sont ensuite reconstituées pour
établir un gabarit. L'analyse de ce gabarit exploite la technique
la plus répandue de reconnaissance d'empreinte : l'extraction
par points caractéristiques, également appelée "minutie". "A cette
technique, nous avons ajouté d'autres informations telles
que l'espacement entre les lignes du doigt ou le dessin global
de l'empreinte afin d'accélérer le temps moyen nécessaire
pour l'identification", souligne Matthieu Perreira.
Au final, pour une base de données regroupant une cinquantaine
de personnes, un lecteur passe entre une demi-seconde et une
seconde à analyser une empreinte. Les informations stockées
dans une base de données font l'objet d'un cryptage AES 256
bits, une mesure qui peut être assouplie selon les besoins
de l'utilisateur. Et le taux d'erreurs est rare, de l'ordre
de 1/10 000.
Glisser
son doigt évite de laisser une empreinte sur le
lecteur. |
"Après analyse de l'empreinte, le logiciel calcule un score
de reconnaissance. Plus nous allons augmenter le seuil à partir
duquel l'identification est autorisée, plus le système sera
sécurisé mais moins il sera convivial car il y a un risque
de refuser un véritable utilisateur", affirme Matthieu Perreira.
Et afin d'éviter d'éventuels rejets, le système met à jour
son gabarit à chaque connexion d'utilisateur, gardant ainsi
en mémoire la dernière empreinte de son propriétaire.
Le produit, déjà certifié par l'Union européenne,
vient faire concurrence au FingerPrint Reader, un lecteur
similaire proposé par Microsoft. Proposé 10 euros plus cher,
le produit de Microsoft fonctionne en revanche par capteur
optique, ce qui nécessite une empreinte nette. "L'avantage
en terme de sécurité d'une reconnaissance d'empreinte par
un glissement de doigt, c'est d'effacer les empreintes, au
contraire d'une technologie optique", note l'ingénieur
en biométrie.
Mais Zefyr Technologies n'a pas vocation à être constructeur. Ainsi Yubee représente
plutôt un test grandeur nature de la technologie de la société.
Une version dédiée aux grandes entreprises est également à
l'étude : les mots de passe seraient alors centralisés
sur serveurs et les transactions sécurisées par protocole.
Des versions de Yubee compatibles avec d'autres systèmes d'exploitation
et d'autres navigateurs Internet sont également envisagées.
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