Depuis l'annonce survenue début janvier 2005 de l'ouverture
du code source de Solaris, le système d'exploitation Unix développé
par Sun, contributeurs et communautés Open Source restent dans
l'attente d'une clarification juridique. Dans une lettre ouverte
adressée au P-DG de Sun vendredi 28 janvier, la Public Patent
Foundation demande au groupe de clarifier les droits et responsabilités
qui découlent de la licence CDDL utilisée pour ouvrir le code
source de Solaris.
Ainsi, le représentant de l'association dresse quatre questions
: "Est ce que l'utilisation des brevets ouverts par Sun est
seulement limitée aux logiciels sous licence CDDL ? Est ce
que l'utilisation de ses brevets est uniquement limitée aux
logiciels directement distribués par Sun ? Sun se réserve-t-il
le droit d'attaquer en justice quelqu'un qui modifie un logiciel
Sun sous licence CDDL ? Sun utilisera-il ou va-t-il tenté
d'utiliser ses accords avec Microsoft pour protéger les logiciels
libres et Open Source des brevets de celui-ci ?".
En
effet, après avoir obtenu la validation de sa licence CDDL
(lire l'article
du 24/01/2005), Sun annonçait que 1 670 brevets relatifs
au cur du système seraient ainsi couverts par la CDDL et
donc libres. Mais le statut même de cette nouvelle licence
open source prête à confusion. Basée autour de la licence
Mozilla, la Mozilla Public Licence (MPL), la CDDL oblige les
développeurs à publier les modifications apportées au code
source de Solaris.
"La licence CDDL s'inspire de celle de Mozilla et oblige
les développeurs à publier leurs modifications du code source
de Solaris. En revanche, ils peuvent réutiliser ce code comme
bon leur semble, dans leur propre logiciel par exemple, sans
autorisation préalable nécessaire. Ce qui facilitera la commercialisation
de logiciels bâtis sur les fondations d'OpenSolaris", déclarait
John Loiacono, responsable de l'activité logicielle de Sun
dans un communiqué.
La
CDDL incompatible avec la GPL, se refuse nombre d'outils
Open Source |
Mais la CDDL, n'est pas compatible avec la General Public
Licence (GPL), l'une des licences les plus populaires dans
le monde open source, ce qui réduit les possibilités d'interopérabilités
entre Solaris et d'autres programmes open source. Sun promet
cependant que l'intégration de codes sous licence CDDL dans
des logiciels propriétaires sera possible, ainsi que la commercialisation
de nouveaux produits réutilisant du code sous cette licence.
Sans position officielle de Sun, l'ouverture des 1 670 brevets
reste limitée aux contributeurs de Solaris et d'autres sociétés
pourraient donc être attaqués en faisant usage de ses droits
de propriété intellectuelle. De plus, cette mise à disposition
des brevets laisse planer le doute sur une réutilisation possible
par Microsoft. Depuis la fin de la procédure judiciaire opposant
Sun à Microsoft (lire l'article
du 05/04/2004), les deux éditeurs se sont désormais engagés
à partager une partie de leur propriété intellectuelle respective.
D'ores et déjà, Sun a migré son outil d'optimisation de code
Dynamic Tracing sous licence CDDL. D'autres morceaux de code
de Solaris vont ainsi s'ouvrir au cours des prochains mois.
Un enjeu crucial pour Sun dont les parts de marché sur le
marché des serveurs ont reculé sur les trois premiers trimestres
de l'année au profit de ses concurrents Dell et IBM. Selon
le cabinet d'études IDC, Sun réalisait un chiffre d'affaires
de 1,17 milliard de dollars au troisième trimestre 2004, soit
10,2% de l'ensemble du chiffre d'affaires du secteur.
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