Linformatique Internet fait des progrès, le septicisme recule,
lévidence se fait plus nette et son avénement parait désormais
inéluctable. Faisons donc le point et un peu de prospective pour
identifier les derniers pas restant à faire...
Souvenons-nous tout dabord que ce genre dévolution prend du temps :
il a fallu des années pour quEthernet efface complètement Token Ring,
que TCP-IP supplante les autres protocoles ou que les bases de données
relationnelles deviennent les réceptacles standards des applications.
Les progrès récents...
Il reste encore un peu de chemin à faire mais PHP creuse son sillon et
devient petit à petit le langage de référence (NDLR : voir aussi l'interview de Zeev Zuravski).
Le mouvement Open Source lui aussi est désormais reconnu comme étant la marche à
suivre.
Le haut débit a habitué les gens au mode "connecté en permanence" et même
si les problèmes de sécurité sont désormais omniprésents, la notion
dapplications distantes (quelque part sur un serveur à travers
lInternet plutôt que sur le réseau local) est de mieux en mieux
acceptée et de plus en plus utilisée (avec des exemples significatifs
comme Salesforce et Gmail).
Le réseau commence aussi à être utilisé pour le téléphone avec Skype.
Mais la généralisation de la VoIP ne peut pas se réaliser
complétement à travers une solution propriétaire comme lest Skype. On
verra donc, là aussi, le lent cheminement des solutions ouvertes qui
finiront par triompher (non seulement de Skype mais aussi des Telcos),
avec le temps.
Maintenant, quelles sont les prochaines grandes étapes pour
achever lavénement de linformatique Internet (et ainsi basculer dans
le 3e tournant) ? Jen vois 3 :
les Web services,
linterface client riche,
le Web sémantique.
Les Web services sauvés par REST
On a déjà évoqué ici-même (NDLR : lire la chronique du 22/04/2004) la situation désastreuse où se trouve les Web
services (mécanisme dappel de procédure à travers des protocoles comme
SOAP). En effet, lacharnement actuel autour de SOAP ressemble fort à
la foi aveugle quune bonne partie de lindustrie avait pour CORBA il
ny a encore pas si longtemps (avec une absence de résultat sidérante
au vu des efforts investis !).
En vérité, ce nest pas en alourdissant toujours plus lenveloppe
technique de SOAP que lon va sortir de cette impasse, au contraire. Il
faut changer de direction, radicalement.
Il y a encore quelques mois, le modèle REST pour les Web services était
complètement inconnu en dehors dun petit cercle dinitiés (voir notamment cet excellent
blog [NDLR : et l'article du 26/10/2004]). Heureusement, la
popularité de REST va grandissante depuis que la presse l'a mis en avant. Les réticences
sont encore nombreuses mais lidée fait son chemin, ouf !
Linterface client riche, le bout du tunnel ?
Ah, le retour du client riche ! Depuis combien dannées est-il annoncé ? Pourtant, nous lattendons encore. Tout ceux qui prédisaient que le
client riche allait connaitre une seconde jeunesse grâce à Flash, Java
(sans commentaire) ou telle ou telle solution propriétaire et inconnue
mais prometteuse se sont fourvoyés (pour rester gentil).
Comment
imaginer que Flash, malgré ses nombreux mérites, puisse devenir le
socle du client riche ? Comment peut-on encore croire que Java, après toutes ses tentatives
marquées par léchec et la confusion va finalement percer sur le
poste client ?
Le bout du long tunnel ne va pas non plus venir dune start-up géniale
qui va emporter la décision sur un sujet aussi lourd. Pourtant, il y a
peut être quand même une lueur despoir qui luit tout là bas...
Et cette lueur, cest XUL. XUL est le langage de description
dinterface du moteur Gecko (utilisé par Mozilla et Firefox), sous
ensemble de XPFE qui est le framework du projet Mozilla en matière
dinterface. Par rapport à ses concurrents, XPFE a quelques énormes
plus : il est ouvert, il est libre de contrainte et il sappuie sur des
éléments qui sont déjà des standards du Web tels que Javascript et les
CSS (NDLR : lire aussi l'article du 06/05/2004).
Pour le moment, XUL est encore peu utilisé mais je pense quon tient là
la solution pour aller vers un client riche ET standard. Le meilleur
des deux mondes en quelque sorte...
Le Web sémantique, un rêve lointain ?
La notion de Web sémantique (voir notamment ce wiki) est un des sujets brûlants de ces dernières
années. De quoi sagit-il ?
Rendre sémantique le Web, c'est compléter les balises HTML par des
balises porteuses de sens (XML). Voici quelques différences entre Web
traditionnel et Web sémantique :
Web informel vs Web formalisé
Web quantitatif vs Web qualitatif
Web opaque vs Web transparent
L'ambition est noble mais le but parait encore lointain. Pour le
moment, le Web sémantique n'a pas encore produit de perçée
significative. Pourtant, des applications modestes mais concrètes de ses
principes commencent à apparaitre.
Un premier exemple :
RSS.
La vague des blogs a contribué à populariser ces 3 lettres. RSS est un
format de document très simple permettant de décrire des listes de
choses, chaque chose étant définie généralement par un titre, un résumé
et un lien à une URL.
La liste des derniers articles publiés sur un site Web, à l'image des
fils de presse, est actuellement l'application principale de RSS : on
parle de "syndication" pour un site produisant un fil RSS.
On assiste actuellement à un véritable bouillonement d'idées autour de
l'utilisation de RSS pour des usages qui vont bien au-delà de la simple
syndication d'une liste d'articles (il est intéressant de constater
que, dans une certaine mesure, RSS donne une nouvelle vie à la notion
de push).
Autre exemple d'application modeste mais significative du web
sémantique : FOAF. Le format FOAF(Friend Of A Friend ou "amis d'un
ami") est un vocabulaire RDF permettant de décrire des personnes et
les relations qu'elles entretiennent entre elles. FOAF est une
application du Web sémantique qui est considérée comme très prometteuse
car elle permet d'identifier et de relier les individus entre eux (une
autre initiative dans ce domaine est XFN).
Quand les Web services (à la mode REST) seront largement employés pour
des applications proposant des interfaces riches (reposant sur XUL) et
bénéficiant des apports du Web sémantique, alors oui, on pourra dire
que la transition est terminée et que l'informatique Internet est
devenue la principale informatique.
Comme le dirait un responsable marketing travaillant pour l'industrie
informatique, c'est pour bientôt, très bientôt (soon, really soon à
traduire par de mon vivant, peut-être !).
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