ANALYSE
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Les logiciels libres s'invitent sur les environnements propriétaires
Développer nativement une application libre sur un système d'exploitation propriétaire pose un véritable cas de conscience à la communauté du logiciel libre. Dans quelle mesure ces portages d'applications peuvent-ils favoriser ou nuire au mouvement ?   (15/02/2005)
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Dossier Logiciels libres / Open source
Porter une solution libre vers un environnement propriétaire, une décision favorisant la visibilité du libre et adoptée par les solutions de référence telles Apache, Samba, Firefox ou encore Open Office. Récemment, l'environnement de bureau KDE (lire l'article du 11/02/2005) s'est joint à la liste des applications initialement développées sous Linux mais qui peuvent tourner sous Windows.

Seulement si cette transcription permet indéniablement d'adresser un panel plus large d'utilisateurs, elle suscite des divisions au sein des communautés libres et Open Source. Ainsi lors de l'annonce du portage de KDE vers Windows, un des développeurs du projet, Aaron Seigo, soulignait sur son blog : "Si les applications que les gens veulent sont disponibles sur Windows, ils seront tentés de rester sur Windows". Et sur ces systèmes propriétaires, l'utilisateur ne peut avoir accès qu'au code source du logiciel et non à l'ensemble application-librairies.

"Une application libre dépendante d'un environnement propriétaire, c'est être libre dans un environnement carcéral. L'origine du mouvement des logiciels libres et du projet GNU vise à introduire le libre partout. Un portage dans un environnement propriétaire est en quelque sorte une régression car la base utilisée n'est pas libre", résume Loïc Dachary, trésorier de l'association Free Software Foundation France. Pourtant, le succès du navigateur Firefox et de la suite Mozilla, utilisés par plus de 10% des internautes français selon les statistiques Xiti, promet un bel avenir aux logiciels libres portés.

"Le portage vers un environnement non libre permet de sensibiliser le public aux solutions libres, à l'efficacité de ces logiciels et à sa philosophie. Mais c'est également un frein à la migration vers Linux car l'utilisateur dispose déjà de logiciels performants sur des environnements non libres.", explique Hilare Fernandes, président de l'Ofset, une association de promotion du logiciel libre éducatif. Il existe toutefois plusieurs limites à ces déploiements. La plus fréquente provient de la baisse des performances consécutives à la recompilation d'une application à l'origine native sous Linux.

Double licence ou limitations servent à sensibiliser les utilisateurs à l'intérêt du libre

Et si le portage devient synonyme de performances médiocres, la démocratisation des logiciels libres se trouve mise à mal. L'autre limite à ce type de portage, c'est la restitution de solutions libres adaptées à un environnement spécifique. "Dans le logiciel d'imagerie Gimp par exemple, l'utilisateur dispose de fonctionnalités regroupées dans plusieurs petites fenêtres. Cette organisation fonctionne très bien sur Linux grâce à sa bibliothèque X-Windows gérant efficacement les multifenêtres. Par contre sous Windows, la solution se complique parfois pour les utilisateurs", ajoute Hilare Fernandes.

Des solutions alternatives se mettent alors en place. Pour Bruno Coudoin, auteur du logiciel éducatif libre Gcompris, la disponibilité de son logiciel sur environnement Windows s'est accompagné de limitations propres. "Seules quelques parties du logiciels sont disponibles gratuitement. L'utilisateur peut tout de même télécharger gratuitement l'ensemble mais il doit alors verser quelque chose à son auteur, une façon de rémunérer le développement libre même pour ceux qui conservent un environnement propriétaire", déclare Hilare Fernandes.

La double licence fait aussi des émules. C'est ainsi que MySQL et Qt, les librairies de l'environnement de bureau KDE, sont disponibles gratuitement et librement tandis que l'intégration avec d'autres logiciels propriétaires n'est possible qu'après paiement des droits de la licence payante. Une manière de favoriser l'adoption de licences plus permissives de la part des grands éditeurs sans se couper d'autres solutions.

Familiariser pour mieux migrer

"Il y a beaucoup d'utilisateurs de Linux qui y sont venus par le biais de la découverte de logiciels libres sous environnement Windows. En ouvrant ces logiciels au plus grand nombre, ces nouveaux usagers se familiarisent avec les applications libres et auront ainsi moins de réticences à migrer vers des environnements totalement libres", affirme Hilare Fernandes. Mais impossible de dire sur le long terme, par exemple, quelle proportion d'internautes conquis par Firefox migreront à terme vers le système Linux.

La portabilité réussit-elle son pari en terme de sensibilisation ? Rien n'est certain, mais selon la FSF, cette ouverture ne doit pas se faire sans une certaine rigueur. "Dans le cas de la liberté, il n'y a pas de demi-mesure. Certaines licences interdisent ainsi qu'une œuvre dérivée ne deviennent exclusivement dépendante d'un environnement propriétaire. Ce qu'il faut c'est que les applications fonctionnent sous les deux systèmes, propriétaires et libres", insiste Loïc Dachary. Ce mélange entre deux mondes différents pourrait être évincée par une autre notion, celle d'interopérabilité.

Plutôt que de porter du libre vers du propriétaire, l'enjeu de l'interopérabilité vise à faire communiquer entre elles deux applications différentes fonctionnant éventuellement sur des environnements distincts. Cette solution, mise en valeur par Microsoft (lire l'article du 10/02/2005), réduit partiellement la nécessité de portabilité des applications en tablant sur un langage commun plutôt que des applications communes. Difficile donc de parier sur l'avenir des solutions libres sur des environnements propriétaires.

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"Je me demande ce que le logiciel libre sera dans cinq ans ? Est ce que beaucoup de monde utilisera Windows comme couche de base avec une multitude de logiciels libres par dessus ou au contraire du Linux avec des applications propriétaires ou encore un mélange des deux ?", envisage Loïc Dachary. Grands éditeurs ou développeurs de logiciels libres cherchent encore la réponse et se rapprochent de plus en plus.

Yves DROTHIER, JDN Solutions Sommaire Infrastructure
 
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