|
|
|
Sommaire
Acteurs |
|
Wanadoo-Ovh : interrogations sur le rôle de l'hébergeur |
Le fournisseur d'accès Internet répond aux accusations d'Ovh en condamnant la mise en place d'une liste noire sur les serveurs de l'hébergeur, à des fins commerciales. Une version corroborée par les acteurs du milieu télécoms.
(16/02/2005) |
|
Dans notre édition d'hier, le directeur technique d'Ovh, Octave
Klaba pointait du doigt la disparition de plus d'un million d'e-mails
en provenance de l'infrastructure de France Telecom et à destination
des installations d'Ovh (lire l'article
du 15/02/2005).
La réponse officielle de Wanadoo est tombée aujourd'hui : il
y a bien un problème de communication entre Wanadoo et Ovh mais
Wanadoo n'en est pas à l'origine.
Et derrière cette disparition d'e-mails, la théorie d'une simple
brouille commerciale est évoquée par l'ensemble du secteur télécoms.
"Cela fait six mois que ça dure. Ovh mène une politique de tarification
très basse et son objectif est d'obtenir de la part de Wanadoo
des accords commerciaux préférentiels, ce que l'on appelle le
peering", souligne ainsi Issam Hakimi, directeur général de
l'opérateur Transnode.
Le
peering est un accord de principe qui engage deux acteurs
télécoms à échanger leurs bandes passantes gratuitement. Sans
cet accord de peering, les sociétés doivent faire appel à
des fournisseurs de transit qui louent les lignes à des tarifs
plus élevés. Obtenir le plus d'accords de peering possible
représente donc l'un des moyens de réduire les
coûts et faire baisser les prix en bout de chaîne.
Une version confirmée par Wanadoo. "France Telecom a une
politique officielle d'éligibilité au peering. La procédure
est claire et expliquée. Ovh avait déjà fait une demande de
peering qu'ils ont renouvelée en début d'année, suite à une
demande d'informations commerciales au sujet d'Open Transit
[NDLR : la filiale de gestion de la bande passante chez France
Telecom] mais ils [Ovh] ne remplissent pas toutes les conditions
d'accès. Nous avons proposé une alternative à laquelle ils
n'ont pas répondu. Depuis, ils refusent les adresses e-mails
en provenance de Wanadoo afin de faire pression et d'obtenir
cet accord", déclare-t-on chez l'opérateur historique.
"Ovh refuse les adresses
e-mails en provenance de Wanadoo" - France Télécom |
Les termes d'accès au peering chez Wanadoo sont en effet
très stricts. "Il y a un an environ, notre trafic avoisinait
les 100 Mbits, nous ne pouvions alors prétendre au
peering avec Wanadoo car dans leurs conditions, il fallait
un débit minimum de 500 Mbits. Nous avons atteint ce type
de débit il y a six mois environ, mais ils ont alors changé
les conditions d'accès. Il faut désormais avoir une présence
nationale", confirme Octave Klaba. Or, l'hébergeur aujourd'hui
centré sur la région Ile-de-France, ne dispose pas d'une telle
couverture.
Pour Issam Hakimi, directeur de l'opérateur Transnode, "depuis plusieurs mois on assiste à une course à la baisse des prix des
principaux discounters du marché, certains allant jusqu'à proposer le Mb/s à
10 euro HT". Selon lui, ces prix sont possibles à cause de 2 facteurs principaux, "la consommation réelle - lorsque 10 Mb/s sont vendus il ne seront
consommés qu'en partie - et les accords de peering - permettant d'échanger
gratuitement du trafic".
Dans ce dernier cas, "Wanadoo est une cible très recherchée mais je ne pense pas que la prise en otage d'un opérateur représente une
quelconque solution viable dans le temps",
poursuit-il.
Pour France Telecom, cet accord d'échanges n'a tout simplement
pas d'intérêt. En effet, le peering s'établit généralement
entre acteurs de même taille afin d'échanger autant de données
dans un sens que dans l'autre. Or, selon Octave Klaba : "nous
consommons plus de bande passante que l'inverse avec Wanadoo".
Plutôt qu'un accord unidirectionnel, la direction de France
Telecom a proposé une offre de location de bande passante,
une proposition écartée par Ovh.
"Conformément à notre stratégie, nous sommes prêts à acheter
du transit mais nous voulions du peering avec", commente Octave
Klaba à propos des raisons de ce refus. En août 2004, le directeur
technique d'Ovh menaçait de recourir à la manière forte pour
régler ce différend avec Wanadoo.
"Si
on bloquait le trafic e-mail de France Telecom vers notre réseau, en 3-4
jours tout serait résolu" - Ovh |
Sur le site d'Ovh, il écrivait : "pour éviter de jouer au bras de fer et vous mettre au coeur
d'un conflit (le trafic e-mail de France Telecom vers notre
réseau représente 50Mbps en continu, si on le bloquait en
3-4 jours tout serait résolu, mais bon ...), on vous demande
de nous donner un coup de main pour faire 'passer l'information
à la personne qu'il faut' pour faire avancer les choses. Si
malgré tout, début septembre, notre requête de peering reste
toujours dans le vide, nous allons devoir passer par la méthode
forte pour se faire entendre. On espère de ne pas devoir aller
jusque là".
Pourtant, le directeur technique nie toute intention de
passer à l'acte et s'emporte dans
un premier temps. "C'est complètement faux de prétendre que
nous faisons du chantage en coupant les communications avec
Wanadoo. C'est de la diffamation",
affirmait-il dans la matinée. Recontacté dans l'après-midi, le directeur technique
d'Ovh calme alors le jeu : "si Wanadoo a pu penser qu'il s'agissait
d'une tentative de chantage de notre part, nous nous en excusons".
"Nous sommes en train de mettre en place des serveurs MX
secondaires en dehors de notre réseau pour rétablir les communications.
Il a fallu un certain temps pour monter tout ça et nous pensions
que Wanadoo aurait trouvé avant l'origine du problème", déclare
Octave Klaba. Cette solution temporaire devrait rétablir les
communications entre Wanadoo et Ovh et tend à valider l'hypothèse
de la mise en place d'une liste noire par l'un des deux acteurs.
Par ailleurs, les services de communication de Free et de France
Telecom ont démenti avoir rencontré des problèmes similaires
au niveau du service Proxad, comme nous l'affirmions hier sur la base de renseignements erronés. |
|
|
|
|