La Canam (Caisse Nationale d'Assurance Maladie des professions
indépendantes), assure plus de 3 millions de personnes au quotidien.
En 2002, l'organisme envisage de migrer son infrastructure serveur,
construite autour d'un environnement mainframe sous système
Bull Gcos 7, vers un système Unix nouvelle génération. Au total,
5 000 programmes Cobol et 15 000 JCL (Job Control Langage)
sont concernés.
"Il fallait répondre à des besoins financiers, moderniser
le socle applicatif et dynamiser le personnel en leur offrant
un socle technique plus moderne que celui dont nous disposions.
De plus début 2002, la stratégie de Bull n'apparaissait pas
de manière claire et nous nous trouvions face à un problème
de sécurité quant à l'avenir de Gcos et même du groupe Bull",
affirme Olivier Saillenfest, directeur des systèmes d'information
de la Canam.
Son
parc informatique, composé à 80% de serveurs Gcos, dispose
également de machines sous Unix IBM (AIX) et Sun (Solaris).
Composant avec un délai de mise en uvre serré de 18 mois,
la direction informatique se concentre sur une migration à
niveau de fonctionnalité égal. Dans son appel d'offre, la
Canam s'attache à un environnement cible de type Unix ou Posix.
Trois offres y répondent : Sun et Steria, Metaware et IBM,
Metaware et CapGemini.
"Dans les faits, il n'y a qu'une société qui ait bien compris
la demande. Deux offres nous entraînait sur une réécriture,
un enrichissement des applications ce qui veut dire qu'il
faudra passer par une étape de validation des besoins utilisateurs.
Le projet n'est plus exclusivement technique et les plannings
plus difficiles à maîtriser", souligne Olivier Saillenfest.
Cap Gemini sort rapidement de cette liste, suivi plus tard
par IBM.
La
migration a nécessité une implication de
la direction plus forte que prévue |
Trois critères auront été décisifs dans le choix de Sun et
Steria : le prix, deux fois moins élevé que celui de Metaware
et IBM, la compréhension du problème : c'est à dire une migration
simple sans ajout, et les délais préconisés (16 mois pour
Sun et 18 mois pour IBM). En tout état de cause, une clause
de l'appel d'offre prévoyait de faire payer au prestataire
les frais de maintenance des serveurs Gcos en cas de dépassement
des délais imposés.
La migration de Gcos vers le système Solaris de Sun débute
au mois d'octobre 2002. Une première phase s'étalant jusqu'au
mois de février 2003 a permis d'établir la liste des applications
à migrer tout en déterminant la manière de le faire. A partir
de février jusqu'en septembre 2003, des tests de migration
sur des lots pilotes ont lieu et mettent en évidence les limites
de l'outil de migration.
"Durant l'été 2003, nous sommes passés à une période de doute.
Steria, à notre avis, passait trop de temps à mettre au point
l'outil pour qu'il réalise 100% ou presque de la bascule des
composants. Cette période de doute a été suivie d'une période
de crise qui s'est soldée par un changement de directeur de
projet en interne. Le directeur adjoint et moi-même avons
conduit par la suite le projet en appuyant les décisions du
nouveau responsable. Pour tenir les délais, il a fallu admettre
qu'il faudrait réaliser 5 à 10% du code de manière artisanale",
analyse le DSI de la Canam.
En décembre 2003, la migration du lot pilote se termine et
la phase de tests débute. Elle sera effectuée par les équipes
internes puis en mai 2004, le système bascule définitivement
vers Solaris. "Il y avait encore des doutes de la part de
l'équipe projet. J'ai pris des risques tout en étant épaulé
par un gestionnaire du risque et par mon propre tableau de
bord. Les équipes ont pataugé pour essayer de faire le plus
bel outil possible. Un moment, il fallait que le management
reprenne la main pour tenir les délais", soutient Olivier
Saillenfest.
Au total, une quinzaine de personnes auront été mobilisés
par le prestataire chez le client. Le budget et la continuité
de service ont été tenus. Seul bémol, l'implication de la
direction générale plus forte que prévue. "C'est la première
fois qu'il a fallu autant s'impliquer hors an 2000 ou passage
à l'euro, ce qui s'est fait au détriment d'autres priorités",
résume Olivier Saillenfest. Les gains de performances, eux,
se situent entre un facteur 2 et un facteur 4.
Techniquement, la migration des JCL a nécessité plus de temps
que prévu en raison du peu de documentation s'y rattachant,
allongeant le processus de migration. Après étude, 80% de
ces programmes auront été supprimés. Le budget global du projet
s'élève à 3,7 millions d'euros dont 2 millions uniquement
sur la partie Steria/Sun.
Le
projet en bref
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Société
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Canam
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Secteur
d'activité
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Caisse
d'assurance maladie
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En
production depuis
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Mai 2004
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Solution
retenue
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Sun Solaris,
MTP et MBM
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Budget
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3,7 millions d'euros
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Volumétrie
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5 000
programmes et 15 000 JCL (2 millions de lignes) Cobol
au départ, 3 000 programmes et 2 000 JCL à
l'arrivée.
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