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Ari Juels (RSA Security) : "Il faut développer de nouvelles techniques de défense spécifiques au RFID"
Chercheur au RSA Labs, Ari Juels évoque les enjeux et les risques de sécurité liés à l'utilisation des marqueurs à radiofréquences, alors que les coûts et la puissance des puces limitent les fonctionnalités actuelles.  (26/05/2005)
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Dossier Innovation
Ari Juels est l'un des principaux chercheurs au laboratoire RSA Labs de la société RSA Security. Il s'occupe notamment des technologies RFID, remplaçant annoncé du code barre.

JDN Solutions. Quelles ont été vos recherches cette année dans le domaine des puces RFID ?
Ari Juels. Le travail principal pour nous a consisté à révéler une faiblesse dans une puce RFID de Texas Instrument. Elle équipait notamment les voitures de marque Nissan ou Toyota. Cette faiblesse était celle du chiffrement, qui utilisait des codes de 40 bits de longueur, une taille que nous jugeons insuffisante. Pour démontrer cette faiblesse, l'équipe de recherche a prouvé qu'il était possible de cloner cette puce et d'obtenir par un contact d'un quart de seconde seulement toutes les informations détenues dessus.

Texas Instrument a voulu garder secret son protocole cryptographique en ne livrant pas certains détails sur son fonctionnement. Il a donc fallu d'abord un certain temps afin de retrouver la formule qu'ils avaient utilisée. D'une manière générale, les chercheurs semblent d'accord pour dire qu'un protocole gagne en sécurité si son code est rendu publique de manière à ce qu'il puisse être analysé.

Je pense que cet exemple montre qu'il est dangereux de reproduire les erreurs qui ont été commises lors du développement d'Internet où la menace avait été sous évaluée. Pourtant les failles des puces RFID se révèlent plus sévères que sur Internet et peuvent coûter très chères. Il faut admettre toutefois qu'il est difficile d'une manière générale de fournir un même niveau de sécurité que sur un système plus puissant, comme les processeurs de PC de bureau ou d'ordinateurs portables, les puces RFID étant jusqu'à présent onéreuses à produire et plus limitées que des micro-processeurs en termes de puissance.

Que préconisez-vous pour sécuriser ces puces RFID ?
Je pense qu'il faut développer de nouvelles techniques de défense spécifiques au RFID. Le blocker tag que nous présentions il y a un an illustre cette nouvelle voie. Il ne se traduit pas par un surcoût dans la fabrication de la puce et fonctionne sur un principe simple : le blocker distingue par un bit dédié le cas où un lecteur souhaite accéder à une puce privée ou publique. Le lecteur envoie alors une question aux différents tags présents afin de s'assurer qu'il accède bien aux puces souhaitées.

"L'ISIO travaille en ce moment à refuser l'accès pour des lecteurs non autorisés"
Car l'un des problèmes du RFID se situe dans le fait qu'une requête de découverte du lecteur renvoie automatiquement l'identifiant unique des puces situées dans son champ d'action, ce qui nuit au respect de la vie privée. Il devient possible avec ce blocker tag d'empêcher l'envoi de cette information sans nuire au fonctionnement de la puce par la suite.

Les problèmes de sécurité issus des technologies RFID diffèrent des problèmes de sécurité rencontrés sur Internet. Si je connecte mon PC, il est potentiellement accessible par tous à condition qu'ils soient en ligne. Pour le RFID, seuls les lecteurs à courte portée ont accès à l'information. Toutefois, réduire la portée d'émission des puces n'est pas envisageable sans nuire au confort d'utilisation, même pour le consommateur. Il faut réussir à concilier la sécurité avec la simplicité dans l'utilisation.

Actuellement, il existe deux moyens pour sécuriser une carte d'identité électronique : la signature électronique et la biométrie. L'ISIO (NDLR : International Security Industry Organization) travaille en ce moment à empêcher la lecture des puces RFID par des lecteurs non autorisé. L'idée est d'avoir un contact optique obligatoire pour pouvoir lire l'information. Le gouvernement aux Etats-Unis va d'ailleurs mettre en œuvre ces techniques.

Quels sont les risques principaux de sécurité qu'engendrent ces nouvelles technologies ?
On parle beaucoup des problèmes de clonage, c'est à dire la récupération et la réutilisation des données issues des puces mais l'écoute confidentielle représente à mon avis un risque plus important. Ce qui m'inquiète, c'est le nombre de données qui seront stockées sur ces puces. Les cartes d'identité électroniques pourraient ainsi servir à plusieurs choses. En effet, il sera tentant pour l'utilisateur d'utiliser sa carte d'identité électronique lors de paiements au supermarché. L'entreprise aura alors accès à des informations très personnelles comme les derniers pays que vous avez visités, où vous habitez …

"Ce qui m'inquiète, c'est le nombre de données qui seront stockées sur ces puces"
Pour l'instant, ce sont les gouvernements uniquement qui utilisent ces données dans les projets de passeports numériques aux Etats-Unis et en Europe. Mais si on manque de sécurité dans ce domaine, il sera facile de pister quelqu'un. Malgré tous ces problèmes, je pense que les puces RFID rendront service au consommateur mais il faut s'assurer de leur sécurité. La différence, je l'espère, vient du fait qu'Internet nous a beaucoup appris en termes de menace.

Je ne pense pas que le frein à la biométrie soit relatif à son efficacité ou à son aspect intrusif mais plutôt au fait qu'il n'y ait pas, à l'heure actuelle, de dispositif intéressant la mettant en œuvre. Lorsque tout le monde utilisera des passeports électroniques, la biométrie se répandra. Mais il y a là encore, des problèmes de sécurité dont certains ne tiennent pas compte. D'une manière générale, on a tendance à penser que la carte d'identité électronique ne doit pas être conservée dans une sphère privée et peut être rendue publique comme lors d'un paiement en magasin.

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Cette idée se vérifie car si l'on rattache un visage à une carte et sa photo, il n'est plus possible d'usurper l'identité d'une personne en lui volant son bien et en rendant anonyme la photo. Toutefois, cela ne fonctionne plus lorsqu'il s'agit de s'introduire dans un ordinateur en utilisant sa puce RFID car lui n'analyse pas le physique de la personne. Un autre intérêt de conserver cette carte dans une sphère privée tient au fait que personne ne pourra récupérer la photo pour la falsifier.

 
 
Yves DROTHIER, JDN Solutions Sommaire Sécurité
 
 
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