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Wimax, CPL, satellite : quelle technologie pour concurrencer l'ADSL ? |
Apparu
tardivement, le Wimax soutenu par Intel laisse perplexes les
professionnels de l'accès haut débit alternatif. La régulation
et la concurrence joueront les arbitres entre les différentes
solutions.
(21/07/2005)
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Les chiffres publiés par l'Autorité de Régulation des Télécoms (ART) sont éloquents
: sur les 6,5 millions d'abonnements haut débit que comptaient
la France en avril 2005 (lire l'article
du 03/05/2005), près de 93% proviennent de solutions ADSL.
Pour les non-abonnés ADSL, la quasi-totalité (99,2%) des clients
hauts débits ont finalement choisi la technologie du
câble.
Pourtant les alternatives ne manquent pas, entre la boucle locale
radio (BLR),
le WiFi,
le CPL,
le Wimax,
le satellite, les réseaux
3G et la fibre optique, les acteurs du haut débit cherchent
encore à concurrencer et pourquoi pas à remplacer l'ADSL. En
effet, la technologie qui utilise les réseaux téléphoniques
n'est pas exempte de défauts.
Tout
d'abord du point de vue de la couverture avec plus de 10% de la population
française non couverte car géographiquement trop dispersée.
Second défaut, ses débits aujourd'hui limités dès que l'internaute
s'avère trop éloigné du central téléphonique. Aussi pour beaucoup
l'ADSL 2+ et a fortiori le VDSL ne seront jamais une réalité.
Le débit montant impose également certaines limites car il n'excède
que rarement 256 Kbits/s, ralentissant l'envoi d'images ou de
vidéos hautes définitions par exemple. Enfin, la maigre concurrence
en zones rurales ou sur des portions jugées peu rentables profite
à l'opérateur historique, France Telecom, qui détenait 48% du
marché de l'ADSL grand public selon l'ART au mois d'avril 2005,
et fait ainsi varier les prix et les conditions de l'offre selon
les régions.
Aux
Etats-Unis, le CPL séduit des groupes comme Google
et IBM |
Qui peut donc prendre la place de la technologie N°1 du haut
débit en France ? Le Courant Porteur en Ligne ou CPL, solution
qui consiste à remplacer la ligne téléphonique de l'ADSL par
les lignes électriques compte de sérieux atouts dont sa disponibilité
immédiate auprès de la quasi-totalité des foyers. Contrairement
à l'ADSL, le CPL fournit des débits symétriques (ex : 2 Mbits
au téléchargement pour 2 Mbits en émission).
Aux Etats-Unis comme en France, le CPL a fait parler de lui
ces derniers mois. Ainsi, le moteur de recherche Google a participé
à hauteur de 100 millions de dollars dans la société Current
Communications, spécialisée dans l'accès Internet via CPL, par
l'intermédiaire d'un groupe d'investisseurs privés. IBM s'est
aussi illustré par un projet conjoint mené avec CenterPoint
pour fournir le haut débit par CPL à 220 habitations proches
de Houston.
En France, cette technologie a dépassé le stade de l'expérimentation
et en avril dernier, le ministre délégué à l'industrie, Patrick
Devedjian, a levé le caractère expérimental de la technologie,
jusqu'ici limitée à des déploiements pilotes en région ou en
entreprise. "Le CPL est réellement adapté aux communes regroupées
car sinon la technologie nécessite de trop nombreux répéteurs.
Un autre problème vient de l'état des lignes électriques qui
en pratique ne permettent pas toujours d'obtenir les 11 Mbits
théoriques", explique Stéphane Pau, initiateur du projet Ariane
référençant les différentes offres d'accès Internet
A l'heure actuelle, le développement du CPL comme alternative
à l'ADSL se trouve freiné par les attributions d'EDF, propriétaire
du réseau électrique à haute tension et non autorisé à vendre
des accès Internet. Par conséquent, le CPL se limite actuellement
au simple réseau local, ce qui l'oblige à faire face au WiFi.
Moins chères à produire car adressant un marché de masse, les
puces WiFi autorisent par ailleurs une plus grande mobilité que
l'Internet par la prise électrique.
Le
cadre juridique du Wimax en France évolue |
"Dans un même bâtiment, il est souvent plus facile et plus sécurisé
d'utiliser le CPL que le WiFi. Toutefois, dans le cas où un
client souhaite avoir du WiFi pour ses terminaux mobiles, ce
choix peut être revu. Le coût du CPL par rapport au WiFi est
à relativiser face aux coûts de la sécurisation de ces réseaux",
affirme Yves Tevonian, PDG de Sat-isfaction, société spécialisée
dans le déploiement de l'Internet par satellite.
Autre technologie prometteuse sur le papier, le Wimax s'est
progressivement installé en France suite aux initiatives des
départements de l'Oise ou de la Vendée mais reste encore très
limité dans les faits. Et pour cause, malgré des débits théoriques
de 54 Mbits sur une portée de 50 Km, les licences ne sont aujourd'hui
distribuées qu'au compte goutte. Dernièrement, l'Arcep - ex-ART
- a recommandé une disposition permettant d'autoriser deux nouvelles
licences Wimax par région (lire l'article
du 07/07/2005).
"Le Wimax peut remplacer à terme le satellite. Toutefois, le
coût d'un émetteur/récepteur Wimax est encore assez important
aujourd'hui. Altitude Telecom et LDCollectivité, deux opérateurs
Wimax, ont ainsi demandé aux communes et aux régions de s'engager
pour diviser les frais. Mais là où le satellite atteint sa limite
autour de 8 Mbits, le Wimax autorise jusqu'à 54 Mbits de débits",
analyse Stéphane Pau.
Reste que le Wimax conserve encore le statut de technologie
immature en raison du manque de standardisation actuel. Plus
d'une dizaine de spécifications ont été jusqu'à présent proposés
sans qu'aucune n'émergent définitivement. Selon les spécialistes,
un émetteur/récepteur coûte entre 8000 à 10 000 euros, un prix
auquel il faut ensuite ajouter celui de la bande passante. Toutefois,
le Wimax compte un soutien de poids en la personne d'Intel qui
pourra l'intégrer dans toutes ces puces et faciliter ainsi sa
démocratisation.
"L'attribution
des licences Wimax n'est pas suffisamment clarifiée"
Sat-isfaction |
En France, la principale barrière à franchir sera celle des
autorités de régulations. "L'attribution des licences Wimax
n'est pas suffisamment clarifiée et cela guide le choix des
collectivités locales et des opérateurs. Si les coûts de licences
sont trop élevés, ce sera un véritable frein pour le développement
de cette technologie", insiste Yves Tevonian.
En attendant, la part belle est donc faite au satellite pour
couvrir l'ensemble des sites insuffisamment couvert par l'ADSL.
Pourtant, l'Internet par satellite comporte encore de nombreux
défauts : un temps de réponse (ping) très élevé qui réduit l'usage
d'applications comme la vidéo-conférence ou la voix sur IP et
un coût encore plus élevé que l'ADSL dans le cas de liaisons
partagées. Mais il a pour lui la facilité d'installation d'une
ligne, en moyenne d'une journée, et sa couverture - 100%
du territoire.
Des initiatives telles que celles du CNES (lire l'article
du 06/12/2004) ou le développement du marché à l'international,
notamment en Europe de l'Est, en Asie ou en Afrique pourraient
permettre d'envisager une baisse des prix de gros et un retour
en force de ces solutions à l'avenir. L'Etat aura de toute manière
un rôle primordial à jouer dans le développement ou non
de ces solutions alternatives.
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