Selon le cabinet d'études IDC, les disques durs représenteront
plus de 50% de l'ensemble des espaces de stockage d'ici 2009.
De 2004 à 2009, le cabinet d'études anticipe une croissance
du marché de 22,6 à 26,3 milliards de dollars. Les diverses
réglementations sur la conservation des données jouent d'ailleurs
en sa faveur car le disque s'attache désormais à conquérir de
nouveaux marchés.
Traditionnellement dédiée à la sauvegarde et l'archivage, la
bande magnétique a vu le disque gagner du terrain sur son secteur
au cours des dernières années. "Les analystes ESG [NDLR : Enterprise Storage Group] prévoient d'une
année sur l'autre une progression de 170% de l'archivage sur
disque, 55% pour l'archivage sur bandes et une régression d'une
année à l'autre pour l'archivage optique", commente Ramine Porouchani,
directeur technique de NetApp France.
La
raison de ce succès soudain tient à la combinaison de plusieurs
facteurs. Tout d'abord la baisse des prix des disques durs et
l'augmentation de leur taille en Go offrent aux entreprises une
capacité de stockage intéressante, même si parallèlement les
besoins en stockage ont également évolué. Autre atout, les technologies
disques offrent des temps d'accès, de lecture et d'écriture
très performants par rapport aux solutions optiques ou mêmes
aux bandes.
"Le temps moyen d'accès d'une information en milieu de bande
se situe entre 40 et 50 secondes contre quelques millisecondes
pour les disques. Toutefois, la vitesse d'écriture des bandes
devient presque comparable aux disques. Le format LTO 3 autorise
une vitesse de 80 Mo/s", note Christian Gremaux, chef de produit
stockage chez HP France.
L'offre
logicielle en sauvegarde sur disque s'est adaptée |
Avec un temps d'accès rapide, le disque redonne des couleurs
à la sauvegarde incrémentale, jusqu'alors oubliée sur bandes
car en éparpillant les données, elle multipliait les temps d'accès
très longs. Or, sur disque la sauvegarde incrémentale permet
d'optimiser sa capacité de stockage et ainsi minimiser le volume
de données archivées. Autre atout de taille, le disque bénéficie
des systèmes de protections RAID capables d'assurer une restauration
rapide d'un disque en panne.
"Au niveau logiciel, l'offre s'est aussi adaptée. Il y a quelques
années, il n'était pas possible d'envoyer des données d'un disque
à l'autre sans transformer l'information. Cette technique facilite
l'externalisation via une réplication des données sur un site
distant", explique Ramine Porouchani. Autre évolution logicielle,
les systèmes de sauvegarde sur disque (comme sur bandes) tolèrent
désormais l'écriture unique ou Worm (Write Once Read Many) afin
de répondre aux contraintes légales de stockage ou d'archivage.
Enfin, les librairies de stockage sur bandes imposent une lecture
séquentielle et non partagée comme sur un disque.
"Par conséquent, une entreprise peut voir sa machine
immobilisée par une lecture en cours pendant des heures",
déclare Fabrice Gourlay, directeur technique d'Adic pour
la France, le Belgique et le Bénélux.
Si ces atouts expliquent en majeure partie le démarrage de la
sauvegarde sur disque, le média possède encore un certain nombre
de défauts dont son prix. "Si j'observe la liste de nos prix
au mois de juin, une cartouche LTO 3 coûte 15 centimes au gigaoctets
contre 1,5 euro pour un disque 250 Go SATA", affirme Christian
Gremaux. Un rapport 10 fois supérieur amplifié par le surplus
engendré par le RAID et les éventuels sites secondaires
mais minimisé par la sauvegarde incrémentale.
La
durée de vie et le coût des disques en limitent
encore l'usage en grande quantité |
Autre inconvénient des disques, la durée de vie (10 ans en moyenne)
n'atteint pas celles des médias optiques (100 ans) ou des bandes
magnétiques (30 ans). Augmenter la densité des disques fragilise
aussi leur durée de vie. Enfin, contrairement à l'optique ou
à la bande, les disques ne se transportent pas aisément d'un
site à l'autre à cause de leur encombrement.
Pour toutes ces raisons, la sauvegarde complète sur disque reste
encore minoritaire. En revanche, le disque devient l'allié de
la bande magnétique en la complétant via les systèmes de librairies
virtuelles ou VTL (lire l'article
du 06/07/2005). "Le VTL consiste à prendre 10% des données
les plus récentes sur disques, sachant que 90% des restaurations
s'effectuent sur la dernière sauvegarde. A partir de là, les
90% restants iront sur bandes", ajoute Christian Gremaux.
L'entreprise minimise ainsi ses coûts de stockage et sa fenêtre
de sauvegarde. Pour les sociétés habituées
au stockage sur bandes, le VTL possède l'avantage de
conserver le processus habituel de l'entreprise en introduisant
de façon transparente les disques. "On peut aussi
imaginer un système de sauvegarde à deux vitesses
: la sauvegarde critique en termes de délais assurée
par des technologies disques et les sauvegardes traditionnelles,
de type bureautique, réalisées via les bandes",
précise Fabrice Gourlay.
Ainsi, la bande conserve pour elle sa capacité de
stockage (près de 800 Go sur une cartouche en mode
compressé) et son prix. A l'inverse, le support optique
ne dispose plus que de sa durée de vie pour s'imposer.
Son prix de 50 centimes au gigaoctet, sa capacité de
9 Go pour un DVD et sa fiabilité restent en dessous
des performances affichées par les bandes ou les disques.
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