Sur un marché des PC en forte hausse (+17% en volume au troisième
trimestre selon IDC et Gartner), les volumes liés au commerce
B to B continuent de battre des records année après année. Ainsi,
selon les chiffres d'IDC sur l'année 2004, 115 millions de PC
étaient destinés aux entreprises, soit près de deux tiers des
ventes totales pour une croissance de 16,2% en un an.
Paradoxalement, les experts s'accordent à dire que la durée
de vie moyenne d'un PC en entreprise est en augmentation, de
36 à 48 mois pour du matériel destiné à la bureautique
et de 24 à 36 mois pour du matériel spécialisé. Cependant, lors
d'un renouvellement, les sociétés n'hésitent plus à procéder
à un changement massif des postes. Deux évolutions majeures
qui s'expliquent par de nombreux critères.
En
premier lieu, la baisse du prix des équipements a influé notablement
sur le prix d'achat moyen du PC, les entreprises disposant aujourd'hui
pour 500 euros d'une machine aux performances confortables.
"L'entreprise subit moins d'évolutions technologiques aujourd'hui
que lors dans la dernière décennie où les nouvelles versions
de Windows se sont enchaînées régulièrement par exemple. A cette
époque, les sociétés avaient la possibilité de faire durer un
PC plus longtemps en y ajoutant des composants", analyse Daniel
Botella, responsable marketing gestion de parc chez ECS.
"Or actuellement, le prix a tellement baissé et les postes étant
relativement bien calibrés pour supporter Windows XP avec des
applications bureautiques, l'entreprise peut allonger le cycle
de vie à 48 mois sans difficultés. Elle s'évite alors
d'intervenir pendant la durée de vie du produit car le coût
d'une mise à jour devient disproportionnée par rapport à l'investissement",
constate Daniel Botella.
Un
cycle de vie qui s'allonge et des opérations de
plus en plus massives |
Hormis la baisse des prix des machines, les entreprises font
face à des budgets informatiques toujours étroits où le matériel
doit se faire une place parmi les autres fonctions du système
d'information.
Or, lors d'une opération de renouvellement,
le coût d'achat n'est qu'une des composantes de l'investissement
auquel vient s'ajouter le pré-projet (recueil des besoins
utilisateurs en terme de personnalisation du parc, étude des
conditions de déploiement et des impacts
) et la partie post-projet
(support, maintenance). Multiplier les opérations de renouvellement
engendre donc une augmentation du prix unitaire des PC préjudiciable
au reste du budget informatique.
A l'inverse, de nouveaux facteurs viennent accélérer le délai
de renouvellement. "Il y a une constante recherche du ROI
de la part des directions informatiques. Cela signifie qu'en
cas de déménagement ou réaménagement de l'entreprise, le directeur
informatique sera plus enclin à opérer un renouvellement
massif.
Ce mouvement est soutenu par les opérations de concentrations
de grande envergure qui se multiplie", affirme Jacques Gourseaud,
directeur commercial du groupe Infodys.
Mais cette rationalisation conduit aussi les directions informatiques
à recycler parfois leurs anciens postes dans l'entreprise
ou à repousser un renouvellement en attendant une migration
ou un déploiement d'applications généralisé. Cependant, un
autre phénomène favorise les migrations de masse : la mondialisation
de l'économie et le développement des réseaux internationaux.
L'homogénéité
conduit à des migrations ciblées par métiers |
"Des sociétés qui avaient autrefois un terrain de jeu local,
regardent maintenant à l'international. Pour passer à la vitesse
supérieure, elles peuvent anticiper des renouvellements massifs
de leur parc", soulignent Bruno Boucq et Frédéric Notté, respectivement
vice-président et responsable infogérance chez Unisys France.
Cette combinaison de facteurs poussent logiquement les directions
informatiques à une industrialisation de la gestion du renouvellement
des PC afin de rationaliser leurs dépenses. "Le marché s'est
resserré au niveau du choix des constructeurs et des gammes
de produits en raison d'une standardisation des postes dans
l'entreprise par fonction. La personnalisation logicielle
est plus contrôlée que par le passé", ajoute Jacques Gourseaud.
Cette segmentation du parc, effectuée soit par métiers soit
par pays, simplifie par la suite l'administration et le support
des PC et permet à la direction informatique d'opérer des
migrations de masse ciblées, ceci afin d'étaler et de mieux
préparer les budgets.
"Face à l'évolution, on trouve trois catégories d'organisations
: le mode passif, réactif ou proactif. Dans le premier cas,
le renouvellement est un événement piloté par le temps comme
une fin de vie du produit. Le deuxième mode correspond à une
évolution non planifiée, un incident ou une demande utilisateur.
Enfin, dans le mode proactif, l'entreprise anticipe les évolutions
métiers nécessaires et prend à bras le corps la gestion du
TCO. Par le passé, les entreprises se sont souvent retrouvées
débordées, elles recherchent maintenant des processus
industriels", note Daniel Botella.
Les
portables et les postes clients Linux profitent du renouvellement |
Et les DSI demeurent plus que jamais pragmatiques. Les nouvelles
technologies à l'image des écrans plats, de l'apparition des
lecteurs CD ou DVD, des souris optiques, n'ont généralement
pas d'incidence sur une migration de parc.
En revanche, l'apparition
de nouvelles applications métiers ou des montées de versions
logicielles constituent des facteurs décisifs dans les choix
de procéder ou non à une évolution du
parc.
A l'heure actuelle, les opérations de renouvellement des
PC en entreprise profitent surtout aux ordinateurs portables.
"Pour bénéficier du WiFi installé dans l'entreprise,
certains postes fixes sont changés en portables. Ils offrent
à l'entreprise une plus grande agilité par leur facilité de
mouvement, leur encombrement moindre et les économies qu'ils
permettent de réaliser.
En effet, avec des portables, l'entreprise
peut proposer un système de hot desking, c'est à dire un parc
où les PC ne sont pas individuellement affectés à un employé",
expliquent Bruno Boucq et Frédéric Notté. Selon les cabinets
d'études, il s'écoule aujourd'hui 2 postes fixes
pour 1 portable dans le monde. Il y a 5 ans, les portables
ne représentaient que 15% des ventes.
Une autre catégorie profite de ces opérations : les postes
clients sous Linux. Ce phénomène, surtout visible dans l'administration,
se généralise petit à petit dans les pays émergeants. Malgré
ces innovations, il faut remonter à l'an 2000 pour voir la
dernière évolution de masse des postes clients en entreprise,
selon les spécialistes. Une état de fait qui s'explique
par l'aspect cyclique des nouvelles technologies matérielles
et logicielles.
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