2006 ne s'annonce pas vraiment sous les meilleures auspices en ce qui concerne la poursuite de la croissance des dépenses informatiques.
"Bien que 41% des grandes entreprises françaises
estiment que leur activité devrait être profitable - ou encore meilleure qu'en 2005 -, cela ne semble pas devoir se traduire dans l'évolution de leurs dépenses informatiques en 2006", prévient Manuel Angel Méndez, analyste associé au Forrester's European Business Technographics program.
Ainsi, la croissance des dépenses informatiques attendue pour 2006 ne devrait pas dépasser le demi-point, soit 0,4%, selon l'analyste de Forrester. Une prévision partagée par le cabinet Gartner dans des proportions sensiblement identiques (0,5%).
2006 se présente donc comme une année atone pour la France en matière de dépenses informatiques, alors que la croissance mondiale devrait, elle, s'élever à 4,1%, d'après les prévisions de Gartner de janvier 2006. La comparaison avec le taux de croissance entre 2004 et 2005 enregistré en France, tout comme les évolutions comparées des dépenses sur 2006 entre la France et ses principaux homologues européens, sont sans appel.
"La croissance de la dépense informatique de l'entreprise
dépend de la conjonction favorable de trois facteurs : les indicateurs
macroéconomiques, les indicateurs propres à l'entreprise - notamment sa
profitabilité et son positionnement par rapport à la concurrence -, ainsi que
sa volonté d'innovation technologique", rappelle Manuel Angel Méndez.
La France décroche par rapport à ses voisins européens |
Des conditions qui semblent avoir été réunies en 2005 puisque la croissance des dépenses informatiques s'établissait alors aux alentours des 3,6%.
Mais qui ne le seront sans doute pas en 2006.
Et l'analyste de poursuivre : "A titre de comparaison, la croissance des dépenses informatiques au
Royaume-Uni a atteint les 5,7% en 2005. Elle devrait tout de même s'établir
aux alentours des 2,3% en 2006".
Du côté du cabinet Gartner, les prévisions sont similaires. La France apparaît comme le mauvais élève parmi les principaux pays européens. Elle est en effet largement distancée par l'Allemagne (+6,4%) et le Royaume-Uni (+3,8%).
Evolutions prévisionnelles comparées des principaux postes de dépenses informatiques en Europe - 2005/2006
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Dépenses IT globales
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Matériels
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Logiciels
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Services
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Télécoms
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Europe
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3%
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(3,9)%
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(0,5)%
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4,4%
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1,5%
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Allemagne
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6,4%
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1,6%
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(5,7)%
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=
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3,6%
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France
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0,5%
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(4,8)%
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(4,2)%
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1,4%
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=
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Royaume-Uni
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3,8%
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=
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5,2%
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(2,3)%
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(4,2)%
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Source : Gartner, décembre 2005
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En termes de répartition des dépenses, seul le poste des services informatiques semble tirer son épingle du jeu (+1,4%), alors même que Jean
Mounet, président du Syntec, entrevoit de son côté une croissance plus optimiste, calquée sur celle de 2005 et comprise entre 6% et 7%.
"La rationalisation des infrastructures va tirer les dépenses informatiques" (Manuel Méndez - Forrester) |
Mais la baisse de la croissance des dépenses informatiques pourrait n'être que temporaire. "La croissance des dépenses IT est intimement liée à la centralisation ou à la décentralisation des services infromatiques", précise Manuel Angel Méndez.
"Plus de 75% des entreprises françaises ont déclaré reposer sur une informatique centralisée, qui nécessitera des dépenses en termes d'automatisation et de rationalisation des infrastructures, et se traduira par une hausse des dépenses informatiques en 2007 et 2008".
"En France, les secteurs qui ont consacré la part la plus importante de
leurs revenus aux dépenses informatiques sont la finance et l'assurance
(7,6%), la distribution (6,5%), le secteur public suivant de près (6,4%)", poursuit Manuel Angel Méndez.
Même si elles consacrent une part relativement plus faible de leurs revenus à la dépense informatique, les administrations contribuent à tirer vers le haut la croissance des dépenses informatiques.
Ainsi, Selon IDC, dans son étude réalisée conjointement avec Oracle ("L'informatique dans le secteur public en France"), la croissance des dépenses de ce secteur a surperformé la dépense informatique française, avec une évolution de près de 7% pour un montant total de 7,2 milliards de dollars.
"Les dépenses en matière de sécurisation informatique et de projets SOA seront significatives d'ici les deux ou trois prochaines années, sans pour autant que les dépenses liées aux logiciels et aux services déclinent", conclut l'analyste de Forrester.
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