ENQUETE 
 
Norbert Cohen
Directeur général adjoint
Euriware
Norbert Cohen
"La réduction des coûts n'est plus le but premier de la mise en place d'une supply chain"
Investissements sectoriels, tendances du marché, meilleures pratiques pour déployer une gestion de la chaîne logistique... le point avec le directeur général adjoint de la SSII.
03/04/2006
 
JDN Solutions. Quel est l'historique du concept de supply chain ?
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Norbert Cohen. Le concept de supply chain a d'abord été introduit en 1984 aux Etats-Unis, puis en Europe quelques années plus tard. Ce n'est qu'en 1994 que ce concept est apparu en France. La notion de "supply chain management" s'oppose à celle de "supply chain", dans la mesure où elle prend en considération l'aspect pilotage de la fonction logistique.

Auparavant, les préoccupations étaient essentiellement orientées vers les entrepôts et le transport, alors qu'aujourd'hui, la gestion unifiée des flux tant physiques qu'informationnels permet d'anticiper l'activité pour mieux la gérer.

Le supply chain management permet une adéquation de l'offre par rapport à une demande en déterminant, par exemple, un nombre adéquat d'entrepôts. Elle repose notamment sur des logiciels de décision stratégique ou d'advanced planning scheduling - APS - tandis que la supply chain est centrée sur l'exécution, la gestion du transport et de l'entrepôt physique.

Quelles sont les évolutions de la chaîne logistique ?
Dans le passé, le travail portait essentiellement sur les stocks, alors qu'aujourd'hui on gère les deux types de flux. Les objectifs sont d'aller vers plus de transparence, de visibilité et de sécurité et d'étendre la collaboration entre les différentes acteurs des flux logistiques, qu'ils soient clients, fournisseurs, distributeurs ou encore partenaires.

La réduction des coûts n'est plus le but premier de la mise en place d'une supply chain. Il est devenu essentiel de penser d'abord agilité, réactivité et efficacité avant la performance économique. Et les technologies sont des supports à cette nécessité.

Quels sont les chiffres clés du marché ?
Le marché mondial de la supply chain se monte à 6 milliards de dollars"
Depuis deux ans, nous observons une reprise des investissements dans les solutions d'APS et nous estimons à 40% le pourcentage d'entreprises qui en seront équipées d'ici les cinq prochaines années.

Le marché de la supply chain est évalué autour des 6 milliards de dollars dans le monde et pèse pour près de 1,5 milliard de dollars en Europe. Le marché des Warehouse Management System - WMS - est aussi en croissance, il connaît une évolution de 5 % par an, tirée essentiellement par un marché de renouvellement.

Les investissements dans la gestion du transport devraient croître également, mais dans des proportions légèrement plus faibles avec d'abord une demande émanant de l'Asie, puis de l'Europe et enfin des Etats-Unis, déjà suréquipées en la matière.

Quels conseils donner à une entreprise pour réussir son projet de supply chain ?
Il est possible d'identifier cinq facteurs clés de succès. Tout d'abord, d'un point de vue tactique, il faut un exécutif sponsor ayant une vision transverse de l'organisation et de ses processus alors qu'aujourd'hui encore nombre de dirigeants ont une vision par silos des activités de l'entreprise.

Ensuite, le suivi des indicateurs de performance est essentiel, même s'il convient de garder à l'esprit qu'ils sont fournis à un instant donné, dans une situation et un environnement de production et de demande particuliers, et ne sont en aucun cas figés dans le temps.

La nécessité de réaliser le changement - avec des objectifs bien définis et à échéances rapprochées, n'excédant pas six mois - est également préconisée. L'activité de la supply chain est un domaine où il faut casser des murs et faire preuve d'une ouverture d'esprit pour être capable de remettre en cause l'existant. Si un seul de ces facteurs n'est pas bien abordé, l'entreprise va droit à l'échec.

Quels sont les secteurs les plus concernés par la mise en place d'un démarche de supply chain management ?
Les technologies de reconnaissance vocale et visuelle sont de réelles innovations"
Les secteurs de la grande distribution, de l'agro-alimentaire ne sont pas égaux devant la prévisibilité de la demande. Il faut réussir à éviter la redondance des stocks, grâce à une démarche de gestion des aléas pour améliorer le taux de service. Concilier faible stock et bonne qualité de service, tout en réduisant le nombre et donc les coûts des retours à vides, en optimisant l'espace de stockage sont quelques uns des enjeux cruciaux du supply chain management.

La réduction des temps de cycle engendre naturellement une réduction du coût global de la supply chain, révélatrice avant tout d'une problématique de transformation d'entreprise et de gestion du changement.

Bien sûr, il faut plus d'un entrepôt et d'une usine pour être concerné par la mise en place d'une démarche de supply chain, l'idée étant de parvenir à anticiper de la meilleure façon possible la demande. Et si possible à 100%.

Lorsqu'une activité est faiblement prévisible, l'entreprise doit mettre en œuvre des moyens pour améliorer cette prédictibilité. L'un des modules clés d'une supply chain repose alors sur la gestion des aléas - ou event management - doté de fonctionnalités de prévision avancées.

Comment s'inscrivent les technologies informatiques dans cette démarche ?
Au niveau stratégique, on trouve des technologies de type programmation linéaire ainsi que des outils de simulation dotés d'une couche de recherche opérationnelle. Concernant le domaine de l'exécution et la gestion des entrepôts, les techniques de radiofréquence, de codes barres et de RFID sont incontournables. Mais les technologies de reconnaissance vocale et visuelle, comme les caméras embarquées pour la lecture automatique des palettes, sont de réelles innovations.

La notion de collaborative planning forecasting and replenishment, qui consiste à définir des plans de production et de réapprovisionnement sans que le client ne passe commande, transforme le système d'information et ce, bien que cette logique concerne uniquement des activités où les fréquence de production et de réapprovisionnement sont clarifiées et hautement prévisibles.

  Enquête
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En se calquant sur l'existant, le progiciel de gestion intégrée montre alors ses limites. Etendre la collaboration entre clients et fournisseurs afin de partager plus efficacement l'information sur une seule et unique chaîne de valeur ne peut se faire avec seulement un progiciel de gestion intégré mais avec l'apport des solutions packagées dites best-of-breed.

 
Propos recueillis par Dominique FILIPPONE, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Norbert Cohen, 53 ans, est directeur général adjoint du groupe Euriware. Il est également directeur associé de PEA Consulting, branche conseil de l'intégrateur en systèmes d'information.

Il est titulaire d'un MBA (HEC paris) et ingénieur en informatique (Conservatoire des Arts et métiers).

1997 Il a été en charge du développement des activités européennes de Manugistics et directeur général de Logic line Consultant et de CLE 128.
1976 Responsable du service logistique d'Alstom Atlantique puis directeur de l'organisation et de l'informatique au sein de Mazda Automobiles.

Il est également vice-président et administrateur de l'association française de logistique (ASLOG) et membre du comité logistique militaire (CLM).

   
 
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