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| L'Estonie : l'administration en ligne comme fer de lance |
| L'Estonie est le premier pays au monde à avoir mis en place un système de vote électronique. Si la performance des procédures administratives est avérée, il n'en va pas de même pour le commerce en ligne.
(28/04/2006) |
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Depuis sa prise d'indépendance politique en 1991, l'Estonie a mis en œuvre un programme de modernisation reposant en grande partie sur les technologies de l'information et de la communication (TIC).
Dans ce pays balte comptant près d'1,4 million d'habitants, le secteur des TIC a généré - selon les dernières données issues de la mission économique en Estonie (MINEFI) - un chiffre d'affaires de 547 millions d'euros (en augmentation de plus de 13%), représentant tout de même 13,5% du PIB national.
Ayant su tirer partie des investissements concédés par ses voisins suédois et finlandais au début des années 90, l'état s'est engagé très tôt dans une politique massive en matière d'équipement et d'infrastructure réseau et de télécommunication. Au point de faire désormais jeu égal avec d'autres grands pays européens, dont la France ?
C'est en tout cas ce qui ressort du
dernier classement réalisé par le Forum économique mondial (Global Information Technology Report) publié fin mars 2006 et qui fait état de l'avancement des pays en matière de nouvelles technologies de l'information.
En effet, l'indicateur NRI (Networked Readyness Index) confirme la vigueur de l'Estonie en la matière et hisse le pays à la 23ème place mondiale (+2 points par rapport à 2004) juste derrière...la France - qui, elle, recule de deux points. On constate également que l'Estonie
se situe loin devant ses voisins, léton (51ème, +5 points) et lituanien (44ème, -1 point).
| Plus de la moitié de la population estonienne accède à l'Internet |
C'est dès 1995 que l'état estonien met en place un vaste programme baptisé Tiger Leap (le saut du tigre), visant notamment à équiper
l'ensemble des écoles du pays de points d'accès Internet. Pari réussi aujourd'hui, d'autant que plus de la moitié de la population estonienne accède à Internet, et que le taux d'équipement des ménages avoisine les 30%.
Parmi les acteurs de l'industrie des nouvelles technologies, citons notamment les fournisseurs d'accès Elion, Starman et STV ainsi que le distributeur de solutions informatiques professionnelles GNT Estonia, filiale de GNT Group (1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2005). Le pays dispose en outre
de près de 700 points d'accès gratuits à l'Internet en haut débit, dont 250 dans la capitale, Tallinn, qui s'octroie par la même occasion une place dans le top 10 des capitales du monde les mieux équipées, au côté de Londres et de Tokyo.
C'est d'ailleurs également à Tallinn que Microsoft - avec le soutien de l'UNESCO - a réuni les 11 et 12 avril dernier un forum des enseignants innovants, dont le volet en ligne (Innovative Teachers Network) constitue la pierre angulaire. Axé sur des portails
de communautés virtuelles en ligne, il permet aux enseignants de partager des plans de cours, des ressources pédagogiques ou encore de participer à des forums.
Mais
au-delà
du cadre éducatif, c'est celui du développement des procédures administratives en ligne qui demeure également au centre des préoccupations des dirigeants politiques et institutionnels. Ainsi, le pays a franchi en novembre 2005 une nouvelle étape significative en matière de citoyenneté électronique en offrant la possibilité à ses électeurs - lors d'un scrutin municipal - de voter directement en ligne.
| 78% des estoniens ont déclaré leurs revenus en ligne en 2004 |
Le procédé, hautement sécurisé, repose sur trois éléments distincts : une carte d'identité électronique - en vigueur depuis 2001 - pourvue d'une signature électronique, un lecteur de carte à puce ainsi qu'un code d'accès adossé à la carte d'identité. A ce jour, pas moins de
850 000 cartes d'identité électroniques ont été mises en
circulation.
L'administration en ligne, particulièrement développée, est aussi - voire plus - mature qu'en France. Ainsi, des formulaires officiels peuvent être transmis par voie électronique et signés numériquement, à l'image de la télédéclaration qui bénéficie d'un taux d'adoption élevé : 78% des estoniens ont déclaré leurs impôts via Internet pour l'année 2004.
Les réunions du conseil des ministres n'échappent pas non plus à la tornade numérique car depuis trois ans, elles sont intégralement retransmises sur le Web.
L'usage des nouvelles technologies s'est également étendu à la vie courante, comme pour le transport, où il est ainsi possible de régler son ticket de parking ou de bus par l'intermédiaire de son téléphone portable. Rien
d'étonnant dans un pays où le taux d'équipement en matière de téléphones portables atteint les 63%.
Parmi les structures de recherche et de développement en matière de technologies de l'information, citons l'Estonian Information technology College qui a pour vocation de former la future matière grise informatique...ce dont le pays ne manque pas, puisque des applications aussi emblématiques que Skype (voix sur IP) ou bien KaZaa (réseau Peer to Peer), sont issus de cerveaux
estoniens.
Notons toutefois la place marginale occupée par le commerce en ligne qui ne parvient pas encore à séduire tant le grand public que les entreprises. Ainsi, seulement 7% des estoniens ont effectué un achat en ligne en 2005 alors que le commerce BtoB via Internet n'a séduit qu'à peine 10% des entreprises, selon les dernières statistiques publiées par l'Eurostat au début du mois d'avril 2006.
Pour l'heure, il semble bien établi que la citoyenneté électronique s'avère
être beaucoup plus en avance que celui du commerce en ligne.
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