TRIBUNE 
PAR GUILLAUME PLOUIN
Enterprise 2.0 : vision d'avenir ou fumisterie ?
Le modèle économique Web 2.0 - très BtoC - est-il applicable à l'entreprise ? Les questions de la qualité de service et de l'intégrité des données se posent en effet.  (01/06/2006)
 
Responsable veille technologique, chez SQLI
 
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SQLI

Depuis l'article fondateur de Tim O'Reilly en septembre 2005, le Web 2.0 a fait renaître un grand buzz comparable à celui de l'an 2000. On voit en effet naître des myriades d'experts autoproclamés et de start-up et d'investisseurs autour du sujet.

Les applications Web 2.0 sont avant tout des applications orientées grand public dont le modèle économique est généralement la gratuité rentabilisée par la publicité ; dès lors, on peut se demander si le modèle s'applique à l'entreprise : certains pensent que oui.

Ils ont appelé la déclinaison du Web 2.0 à l'entreprise l' "Enterprise 2.0". Le propos de cette tribune est de proposer une vision critique sur cet "Enterprise 2.0", de déterminer s'il correspond à une réalité au-delà de l'effet de mode.

 
"L'incontournable Ajax"
 

On ne présente plus Ajax. Cette appellation désigne une utilisation intensive de JavaScript qui permet de rendre une page Web événementielle. Ajax a fait ses preuves sur de nombreux sites, le plus intéressant à ce jour étant certainement netvibes.com. Ajax offre de grandes opportunités pour des interfaces d'applications métier, de portails d'entreprise ou de consoles d'administration.

Cette technologie va sans aucun doute se développer dans les entreprises. Attention toutefois à bien gérer la montée en charge des applications : de part sa nature asynchrone, Ajax sollicite fortement les serveurs.

Quelques outils très intéressants pour les entreprises

Parmi les outils popularisés par le Web 2.0, on trouve en premier lieu les blogs et les Wikis. Les blogs sont d'ores et déjà utilisés par certaines entreprises pour la communication interne ou institutionnelle. Ils ont aussi leur pertinence dans le cadre de projets de développement logiciel : ils permettent en effet de publier de l'information sur le cycle de vie du logiciel.

Les Wiki permettent aussi de collaborer autour des logiciels en cours de développement : ils relaient les demandes d'évolution. Ils sont aussi intéressants pour le partage de la connaissance en interne, sur le modèle de Wikipedia. On ne peut donc que conseiller aux entreprises d'étudier ces outils.

 
"Mashup versus SOA"
 

Dans le domaine de l'intégration entre applications, on parle beaucoup des " mashups ". Il s'agit de faire communiquer des applications Web entre elles sur la base d'API très simples. Le meilleur exemple est l'intégration de Google Maps dans un site de vente immobilière : HousingMaps.com.

Certains aficionados du Web 2.0 comparent les mashups aux architectures orientées services (SOA). Ce type de raccourci nous paraît aléatoire et dangereux : il illustre bien les analyses à l'emporte-pièce qui entourent le Web 2.0.

Les architectures SOA sont basées sur des normes sophistiquées pour proposer des notions de contrat de service, de composition de service, de sécurité qui sont totalement absentes des mashups.

En particulier grâce à des normes comme SCA ou BPEL, la composition de service offre d'immenses opportunités aux Systèmes d'Information pour construire des applications sophistiquées et évolutives.

De leur côté, les mashups proposent, tout au plus, un système d'intégration d'IHM assimilable à un portail. Ils ne correspondent donc qu'à la partie émergée de SOA.

 
"Sécurité & qualité de service"
 

Le Web 2.0 offre des solutions de collaboration en ligne (BaseCamp, CentralDesktop, etc.) et de bureautique en ligne (gOFFICE, Writely, etc.). Si ces outils sont séduisants au premier abord, ils se heurtent à une forte problématique de confidentialité. En effet, ils stockent les documents sur leurs serveurs et présentent peu de garantie en terme de sécurité. Il est donc peu probable que des entreprises les utiliseront massivement dans leur état actuel.

S'il est des aspects que le Web 2.0 couvre très mal, c'est bien la sécurité et la qualité de service.
Le marché de la gestion d'identité est aujourd'hui en pleine maturation, et les entreprises ont à leur disposition de nombreux outils pour assurer l'authentification des utilisateurs et le Single Sign On, en particulier grâce à de nouvelles normes innovantes (WS-Security, projet Liberty, WS-Federation). Mais le Web 2.0 fait une impasse totale sur ces problématiques.

Un exemple illustre bien cet état de fait : pour intégrer Gmail, Writely, Box.net avec Netvibes.com, il faut communiquer tous ses mots de passe à ce dernier…

Selon l'article de Tim O'Reilly, les applications Web 2.0 sont caractérisées par un état de perpétuel béta : le meilleur exemple est le service de messagerie Gmail en béta depuis plus de 2 ans. De fait, elles offrent peu de garantie en termes de qualité de service ou d'intégrité des données.

Dans ces conditions, les entreprises doivent évaluer les risques d'utiliser ces applications. On remarquera que ces risques ont été abondamment évoqués à propos de Skype, mais assez peu sur les autres acteurs du Web 2.0.

 
"Que faire ?"
 

Pour conclure, nous conseillons d'adopter les outils Web 2.0 internalisables et maîtrisables, mais d'être prudent vis-à-vis des services en ligne rentabilisés par la publicité. Certains services évolueront probablement vers un modèle ASP payant, intégrant sécurité et qualité de service : c'est ce que fait salesforce.com avec beaucoup de succès.

Mais il convient de les laisser mûrir avant de les utiliser dans le cadre de l'entreprise : beaucoup vont certainement disparaître dans les 2 années à venir.


Guillaume Plouin
 
 

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