Face au foisonnement des projets Open Source, le directeur informatique se trouve parfois perdu dans l'offre du marché. Les sociétés de services en informatique (SSII) et spécialistes du logiciels libres (SSLL) ont donc mis au point des méthodes d'évaluation du degré de maturité des solutions Open Source pour aider les directions des systèmes d'information dans leurs choix (lire l'article du 01/02/2006).
Car outre l'environnement Linux, désormais bien connu et adopté dans les entreprises françaises, les logiciels libres proposent désormais des alternatives aux logiciels propriétaires dans pratiquement tous les domaines. Voici huit projets Open Source jusqu'alors méconnus sur la scène internationale mais qui se traduisent aujourd'hui par des projets concrets, s'annonçant comme des solutions à surveiller.
Tout d'abord, évoquons le cas du projet Alfresco, une solution libre de gestion électronique des documents (GED) qui n'a émergé de la masse que depuis 18 mois environ. Créé par d'anciens collaborateurs de Documentum, Alfresco réalise les tâches classiques d'une solution de GED comme l'indexation de documents, l'organisation, le partage et la recherche d'informations, la gestion des méta-données, l'archivage.
"Alfresco est capable de s'adresser à des PME grâce à une fonctionnalité de dossier partagé Windows. A travers celle-ci, le logiciel peut archiver, indexer puis partager des documents sur des technologies Microsoft SharePoint. C'est une fonctionnalité très pratique dans les PME où le volume d'informations peut croître rapidement et les environnements cibles s'appuient souvent sur des technologies Microsoft", explique notamment Marc Dutoo, chef de projet et co-responsable du pole R&D pour Open Wide.
Récapitulatif des projets Open Source
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Projet
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Catégorie
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Date de création
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Licence
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Softswitch IPBX
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1999
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GPL
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Travail collaboratif
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Est devenu un logiciel libre en 2004
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GPL
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Portail
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2000
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MIT
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Gestion électronique des documents
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2004
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GPL
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2004
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APL
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Plate-forme décisionnelle
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2005
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LGPL
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Supervision de parc informatique
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1999
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GPL
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Base de données relationnelles
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1985
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BSD
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Et aussi : Compiere, SugarCRM, Axis, Hibernate, Jonas, Apache Geronimo, Zope, EzPublish, OpenGroupware, PHPGroupware, eGroupware |
Le produit ne se limite toutefois pas aux seules PME, il peut
travailler sur de plus grosses volumétries grâce au respect
des standards JSR 168 et JSR 170 (normes Java imposant des règles
d'échanges strictes entre les applications métiers et le portail).
Ainsi, une direction informatique est certaine de pouvoir intégrer
toute application développée autour d'Alfresco dans son portail
Web.
Toujours dans le registre de la gestion de l'information, SpagoBI est un projet fédérateur repris par le consortium ObjectWeb visant à offrir une alternative 100% Open Source à des solutions comme celles de Cognos, Hyperion ou Business Objects. Il comprend un ETL (Octopus, Talend
), un entrepôt de données (PostgreSQL via Bizgres, Oracle
), des outils de manipulation des requêtes multidimensionnelles (Mondrian, JPivot,
) et une solution de présentation des tableaux de bords (JasperReport).
JasperReport et SpagoBI donnent ses lettres de noblesse au décisionnel Open Source |
"SpagoBI se charge de la connexion et de l'interface entre les différentes briques de BI. L'offre décisionnelle Open Source arrive à maturité, avec en France un client comme Saint-Gobain qui utilise JasperReport pour toutes ses applications simples de reporting. SpagoBI profite désormais de l'infrastructure d'ObjectWeb en termes d'hébergement et de compétences, et des acteurs comme Bull proposent du support autour de cette technologie", indique Michel Maudet, directeur général adjoint de Linagora.
Enfin, le projet Liferay s'impose comme le complément idéal
à des solutions de gestion électronique des documents (GED)
comme Alfresco. Liferay se déploie dans un serveur d'application
et concurrence des produits comme Websphere Portail, WebLogic
Portal, JBoss Portal ou Apache
JetSpeed. Il est pour cela compatible avec la plupart des serveurs
d'applications J2EE du marché dont Geronimo d'Apache, JBoss,
WebLogic, Websphere ou Orion.
"L'intérêt de Liferay vient du fait qu'il est possible de le déployer dans des serveurs d'applications léger comme Tomcat et éviter des déploiements longs et coûteux de serveurs comme JBoss ou Websphere. Couplé avec des interfaces de développements comme Spring, Liferay offre des fonctionnalités très riches, notamment en termes de publication de contenu et d'outils collaboratifs", affirme Sylvain Chambon, architecte et chef de projet chez Open Wide.
Plus original, le produit Asterisk propose un logiciel de téléphonie sur IP effectuant à la place d'un autocommutateur le routage de conversation téléphonique, soit sous forme analogique, soit sous forme de paquets IP. L'autocommutateur est remplacé par un serveur informatique doté de cartes PCI reliant les connexions analogiques et de cartes réseaux pour administrer les postes IP. Asterisk peut notamment utiliser des scripts AGI (équivalent des CGI mais pour Apache) pour exécuter des programmes externes tout en communiquant pour ouvrir une fenêtre sur un poste client ou réaliser de la géolocalisation par exemple.
"Le logiciel comprend des fonctions de messagerie vocale et du routage analogique vers numérique. De nouvelles fonctionnalités peuvent être téléchargées et installées très simplement grâce à son approche modulaire. Tout passe par la ligne de commande", note Sylvain Boily, directeur technique chez Proformatique.
Enfin, Nagios monte en gamme comme une alternative crédible aux solutions de supervision que sont HP OpenView ou BMC Patrol. Le logiciel analyse les éléments réseaux, les serveurs et les applications du marché (Oracle, SAP
). Des interfaces Web ont été développées par la communauté de manière à en faciliter l'utilisation. Le logiciel travaille sur tout type d'environnement : Unix, AS400, Linux et Windows.
"Contrairement aux solutions de supervision classiques, licenciées au nombre de serveur ou d'indicateurs que le client souhaite, Nagios n'est facturé que par les services rendus autour du produit. Or les DSI demandent aujourd'hui de plus en plus d'indicateurs pour suivre l'activité de leurs systèmes. Nous avons déployé Nagios dans de nombreuses sociétés dont les parcs de serveurs peuvent dépasser 1000 serveurs", souligne Michel Maudet de Linagora.
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