CHAT 
 
Yves Cointrelle
Directeur associé
Homsys Group
Yves Cointrelle
"L'offre Microsoft a le plus bousculé le microcosme de la BI ces dernières années"
Le responsable de l'activité Business Intelligence chez Homsys Group retrace l'évolution du marché, notamment la poussée des éditeurs généralistes et de l'Open Source. Il distille ses conseils pour mieux construire son projet décisionnel.
12/04/2006
 
  En savoir plus
 Homsys Group
 Yves Cointrelle
Tous les ERP sont-ils comparables en fonctionnalités de Business Intelligence (BI) et de reporting ?
Yves Cointrelle. Clairement non. Il y a 3 catégories. Ceux qui proposent une solution globale avec massivement leurs propres technologies : SAP, Siebel. Ceux qui proposent des OEM avec des éditeurs tiers. Enfin ceux qui ne proposent rien et laissent aux éditeurs BI ou au client le soin de monter leur solution.

Quels sont les critères que vous utilisez pour évaluer les différentes solutions de BI ?
On distingue en premier lieu la sous-catégorie technologique. Car on trouve des acteurs généralistes mais également des acteurs dits "de niche" très spécialisés. Ainsi si on parle de reporting il faut distinguer ceux qui proposent des solutions globales type Cognos ou Business Objects avec reporting ad-hoc et de masse, de ceux qui sont plus orientés sur la performance et la diffusion de masse comme Actuate, Information Builders Webfocus. Ensuite lorsque la sous-catégorie est sélectionnée il faut définir les grands critères qui la caractérisent. Tant sur les fonctionnalités que les critères techniques, financiers, support, pérennité...

Que pensez-vous de l'offre de BI de Microsoft ?
C'est sans doute l'offre qui a le plus bousculé le microcosme de la BI ces dernières années. Il n'y a pas de véritable découverte technologique, l'ensemble des fonctions étaient déjà connues et avaient leurs leaders. Cependant, le coup de génie est d'intégrer le tout dans un même package avec des services de bonne qualité à un coût "très agressif". Beaucoup voient en Microsoft leur futur et réel concurrent car il truste le marché en le démocratisant.

Quelle est votre vision du marché de l'ETL ? Il semble y avoir Informatica d'un côté et plein de petits acteurs de l'autre ?
Il y a d'un côté des ETL qui sont de véritables plates-formes d'intégration d'entreprise avec 2 poids lourds : Informatica et IBM Websphere Datastage. Des acteurs émergeants comme Sunopsis avec une très belle réussite et beaucoup de valeur ajoutée technologique, mais également de très bonnes offres intégrées dans des suites telles Data Integrator de BO ou Decision stream de Cognos. Enfin Oracle et Microsoft proposent avec leurs SGBD une solution à bon rapport qualité/prix. Un large choix avec beaucoup de très bonnes solutions.

Pourquoi en ce moment évoque-t-on une ruée vers la BI ?
   
Tant sur la BI que le CRM, les projets démarrent souvent sans calcul du ROI"
Il y a plusieurs raisons : l'analyse des volumes de données est facilitée par les outils de BI, l'explosion due à l'e-commerce, logs, ERP. Egalement les législations (Bâle II, Sarbane Oxley, IFRS) qui se trouvent plus simples à honorer avec les technologies de BI. Enfin la BI arrive logiquement après les grands efforts de l'an 2000, de l'euro et des projets ERP, comme une véritable solution pour tirer de la pertinence de ce SI qui a tant coûté.

Peut-on réellement mesurer le retour sur investissement de la BI ?
On peut, mais pas simplement. Technologiquement, il est assez facile de démontrer le ROI d'un ETL vs des développements spécifiques. Pour calculer un ROI plus global, encore faut-il avoir mené une étude des enjeux et fixé des objectifs de progrès. Paradoxalement tant sur la BI que le CRM, les projets démarrent souvent sans cette dimension.

Que se passe-t-il lorsque son projet de BI n'est que peu utilisé ? Faut il tout reconstruire ou peut-on repartir de l'existant ?
Soit l'échec est dû à une mauvaise adéquation au besoin, soit à un mauvais accompagnement au changement, ou ce qui arrive parfois également un choix de technologie en amont du projet qui se trouve au final inadapté. Dans les 3 cas, il y a toujours des choses réexploitables. Que ce soit dans les indicateurs sélectionnés ou dans leur mise en forme. La pire situation est quand même l'inadéquation aux besoins qui peut également être empirée par une absence de sponsor sur le projet.

Que pensez-vous de la présence des solutions Open Source dans le marché de la BI ?
Elles progressent rapidement et des acteurs émergent plus que d'autres. Mysql, Postgres, Jasper report, Clover ETL, Mondrian ou le groupement Pentaho commencent à être connus. Cependant force est de constater que cela intéresse surtout les aficionados du "code à libre diffusion". Peu de grands comptes franchissent le pas sur des projets "stratégiques" mais chargent leurs équipes de veille de regarder du coin de l'oeil.

Le public semble plus curieux que le privé. Je crois cependant peu au pur modèle gratuit et il est vraisemblable que des modèles payants avec du service "pour ceux qui en ont les moyens" vont rapidement se généraliser. Je crois par contre que l'Open Source est une super opportunité pour les éditeurs de progiciels qui peuvent personnaliser leurs offres analytiques sans redevances coûteuses à des éditeurs tiers devenant concurrents.

Pour supporter une base décisionnelle, il vaut mieux Unix, Windows ou Linux ?
C'est question de goût et de compétences. C'est aussi une question de stratégie de choix de fournisseurs informatiques. Que ce soit Unix, Linux ou Windows on trouve de très grosses bases de plusieurs Tera de données. Beaucoup pensent que SQL Server c'est pour les petit projets de Datamart mais Verizon aux US sont largement au dessus de 10 To.

En France, Conforama est au dessus du Tera. Par contre si l'on veut gérer efficacement de très gros volumes par nature fonctionnellement très diversifiés, on tombe rapidement sur des solutions spécifiquement conçues pour la haute performance telles Sybase IQ, SAS, ou Teradata qui est à la fois une technologie (Unix/NCR) et un SGBDR.

En charge d'un séminaire sur le développement durable et la communication éthique, quels apports la BI peut-elle apporter à court terme en ce domaine ?
La BI est un bon moyen pour rendre visible l'information. Lorsqu'on veut mesurer un objectif et sa réalisation. Lorsqu'on veut la tracer et la certifier (pour exemple Bâle II ou Sarbane Oxley). Appliqué aux thèmes que vous devez animer on pourrait retrouver de la BI dans le suivi de dépense et la bonne utilisation des fonds par exemple.

   
La centralisation des données facilite la mutualisation des ressources"
Vaut-il mieux regrouper ces applications décisionnelles ou les isoler ?
Oui et non, cela dépend du contexte et de l'organisation. De même qu'il est plus facile de mettre les petits sacs poubelles dans un container, il n'est pas toujours intéressant de déverser des Datamarts dans une structure de stockage centralisée. La centralisation apporte plus de facilité à croiser de l'information transverse, à mutualiser les ressources, les compétences en administration et exploitation mais implique parfois de gros investissements en infrastructure notamment dans le cas de structures très éclatées. Il n'y a pas selon moi de cas général sur ce point.

Recommandez-vous parfois de développer en interne ses propres solutions décisionnelles ?
Je ne vois que deux cas où la question peut se poser : Dois je acheter un ETL si j'ai 2 fichiers par jour à charger ? Dans ce cas un script développé sera financièrement imbattable. Ensuite si j'ai peu de rapports à diffuser (exemple 2/3 rapports de ventes) mais à 500 magasins. Là également, on peut se poser la question de payer 500 licences users. L'Open Source peut être une solution. Les SGBD type SQL Server 2005 proposent également à faible coût une solution globale. Donc ma réponse est plutôt non et moins qu'hier et encore moins que demain.

ETL, c'est qui quoi et ça répond à quel besoin ?
Terme anglais pour Extract Transform Load. En fait c'est une sorte d'automate capable de se connecter à de multiples sources, extraire les données, effectuer des transformations parfois très sophistiquées telles que de la gestion de qualité de données, des mises à plat de hiérarchies et aller charger le tout dans une ou n bases ou fichiers cibles. C'est le compagnon idéal du bâtisseur de système décisionnel.

70% des projets se jouent sur la capacité à mettre à disposition des données de qualité dans le système décisionnel. Le reste est de la cosmétique. L'ETL apporte également des fonctions de gestion des référentiels (méta-données) de planification, de cycle de développement et de gestion unique et normalisée de gestion des erreurs et rejets. En gros on ne le voit pas, c'est difficile à vendre à un DAF mais c'est souvent indispensable dans la réussite d'un projet.

Que faut-il pour être consultant BI chez Homsys Group (expérience, diplôme, caractère) ?
Le parcours idéal est Bac+4, Bac +5 avec de fortes compétences techniques SGBD à minima. Nous avons également des profils à forte connotation fonctionnelle mais qui ont quand même des compétences techniques. Enfin nous aimons également les profils atypiques dont le parcours professionnel justifie sa place au sein de la société.

Quelles sont vos études et qualifications acquises durant vos études ?
   
J'ai un parcours presque atypique"
J'ai commencé par un cycle court Bac+2 en informatique après un Bac scientifique. En 85 il y avait peu de places dans les écoles informatiques et je souhaitais rapidement travailler. En fait j'ai continué dès l'armée mes études en cours du soir au sein du C.N.A.M. Puis j'ai intégré CAPgemini (à l'époque CAP Sogeti) tout en continuant mes études. Donc un parcours presque atypique.

A votre avis, quels vont être les prochains sujets d'actualité dans le monde de l'informatique ?
Ils sont déjà là : Le CPM pour Performance Corporate Management qui encapsule les applications de type finance, élaboration budgétaire, consolidation, tableau de bord. Ensuite il y a le Master Data Management car il y a non pas un mais "des" référentiels de données, il est temps d'y mettre un peu d'ordre. Enfin des thèmes tels que l'approche mixte de l'EAI et ETL dans une offre de services orientée architecture vont prendre leur essor. Les acteurs de ces 2 mondes fourbissent leurs armes, on parle déjà de SOBi pour SOA et BI. Enfin un vieux rêve qui tarde la fusion du texte et de la donnée. Google mais adapté à la BI. La fin de SQL, MDX, XML....

  En savoir plus
 Homsys Group
 Yves Cointrelle

Votre mot de fin pour les jeunes qui rêvent réussir dans l'informatique ? sur le CPE ?
Pas pour des emplois qualifiés. Le problème d'une SSII est de capter les talents, de les recruter, de les faire monter en compétence et ... de les garder. En 3 mois, éventuellement renouvelables une fois, on sait à qui on a affaire. Nous ne pratiquons donc que le CDI.

Yves Cointrelle : Bonsoir à tous, à bientôt sur la toile.

 

 
Propos recueillis par Yves DROTHIER, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Yves Cointrelle, est directeur associé chez Homsys Group et spécialiste en systèmes décisionnels. Il est titulaire d'un diplôme en informatique délivré par le CNAM.

1991-2006 A rejoint Homsys Group

1987-1991 Consultant chez Cap Gemini

Et aussi Anime les séminaires "Etat de l'art Business Intelligence" du Benchmark Group

   
 
  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Auralog - Tellmemore | Publicis Modem | L'Internaute / Journal du Net / Copainsdavant | Isobar | MEDIASTAY
 
 


Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Toutes nos newsletters