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Alain Donzeaud
Vice-président
Syntec Informatique
Alain Donzeaud
"35% des salariés du secteur informatique ont plus de 40 ans"
Le vice-président du Syntec Informatique a répondu à vos questions autour de l'emploi dans le secteur informatique : offshore, papy-boom, pénurie de main d'œuvre...
22/05/2006
 
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 Alain Donzeaud
Dossier : SSII

Pouvez-vous expliquer quel est le rôle du Syntec Informatique ?
Alain Donzeaud. Tout d'abord bonjour à tous. Syntec informatique est le syndicat des entreprises de service informatique, des éditeurs de logiciels et de conseil en technologie. Il représente 500 entreprises de toutes tailles qui pèsent de l'ordre de 80% du secteur des logiciels et services. Ce secteur lui même représente en France 300 000 salariés.

Le CDI est-il toujours aussi prisé par les SSII ? Qu'en est-il des éditeurs de logiciels ?
Notre secteur comporte à ce jour 97% de CDI toutes activités d'entreprises confondues. Les nouveaux salariés à 84% en CDI et transformés ensuite très rapidement en CDI. Que ce soit pour les services informatiques, les logiciels ou le conseil en technologie.

On parle de pénurie de main d'œuvre dans l'informatique. Sur quoi se base cette information ? Je pense pour ma part que ce sont les employeurs qui sont trop exigeants.
La question que vous posez soulève deux sujets : le premier concerne la difficulté de recrutement constatée dans notre secteur. Il apparaît en effet que certaines compétences - par exemple dans le domaine de l'architecture, de chef de projet, commercial, Internet, nouvelles technologies - les compétences sont difficiles à trouver.

Le deuxième point que vous soulevez concerne l'exigence des employeurs lors du recrutement : elle n'est à ce jour ni plus ni moins grande qu'auparavant. La recherche porte sur des femmes et des hommes qui ont à la fois les compétences requises mais aussi des qualités nécessaires pour le service, notamment le sens relationnel, le travail en équipe, la mobilité, la relation client.

   
Nous n'envisageons pas à ce jour de réduction d'emplois dû à l'offshore dans les services informatiques"
Quelle est la proportion de cadres dans la profession ?
La proportion de cadres est de 80% dans notre secteur d'activité.

Le Syntec Informatique s'alarme régulièrement de l'impact du papy-boom sur l'emploi informatique : n'est-ce pas le monde à l'envers quand on sait que notre secteur est celui où le taux de seniors est le plus bas (fortes discriminations à l'embauche) et où la moyenne d'âge est la plus basse de tous les secteurs économiques d'après la Dares ?
Votre question est très intéressante : en effet, l'alarme que vous évoquez concernant le papy-boom pour notre secteur n'est pas un effet direct car comme vous le soulignez justement, notre secteur est jeune (il existe depuis moins de 40 ans) et la moyenne d'âge des salariés est de 34 ans.

Ce que nous évoquons à travers l'impact du papy-boom est le fait qu'il va toucher très directement un grand nombre de secteurs d'activités - banque, assurance administrations...- qui sont des gros employeurs d'informaticiens mais pas uniquement.

Par conséquent ces secteurs vont chercher, comme c'est le cas actuellement, à recruter des effectifs importants de cadres à haut niveau de compétences, notamment en visant notre secteur et les mêmes écoles que nous. Enfin, on constate en France une forme de désaffection pour les filières scientifiques, ce qui rend le recrutement notamment d'ingénieurs, beaucoup plus difficile pour tout le monde.

Après 40 ans, un informaticien a-t-il encore un avenir ?
Le premier élément que je dois vous donner est que 24% des collaborateurs de nos sociétés ont entre 40 et 50 ans et 11% ont plus de 50 ans. Donc vous constatez que 35% de nos salariés ont plus de 40 ans. On peut donc "vieillir" et faire carrière dans les sociétés de notre secteur.

Un autre chiffre : 25% de nos collaborateurs ont plus de 10 ans d'ancienneté. Comment faire ? Premièrement nous recommandons fortement l'entretien professionnel annuel comme outil de mesure permanente de l'évolution de ses compétences. Nous avons même dans notre accord de branche sur la formation, institué pour les salariés de plus de 40 ans, un bilan de compétences professionnelles.

Ces entretiens doivent déclencher des formations soit continues, soit "de professionnalisation", qui permettent ainsi de pérenniser les parcours professionnels. C'est ce qui se passe dans beaucoup d'entreprises de notre secteur.

Combien d'emplois l'offshore supprime-t-il aujourd'hui en France ?
La question de l'offshore est une question que nous prenons très au sérieux. Tout d'abord, remarquons que l'offshore est apparu parce que des sociétés de services informatiques indiennes se sont fortement développées sur notre marché. Après avoir attaqué le marché des services informatiques aux USA puis au UK, elles s'attaquent aujourd'hui fortement à celui de l'Europe.

Cela correspond à une demande des clients qui recherchent aujourd'hui des prestations à des coûts plus faibles. En France, nous estimons que le marché offshore représente moins de 2% du marché des services informatiques. Nous sommes certains, comme l'expérience US ou UK le démontre, qu'il y a un plafond au développement de l'offshore. Il est aujourd'hui estimé à 15% maximum.

En effet, tout n'est pas "offshorable" et la proximité avec le client est absolument indispensable. Compte tenu des taux de croissance actuels de notre secteur, nous n'envisageons pas à ce jour de réduction d'emplois du à l'offshore dans les services informatiques, sur la période 2005-2009.

   
On n'abuse pas impunément de la crédulité des personnes à la recherche d'un emploi"
La certification CMMi, que les Indiens mettent en avant, est-elle un vrai atout ?
Cette question est la suite naturelle de la question précédente. Les sociétés de services indiennes appliquent les mêmes recettes que les sociétés de services européennes ou américaines. En effet, la compétence des collaborateurs, la qualité des process et des réalisations, la satisfaction du client et l'innovation sont les bases sur lesquelles nos sociétés se battent tous les jours.

La certification CMMI que vous évoquez est l'un des éléments de cette mesure d'une qualité de services d'un prestataire. Les sociétés indiennes l'utilisent, les nôtres aussi.

Ne pensez-vous pas que les annonces de recrutement annuel de certaines sociétés sont un pur effet de communication et de marketing ? Qui plus est, le taux d'abandon lié à ces annonces est le plus souvent très élevé...
Vous soulignez quelque chose qui est très juste. On n'abuse pas impunément de la crédulité des personnes à la recherche d'un emploi. Lorsqu'une entreprise utilise cette pratique - dans notre secteur ou ailleurs - les candidats détectent très rapidement le bien fondé de ce genre d'annonce et la sanction du bouche à oreille est instantanée.

Comment se fait-il que l'emploi IT se concentre de plus en plus sur la région parisienne, alors que l'on aurait pu s'attendre à une meilleure répartition en région : le nearshore ne se développe-t-il pas ? Les clients préfèrent l'offshore peut-être...?
La répartition actuelle de l'emploi IT est de l'ordre de 2/3 pour la région parisienne et 1/3 pour les autres régions. Ce chiffre est assez stable dans le temps, bien que comme vous le soulignez, depuis maintenant deux ans, les sociétés de services développent des centres de services dans les régions.

Cela permet de mutualiser des développements et d'industrialiser la production de services. Par ailleurs, cela contribue à développer un emploi local, qui en outre permet une qualité de vie nettement supérieure à la région parisienne.

Le CPE, c'était une bonne tentative à votre avis ?
Je pense que cette question n'est plus d'actualité, si tant est qu'elle l'ait été. Pour ce qui concerne notre secteur, je rappelle que nos recrutements sont faits à 84% en CDI. 97% de nos salariés sont en CDI. J'ai toujours dit que nos pratiques de recrutement n'auraient pas été modifiées par ce dispositif.

La perte d'attractivité des filières scientifiques (dont informatiques) est-elle inéluctable ? Que peut-on faire ?
Dans la vie rien n'est jamais inéluctable ! Nous avons décidé de nous battre pour renverser cette tendance. Nous avons engagé deux actions et nous en préparons d'autres.

Les deux actions : l'une vers les collégiens à travers l'opération "validez votre B2i en découvrant les métiers de l'informatique". C'est un vrai succès : les prix sont décernés le 8 juin au Futuroscope et ce qu'ont pu faire certaines classes de 4ème est époustouflant. L'autre est que nous avons créé avec plus d'une trentaine d'écoles d'ingénieurs ou équivalent, une association qui s'appelle Pasc@line dont l'objet est de rapprocher l'univers de l'enseignement supérieur scientifique et les entreprises.

Enfin, nous avons plusieurs autres initiatives en cours, comme Excellencia qui est le trophée de la femme ingénieur. Nous prévoyons un plan d'action très complet pour lequel nous sommes en train de réaliser une étude sur l'attractivité de notre secteur auprès des jeunes.

Ne serait-il pas temps de moderniser la convention Syntec ? Les services informatiques ne méritent-ils pas une convention à eux seuls ?
Vous avez raison de souligner que la convention collective Syntec s'applique à des secteurs d'activités différents : outre l'informatique, l'ingénierie, le conseil, les études... Il n'est pas dans nos plans actuels de retoucher cette convention.

Par contre, nous avons beaucoup travaillé pour créer les passerelles entre cette convention et les métiers de notre secteur, notamment nous avons élaboré un référentiel métiers - accessible sur www.passinformatique.com - qui est utilisé par de nombreuses entreprises pour recenser leurs métiers, les compétences et ainsi faire une gestion active des parcours professionnels de leurs salariés.

Quelle est l'évolution actuelle des salaires ?
Sur cette question tout dépend du point de vue selon lequel on se place ! Les salaires ont varié de l'ordre de 3,5% entre 2005 et 2006. La variation a été plus forte pour les jeunes diplômés, ainsi que sur certaines compétences plus rares sur le marché.

   
En 2005, le secteur a recruté 40 000 personnes, dont 10 000 créations nettes d'emplois"
Vous avez récemment signé, avec le Cigref, le Pacte PME, pour que les relations entre les grands comptes et les PME du secteur IT se développent. Est-ce le début d'un "small business act" à l'européenne ?
Merci de souligner que Syntec informatique est très engagé dans le développement des PME de son secteur. En effet, vous soulignez une des initiatives que nous avons eue, mais sachez que nous venons de finir un travail avec le Ministère des PME et avec le ministère des Finances sur le développement des PME.

Nous prévoyons une manifestation avec M. Le Ministre Renaud Dutreil le 6 juin pour présenter les résultats d'une partie de ces travaux et un plan d'action qui y est associé. D'autres actions vont suivre tout au long de l'année 2006. Enfin, nous avons clairement pris position pour le Small Business act européen : nous participons à différentes initiatives sur ce sujet.

Que pensez-vous de la nouvelle carte de séjours "talents et compétences" et de l'immigration choisie ?
Comme vous avez pu le lire précédemment, nous sommes très attachés à mettre en place des formations - initiales ou continues - qui permettent de développer en France les compétences dont nous avons besoin. S'il s'avérait que des "trous" de compétences existent, nous serions conduits à nous inscrire dans les processus légaux qui permettent de traiter cette question. Ce n'est pas le cas aujourd'hui.

Le peu d'intérêt des jeunes vers les SSII, ne provient-il pas tout simplement du peu d'avenir que proposent les SSII française entièrement axées sur la délégation de personnels , et licenciant les seniors de 7 ou 8 ans d'expériences ?
Cette vision de nos sociétés existe peut être mais permettez moi de dire qu'elle ne correspond pas à la réalité. Tout d'abord, les jeunes ne fuient pas plus les SSII que d'autres sociétés. Ce que nous avons souligné, c'est l'affaiblissement des filières scientifiques.

En 2005, le secteur a recruté 40 000 personnes, dont 10 000 créations nettes d'emplois. J'ai indiqué en tout début que notre métier est fait du service informatique, qu'il prenne une forme de service, de proximité, de développement de logiel, de conseil en haute technologie.

Nous sommes très loin d'être totalement centrés sur un des métiers que vous mettez en avant. Enfin, 47% de nos salariés ont plus de 6 ans d'ancienneté, 25% d'entre eux ayant plus de 10 ans d'ancienneté.

Secrétaire général de CapGemini et vice-président du Syntec Informatique. Ça ne fait pas trop pour un seul homme ?
Tout dépend de l'homme !!! Mon engagement dans le syndicalisme patronal est très ancien. Il est fondé sur le principe que le travail collectif d'hommes d'horizons différents, le dialogue avec les partenaires sociaux, constitue un facteur de progrès pour les entreprises et pour leurs salariés.

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 Alain Donzeaud
Dossier : SSII
Alain Donzeaud. Merci à tous de ces questions, vous pouvez prolonger le dialogue si vous le souhaitez sur notre site www.syntec-informatique.fr ou directement avec moi.

 
Propos recueillis par Emmeline RATIER, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Alain Donzeaud, 57 ans, est le vice-président et membre du comité exécutif de Syntec Informatique. Il est aussi Président de la commission des affaires sociales et de la formation de la branche conseil, étude, ingénierie et informatique.

Il est également l'actuel secrétaire général du groupe Capgemini

Alain Donzeaud est issu d'une formation d'ingénieur, acquise à l'Institut National des Sciences Appliquées à Lyon.

  
 
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