INTERVIEW 
 
Régis Granarolo
Président
Munci
Régis Granarolo
"Pourquoi pas une convention propre aux services informatiques ?"
Le fondateur de l'association professionnelle a répondu à vos questions sur l'emploi informatique et la défense de vos droits. Il propose notamment, dans le secteur, des quotas à l'embauche pour les séniors.
23/09/2006
 
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Quelles activités couvrent le Munci : uniquement les informaticiens ?
Régis Granarolo. Le Munci s'adresse à l'ensemble des professions informatique / télécoms, plus généralement l'ensemble des professionnels exerçant dans les TIC. Je vous renvoie à l'objet social de nos statuts, consultables en ligne.

Le Munci a pour objet de fédérer l'ensemble des professionnels IT, ayant ou non un employeur, pour participer à l'étude et à la défense de leurs droits, de leur promotion sociale et de leurs intérêts moraux et professionnels"

Combien comptez-vous de membres ?
Nous comptons environ 900 membres sur toute la France : environ 55 % en Ile de France pour 45 % en province, la majorité sont des membres sympathisants, déclarés mais non cotisants. Leur statut est revu à l'occasion de chaque assemblée générale annuelle.

Depuis quand existe le Munci et est ce la seule structure qui regroupe les informaticiens ?
Le Munci s'est constitué lors de l'été 2003 en association professionnelle loi 1901, après avoir été un simple mouvement pendant quelques mois. Pendant longtemps, nous avons été la seule association professionnelle regroupant à la fois des informaticiens prestataires - salariés ou indépendants - travaillant en fixe ou demandeurs d'emplois.

Il semble que nous ayons une "petite concurrence" depuis peu ! En réalité, il peut y avoir d'autres associations comme il y a plusieurs syndicats. Le milieu des logiciels libres compte beaucoup d'associations quant à lui.

Comment vous situez-vous vis-à-vis des organisations de la branche comme le Syntec, le Cigref et les syndicats de salariés ?
Comme une organisation complémentaire, en tout cas vis à vis des syndicats de salariés que nous ne cherchons absolument pas à "concurrencer", au contraire. Sur le long terme, nous pouvons rêver d'un grand syndicat professionnel en France pour nos professions... pour être très franc, nous en sommes encore bien loin ! Nous avons rencontré le Syntec Informatique à plusieurs reprises, pas encore le Cigref.

Nous voulons lutter contre la discrimination à l'embauche des seniors"
Quelles sont vos propositions principales ? Quel est le combat prioritaire du Munci ?
Nous voulons une réglementation générale de la prestation de services, ou plutôt de la délégation de personnel - assistance technique ou régie. Nous ne pourrons pas continuer à faire cohabiter éternellement des régimes aussi proches que l'intérim, la régie ou le portage salarial - je pense bien sûr au délit de marchandage.

Il s'agit de mieux séparer ce qui relève de l'intérim d'une part et d'autre part de prestations expertes : les SSII doivent (re)devenir des fournisseurs de services et pas de main d'œuvre. Il s'agirait aussi, en vrac, de réglementer la sous-traitance en cascade, l'externalisation - la loi TUPE en Grande-Bretagne peut être un bon exemple, la non-facturation des stagiaires...etc. Tout un programme.

De même, nous pensons que la convention Syntec doit être modernisée, pourquoi pas une convention propre aux services informatiques (300 000 personnes quand même !). Des activités comme l'infogérance sont des activités de production et ne relèvent pas des bureaux d'études en théorie...

C'est là notre combat prioritaire. Avec lui, nous voulons lutter également contre la discrimination à l'embauche des seniors, les plus de 40 ans dans l'informatique... Mais ce problème dépasse le cadre de notre branche. Nous pensons qu'il faudra bien en arriver à une discrimination positive à l'égard des seniors, par des quotas, de manière souple bien sûr.

Enfin, nous avons des propositions concernant la mobilité géographique, la formation professionnelle des demandeurs d'emplois - l'offre qui leur est destinée étant très désuète par rapport aux besoins du marché - l'emploi en province (le nearshore) dans le cadre de l'aménagement du territoire : rappelons que les 2/3 des emplois d'informaticiens se trouvent en région parisienne...

Qu'entendez vous par délit de marchandage ?
Le droit du travail est censé protéger les salariés contre la location de main d'oeuvre à caractère illicite, terrain réservé aux sociétés d'intérim. La régie est souvent synonyme de délit de marchandage - ou prêt illicite de main d'oeuvre - dès lors qu'il y a certains indices : double-subordination - ce qui peut commencer d'ailleurs avec le "double recrutement" chez le client - absence d'expertise, compétences déjà disponibles chez le client, mission qui s'éternise, préjudices quelconques portés au prestataire ou aux salariés de l'entreprise...

Le droit du travail oblige seulement à une obligation de moyens des salariés, heureusement d'ailleurs ! Mais il faudra tôt ou tard que les missions de services aient un engagement de résultats dans le cadre d'une vraie gestion de projet.Oui, nous sommes pour que la régie disparaisse ou, au minimum, se transforme dans de meilleures conditions - régie forfaitisée - car trop de collaborateurs ont le sentiment d 'être laissé à l'abandon chez leurs clients. Nous connaissons des cas où des informaticiens ont été détachés 10 ans dans une banque.

Enfin, on estime que la régie représente environ la moitié des prestations des SSII, et que sur cette moitié beaucoup de cas relèvent de ces délits de prêt de main d'oeuvre...donc ce n'est pas rien.

Comment s'attaquer à la discrimination ou plutôt l'exclusion des séniors dans l'informatique ?
La réponse "radicale" : une discrimination positive, mais relativement souple, par des quotas d'embauche réservés aux seniors. Autrement, à défaut de réglementation, il peut y avoir des engagements à travers des chartes de déontologie et je pense notamment à la Charte Cigref-Syntec qui devrait davantage prendre en compte les problématiques socioprofessionnelles des collaborateurs.

L'impact de l'emploi sur l'offshore est plus important que ne le laisse entendre certaines études"
C'est un problème prioritaire dans la branche car nous voyons bien que beaucoup de "séniors" se disent toujours victimes de discrimination à l'embauche malgré la bonne reprise du marché...et malgré le CV anonyme.

La taux des plus de 40 ans est deux fois plus faible dans les services informatiques que sur l'ensemble du marché du travail... J'ignore comment vont évoluer les choses de ce côté là : d'un côté le jeunisme est une dérive structurelle dont les SSII s'accomodent fort bien : réduction des coûts, compétences fraiches...

D'un autre côté, nous pouvons espérer qu'après la crise majeure que nous avons connue entre 2001 et 2003 - marquée par plus de 25 000 pertes d'emplois, et parmi eux beaucoup de seniors souvent autodidactes...- les choses vont revenir dans l'ordre progressivement et les logiques de carrière respectées.

Hélas, il y a beaucoup de pressions, notamment à cause de l'offshore, pour accélérer les débuts de carrière et c'est une très mauvaise chose, certains parcours de formations veulent brûler les étapes mais on ne devient pas chef de projet en sortant de son école d'ingénieur ou de commercie, désolé...

Pour cette année 2006, le turnover moyen dans l informatique passe la barre des 10%. Est-ce positif ?
Positif...pour qui ? Le turnover explique 50 % des recrutements en moyenne, le reste c'est 25 % de licenciements ou ruptures de période d'essai et enfin 25 % de créations nettes de postes.

Le turnover s'explique autant par l'opportunisme des informaticiens - meilleurs salaires, missions plus intéressantes ailleurs - que par le ras le bol que rencontrent beaucoup d'informaticiens en SSII. Il faudra bien, à ce sujet, que les Syntec et les SSII clarifient leur discours : veut-on sécuriser les parcours professionnels, développer des politiques RH basées sur la gestion prévisionnelle des compétences - autant que se peut en tout cas - ou bien veut-on un marché du travail le plus "fluide" possible ? Veut on faire carrière en SSII, pouvoir profiter d'avantages consentis seulement par l'ancienneté, ou bien faut-il voir les SSII comme des "Sociétés de Services en Intérim Informatique" ?

Comment voyez-vous l'évolution de l'offshore ? Y êtes-vous toujours autant opposé ?
Tout d'abord, il faut savoir que l'impact de l'emploi sur l'offshore est plus important que ne le laisse entendre certaines études, notamment la dernière étude du Syntec informatique qui ne prend en compte que les services parmi les sociétés membres du syndicat.

En réalité, si nous prenons en compte l'ensemble de la branche logiciels et services informatiques mais aussi tous les contrats passés directement entre les clients et les prestataires offshore. Si enfin nous abordons l'offshore directement en termes de jours/hommes, sans convertir en emplois français le chiffre d'affaires réalisé en offshore et de délocalisations/relocalisations d'activités informatique de sociétés françaises, sans forcément que le bénéfice aille uniquement à des sociétés...françaises, alors on devrait arriver plutôt à un chiffre de 10 000 à 15 000 emplois "perdus".

Rappelons que quelques SSII - Cap Gemini en particulier, mais aussi Atos, Unilog, Valtech...etc - présentent à elles seules plus de 7 000 emplois rien qu'en Inde ! Mais on vous dira qu'elles ne travaillent pas forcément pour des clients français, soit...

Ce qu'on peut dire aussi, c'est que le différentiel de créations de postes est nettement plus important depuis deux ans, ce qui fait que l'impact de l'offshore est finalement assez faible sur l'emploi.

Nous devons clairement améliorer notre communication"
Alors oui, nous sommes un peu moins "offusqués" par le développement de l'offshore car, en bon pragmatiques, nous relions avant tout la question de l'offshore à celle de notre marché du travail. De plus, nous préférons voir l'offshore dans les pays de l'Est qu'en Inde ou au Maghreb, car autrement l'intégration européenne ne sert à rien !

Pourquoi avez vous eu l'idée de créer le Munci ? Avez-vous eu une expérience malheureuse avec un employeur ?
Eh bien non, pas moi personnellement ! Le Munci s'est créé après plusieurs constatations : un très faible taux de représentation syndicale et IRP dans notre branche - entre 0,5 et 1 % contre 7,5 % en moyenne en France dans le privé, l'explosion du chômage entre les années 2001 et 2003 surtout à coup de licenciements abusifs de SSII, le développement de l'offshore et enfin une alternative trop peu exploitée en France à la différence des pays anglo-saxons : se mettre à son compte.

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Pouvez-vous citer un exemple concret d'une réalisation de Munci ou des avantages à y adhérer ?
Nous développons précisément le pôle "services professionnels" auprès de nos adhérents, mais cela prend du temps du fait de nos très faibles moyens. Ateliers de formation entre membres - mieux, nous sommes en train de signer des accords de partenariats avec des éditeurs pour des formations gratuites ou à tarifs très bas pour nos membres...- assistance juridique, coaching de carrière... le tout pour 10 euros par an seulement. Mais ces services sont encore sous-utilisés et nous devons clairement améliorer notre communication...

Régis Granarolo. Merci à tous. Je vous invite sur nos forums pour continuer le débat et je répondrais à l'ensemble des questions posées lors de ce chat !

 
Propos recueillis par Emmeline RATIER, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Régis Granarolo, 34 ans, esr le Président-fondateur du Munci

Consultant spécialisé en informatique décisionnelle. il a passé plusieurs années d'expérience en SSII - secteur banque/finances - et dans les télécoms.

Régis Granarolo est issu d'une formation ingénieur en informatique

   
 
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