Jakob
Nielsen commence à être sérieusement connu et reconnu. Ce
consultant spécialisé dans la facilité d'usage du Web (Web
usability) est souvent cité par les médias américains et
ses études sont souvent reprises par des sites comme ZDNet
ou Cnet.
Dernièrement, Nielsen a publié deux articles particulièrement
intéressants qui permettent de dire que les sites Web qui
affichent une bonne qualité technique creusent l'écart par
rapport à ceux qui sont moins soucieux du confort de l'utilisateur.
Voyons cela ensemble...
Tout d'abord, Nielsen a repris un article publié en mai
1996 qui établissait la liste des 10 principales erreurs
de design à ne pas commettre sur son site. Voici une liste
résumée de ces 10 erreurs :
-
L'usage des frames (page découpée en cadre)
- L'usage des technologies avancées (nécessitant un plug-in
dans le navigateur)
- L'usage d'animations textuelles ou graphiques (bouclant
en continue)
- Les URL complexes (www.sql-ingenierie.fr au lieu de www.sqli.fr)
- Les pages " orphelines " (dépourvues d'éléments de navigation)
- Les pages longues (qui obligent à utiliser l'ascenseur
vertical)
- L'absence d'éléments de navigation " consistants " (identiques
sur tout le site)
- L'usage de couleurs de liens non-standards (rouge au lieu
de bleu ou des liens non-soulignés)
- Informations périmées (site mal entretenu)
- Temps de chargement trop longs (trop d'images trop lourdes)
3 ans après, force est de constater hélas que ces erreurs
restent toujours aussi pénalisantes pour l'utilisateur.
Nielsen modère seulement l'inconvénient des pages trop longues
dans la mesure où la plupart des utilisateurs commencent
à savoir que l'information disponible ne se limite pas toujours
à la partie visible et utilisent l'ascenseur même si son
usage n'est pas apprécié... Pour le reste, toutes les erreurs
sont encore à éviter et l'on constate que bien peu de sites
y parviennent !
Jakob Nielsen ne s'est pas contenté de ce constat amer,
il a entrepris de mesurer son impact. Dans un second article
tout récent, notre " gourou " a appliqué ses critères sur
les 20 principaux sites Web américains, 10 représentatifs
des grandes sociétés présentes sur le Net (des noms connus
comme Ford, Boeing, AT&T, etc.) et 10 spécialistes du Web
(Yahoo, MSN, AOL, etc.). Il s'avère que ces grands noms
présentent des scores assez honorables puisque hormis le
critère délicat du temps de chargement des pages (pris en
défaut dans 16 cas sur 20), la plupart des sites affichent
une qualité globale sensiblement au-dessus de la moyenne.
Mais là où cette mini-étude devient particulièrement intéressante
c'est dans la comparaison entre les marques traditionnelles
et les spécialistes du Net. Les seconds l'emportent largement
sur les premiers et ce n'est pas par hasard... En effet,
ce n'est pas un accident si les sites qui reçoivent le plus
de trafic sont aussi ceux qui respectent le plus les règles
de confort des utilisateurs. Au contraire, c'est justement
parce qu'ils sont faciles à utiliser qu'ils collectent les
trafics les plus importants !
La plus grande différence entre les deux types de sites
se situe au niveau du temps de chargement des pages : les
pages d'accueil des sites " corporates " prennent 19 secondes
en moyenne à se charger dans le navigateur alors que celles
des portails n'en demandent que 8 (et encore, ces chiffres
ont été obtenus dans des conditions qui ne reflètent pas
le niveau de l'équipement de l'utilisateur moyen, la réalité
sur le terrain est encore plus pénalisante pour les sites
des non-spécialistes). Autre grosse différence : l'usage
des frames. On en trouve encore sur les sites corporates
alors qu'elles ont complètement disparu tous les portails...
L'étude de Nielsen tombe à point dans un domaine sensible
; l'importance d'une présence efficace sur le Web commence
à être admise par le milieu des affaires. Il faut maintenant
que les responsables de ces sites comprennent les leçons
apprises depuis deux ans par les spécialistes : le contenu
est roi ET la qualité paye (sous-entendu prendre en compte
le confort de l'utilisateur comme critère technique N°1).
La question du confort d'accès est devenue tellement proéminente
que le Web Consortium (W3C) vient de publier une recommandation
définissant les règles à respecter en matière de design
Web afin de préserver la capacité d'usage pour les personnes
handicapées. Mais il est également expliqué que le respect
ce " standard " est également déterminant pour le confort
des TOUS les utilisateurs.
La concurrence est tellement vive sur le Web que le temps
est déjà venu où ne peut plus ne pas se préoccuper d'ergonomie,
la vraie finalité d'une réflexion en matière de design...
Lectures recommandées :
" Top ten mistakes " revisited three years later Who commits
the " top ten mistakes " of Web design ?
[Alain
Lefebvre, vice-président du groupe SQLI]