De la mécanique
à l'informatique : choix ou fatalité ?
De l'informatique, il n'avait eu
qu'une approche partielle principalement orientée sur
la programmation d'algorithmes...à base de Fortran.
Sa formation d'ingénieur mécanique (option hydrodynamique)
ne prédisposait pas Alain Beylot, à sa sortie
de l'école Centrale de Nantes en 1994, à devenir
ingénieur d'étude chez Sopra, l'une des 10 premières
SSII françaises. "De ma vocation première,
je n'ai connu qu'une expérience d'un an, un simple
remplacement, pour EDF où j'ai participé à
une campagne expérimentale sur les risques de fuite
dans les centrales nucléaires", évoque-t-il
avec nostalgie. Pourtant à l'époque, dans un
contexte de crise, le jeune homme ne se voit proposer aucun
autre poste lors de la fin de sa mission, en dépit
de la qualité de sa prestation.
Les entretiens s'enchaînent...vainement
Quinze mois de recherche d'emploi suivent alors, au cours
desquels il enchaîne les entretiens... vainement. Parmi
les raisons diverses qui expliquent ces refus successifs,
un motif majeur se dégage : pour chaque poste, une
moyenne de 20 candidats se trouvaient en compétition.
La détermination fait alors place au découragement.
Et les nécessités alimentaires d'un travail
priment désormais pour Alain Beylot, alors âgé
de 28 ans.
"Le volume d'annonces consacrées à l'informatique
dans la presse m'ont incité à présenter
ma candidature dans ce secteur", se remémore-t-il.
Le résultat est spectaculaire : en l'espace de 2 semaines,
2 propositions fermes d'emploi lui sont faites !
Contraint de travailler sur
du Cobol
Le jeune ingénieur doit alors faire le choix entre
un poste de développeur (langage C) pour une entreprise
informatique d'une centaine de salariés et le poste
qu'il occupe actuellement chez Sopra : analyste programmeur.
"Le choix que j'ai opéré à l'époque
a été motivé par la rémunération
indiscutablement beaucoup plus intéressante au sein
de la SSII (210 KF soit le double offert par l'autre employeur
potentiel), reconnaît-il. Néanmoins avec du recul,
je m'interroge sur la pertinence de ce choix. La mission pour
laquelle j'ai été affecté à la
Société Générale me conduit à
travailler exclusivement en langage Cobol encore en vigueur
dans le secteur bancaire. J'aurais souhaité me familiariser
avec des technologies plus modernes", note-t-il. Cette
mission lui aura été confiée après
3 mois en inter-contrat (d'observation et de formation).
"Pour
évoluer, il me faudra attendre saisir les
opportunités selon les besoins des clients" |
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Ses missions : la conception de nouveaux programmes relatifs
à la gestion des données bancaires. Outre le
coding, il a progressivement étendu ses fonctions à
l'écriture et à l'analyse de spécifications
ainsi qu'aux tests unitaires. Il occupe désormais un
poste d'ingénieur d'étude. Même si selon
lui, cela "ne reste qu'un titre".
Evoluer reste difficile
Un an après ses débuts dans l'informatique,
il dresse un bilan mitigé de son activité. "Il
est vrai que j'ai choisi cette voie par défaut, néanmoins
la forte dimension technique de mon métier me plaît.
L'ambiance générale est très bonne avec
des collègues issus d'horizons divers : physiciens
nucléaires ou encore bio-mécaniciens..."
Pourtant, le travail se révèle parfois "routinier
et fastidieux". Son évolution ? "Elle reste
encore assez floue, avoue-t-il. Elle dépendra des besoins
futurs des clients de Sopra. Il me faudra alors savoir saisir
les opportunités qui se présenteront afin de
bénéficier de formation supplémentaire
sur des aspects plus modernes de l'informatique." Rentabilité
oblige, les formations ne sont dipensées qu'en fonction
des perspectives de projets. Le discours officiel de la DRH
Sopra est pourtant différent : "Nous consacrons
6% de la masse salariale à la formation, assure Patrick
Reboul, responsable du recrutement pour Sopra. Il n'y aucune
ségrégation et nous sommes très ouverts
pour répondre aux besoins émis par nos collaborateurs."
Le recrutement tout azimuth se modère
"Des efforts de fidélisation accrus sont déployés
envers certaines populations disposant de compétences
de pointe (plan de carrière, évolution...) tandis
que les profils moins spécialisés font l'objet
de moins d'attention entraînant parfois une certaine
démotivation, note Claude Marchal, responsable du marché
de l'informatique pour l'APEC. Alors, Alain Beylot pense à
un retour vers ses premiers amours, même s'il estime
que "le marché reste encore difficile dans sa
discipline."
Dossier réalisé
par Alexandra Bissé
Copyright: Benchmark Group
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