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Chaque semaine, le JI détaille les étapes de la construction et de l'évolution de sites Web remarquables. Pour participer à cette rubrique, contactez François Morel.

L'entreprise: Kelkoo compare les prix pratiqués par les sites de commerce électronique sur un grand nombre de produits (plus de 25 000 marchands répertoriés dans le monde). Il utilise pour cela une technologie d'agent intelligent développée par Bull et l'Inria. Kelkoo est implanté en Angleterre, en Espagne et au Brésil.

Le responsable du projet: Pierre Chappaz (PDG)

Propos recueillis par Ludovic Blin le 7 juin 2000

Quels ont été les objectifs de départ du site ? Pierre Chappaz : "Kelkoo est un guide d'achat grand public sur Internet. C'est un site à fort trafic qui doit permettre aux internautes d'acheter leurs produits sur Internet, au meilleur prix. Nous lui permettons de faire des économies. On peut considérer que Kelkoo est un portail de commerce électronique avec un moteur de recherche de commerce électronique. Le site permet à ses utilisateurs de trouver les marchands et de comparer leurs prix."

Quels moyens avez-vous investi sur les plans financier et humain ? "En octobre 99, nous étions 5, dont les développeurs de la technologie. Maintenant nous sommes 90, dont 55 développeurs, pour la plupart regroupés dans notre centre de développement basé à Grenoble. Nous avons investi 11 millions de dollars et nous allons bientôt réinjecter 25 millions de dollars. On peut considérer que 70 % des développeurs se consacrent à la partie agent intelligent, écrite en Java. Les autres font essentiellement du développement web."

Avez-vous calculé votre retour sur investissement ? "Kelkoo profite de trois sources de revenus: celui en provenance des marchands online (calculé en fonction du trafic généré), car nous leur fournissons une clientèle qualifiée. D'autre part, nous vendons des licences de notre technologie, qui a été développée pendant 4 ans par l'INRIA et Bull. Enfin, nous profitons des revenus générés par la publicité. Pour l'instant, nous sommes en phase d'investissement, pour construire des services de place de marché électronique, développer notre agent intelligent et nous faire connaître. Cette phase durera entre 2 et 3 ans selon les pays. La profitabilité arrivera à ce moment-là."

Sur quels outils s'appuie Kelkoo? "En France, nous utilisons une batterie de serveurs IBM RS/6000 B50 en rack, avec un système de Load Balancing. La base de donnée utilisée est MySQL, et le site est développé en Java. Mais nous avons en fait deux architecture différentes, suite à notre implantation en Espagne puisque nous avons fusionné avec une société locale. Nous utilisons là bas du matériel Sun et l'outil de Broadvision. Mais je pense que nous allons abandonner ce logiciel car il nous est peu adapté. Au niveau du système, nous utilisons Unix dans les deux cas."

Avez-vous fait appel à des prestataires ? "Nous avons fait appel à Cap Gemini, ainsi qu'à une société indienne, Affinity Software, qui a réalisé le service en anglais, et une société espagnole, Ibermatica. La société DDB Interactive, s'est occupée de l'aspect visuel. Enfin, nous avons aussi soustraité à Silicomp et Astor, deux SSII grenobloises."

Comment gérez-vous l'ergonomie ? "Nous avons créé des focus groups, c'est-à-dire des échantillons d'internautes hommes puis d'internautes femmes, et nous avons observé leur réactions. Pour cela, nous avons fait appel à un prestataire, Sorgem. De plus, nous avons réalisé une interface qui fonctionne complètement en mode HTML, c'est-à-dire sans images. Cela nous permet d'avoir des temps de chargement très courts. Aussi, nous utilisons la centaine d'email que nous recevons par jour ainsi que le sondage permanent qui est sur le site, pour nous améliorer."

Comment avez vous géré l'hébergement et la montée en charge? "La montée en charge s'est bien passée. Nous avions pris le parti de surdimensionner largement les infrastructures. L'hébergement est assuré par Fluxus. Nous disposons de 7 serveurs (en rack) et d'une bande passante de 2 Mbit/s pour la France. Le seul problème est du à notre volonté d'aller très vite, ce qui fait que l'équipe technique est soumise à un rythme de travail conséquent. Ce que nous compensons par un gros travail d'organisation."

Des tests ont-ils été conduits ? "Nous avons une équipe de testeurs en interne, qui évaluent nos services, ainsi que ceux de nos concurrents. Nous faisons aussi des tests techniques, par exemple des tests de résistance à la charge. Enfin, nous avons un protocole de test très rigoureux, avec deux phases de qualification qui interviennent à la fin du développement. En tout, plusieurs milliers de tests sont effectués."

Quelles sont les évolutions prévues pour le site ? "Nous nous internationalisons, avec l'ouverture prochaine du service en Grande Bretagne et en Espagne, ainsi qu'en Amérique Latine. L'avenir, c'est aussi le WAP, et nous serons présents dans le bouquet de services de Cégétel, et peut-être dans celui des autres opérateurs."

Quelles leçons avez-vous tirées de votre expérience, et quels conseils donneriez-vous à ceux qui se lancent ? "Pour un projet tel que Kelkoo, qui navigue sur un marché où il y aura peu de gagnants, on ne bricole pas. Il faut une organisation très professionnelle. En effet, nous sommes dans une course à la taille critique, et, pour réussir une telle croissance, l'expérience de l'équipe de management est fondamentale, y compris sur le plan technique. Cette course se joue aussi sur le plan financier. Il est facile d'entrer sur le marché, mais difficile d'en sortir vivant. Il faut bien envisager la dynamique du marché et penser à ses moyens financiers dans le futur. "

Liens utiles

L'entreprise et le site:

kelkoo.com