Chaque
semaine, le JI détaille les étapes de la construction
et présente l'évolution de sites Web remarquables.
Pour participer à cette rubrique, contactez François
Morel.
L'entreprise: WStore
est un distributeur de produits informatiques en ligne fondé
en 1998 qui enregistre près de 4 000 comptes
d'entreprises actifs pour un panier moyen d'achats d'un peu
plus de 6 000 francs. Selon les pays, son catalogue
s'étend de 8000 à 18000 références
pour une valeur de stocks comprise entre 350 millions
et 1 milliard de francs.
Le Responsable du projet:
Roland
Tripard, responsable marketing Europe, a rejoint
WStore au début de l'année 1999 pour prendre
en charge la deuxième version du site et coordonner
le projet.
Quels
étaient les objectifs du site ?
Roland
Tripard: "L'idée était d'utiliser
les technologies Internet pour permettre aux
acheteurs d'informatique d'avoir un service
de meilleure qualité à des prix
inférieurs. Cela signifie apporter
aux clients plus de choix, une information
en temps réel notamment sur la disponibilité
des produits, et une palette de services associés
autour de la logistique la plus large possible,
qui comprenne des aspects très différents
comme le financement et la maintenance. De
plus, nous fonctionnons au meilleur prix car
nous nous appuyons sur un modèle sans
stocks, ce qui fait que notre structure de
coûts arrive à être 5 %
moins chère." |
|
|
Quels
ont été les moyens investis, financiers
et humains ?
"Nous avons
vécu pendant près de 2 ans
sur une première levée de
fonds de 50 millions de francs en 1998.
Actuellement, nous bouclons un second tour
de table qui va nous permettre d'accélérer
la croissance et de tenir jusqu'à
notre introduction en bourse, vraisemblablement
prévue pour la fin de l'année.
Sur la première version du site,
nous avons investi près de 10 millions
de francs dans la technique. En 1999, nous
avons réinvesti un peu moins de 5 millions
de francs pour maintenir la première
version et construire la version 2 duplicable
à souhait. Sur le plan humain, nous
avons démarré avec des ressources
externes chez nos prestataires Cambridge
pour la technique, Cythère pour le
design. Début 1999, nous avons commencé
à internaliser nos compétences
en construisant nos propres équipes
technique et de design. Nous avons toujours
des sous-traitants, comme Valoris pour ce
qui concerne nos bases de données,
mais le coeur des compétences sur
l'architecture est maintenant interne. Pour
concevoir la première version, 3
développeurs on travaillé
pendant 4 mois à partir d'un
cahier des charges détaillé."
|
|
|
Avez-vous
calculé un retour sur investissement ?
"Chaque pays
pris isolément est rentable après
8 trimestres d'activité. Pour
l'instant, lorsque nous travaillons sur
l'extension de la couverture géographique,
nous investissons plus que ce que nous permettraient
les sites existants. L'argent qu'ils dégagent
est aussitôt réinvesti dans
de nouveaux sites par pays et de nouvelles
activités. Au niveau global, l'entreprise
dégagera des bénéfices
sur son quatrième exercice, c'est-à-dire
en 2003."
|
|
|
Sur
quels outils s'appuie WStore ?
"Le
site s'appuie sur une plate-forme 100 %
Microsoft, qui comprend Site Server 3 et SQL
Server 7 en environnement NT avec la technologie
ASP (Active server pages) pour la gestion
dynamique des pages. Cela nous a permis de
construire un système relativement
stable qui, jusque là, a bien vécu
la montée en charge notamment grâce
à SQL et au fait de disposer de serveurs
séparés pour chaque site ou
domaine particulier comme la messagerie."
|
|
|
Pourquoi
ce choix "100 % Microsoft" ?
"Nous
nous sommes lancés relativement tôt
en mars 1998, avant la grande ruée.
A l'époque, cela nous semblait une
solution simple, homogène et standard,
avec des investissements pas trop démesurés
en amont du démarrage. Les coûts
des licences et du hardware sont plutôt
limités, et
les compétences de développement
ne sont pas difficiles à trouver." |
|
|
Avez-vous
rencontré des difficultés techniques
?
"Etant donné que nous sommes issus
de la première génération
de commerçants 100 % Internet,
nous nous sommes retrouvés en position
de défrichage sur les outils que nous
utilisions. C'était une position difficile,
car nous avions peu de compétences
et pas d'expérience dans ce domaine.
Nous nous sommes souvent retrouvés
à débugger les produits. L'implantation
des systèmes s'est révélée
douloureuse, mais le leadership passe par
ces défrichages. Dans le détail,
nous avons souffert sur des points qui n'étaient
pas forcément ceux que l'on attendait,
comme l'hébergement et l'e-mailing
intelligent. Par exemple, les outils de mesure
d'audience, d'analyse des fichiers log vendus
dans le commerce ne sont pas adaptés
à des sites complexes. Nous avons donc
été obligés de développer
nos propres applications." |
|
|
Comment
gérez-vous l'ergonomie ?
"Le
site s'organise en 3 espaces dans 3 frames
différents. En dessous de la barre
supérieure de présence de la
marque, la colonne de gauche constitue un
outil de navigation pour de multiples entrées
au catalogue, et le frame central fait vivre
au client sa navigation, son choix et son
paiement. Sur le plan technique, il y a 3 façons
d'entrer dans le catalogue. La première
est d'utiliser le moteur de recherche par
mots-clés Lemsic, qui fonctionne sur
le principe du réseau de neurones.
Une autre méthode consiste à
rechercher par marque ou par catégorie
de produits, grâce à des applets
Java développées par Esual Software.
Celles-ci permettent d'obtenir une entrée
rapide et simple au catalogue, en affichant
le nombre de produits qui correspondent à
la requête au fur et à mesure
de sa saisie en temps réel. Enfin,
en terme cinématique, ce sont les pages
ASP 100 % dynamiques qui permettent d'accéder
à un catalogue et à un process
de traitement des commandes personnalisés.
" |
|
|
Des
tests ont-ils été conduits ?
"Nous avons employé une société
externe pour définir un certain nombre
de scénarios tant sur un plan front-office
que back-office, à partir du cahier
des charges fonctionnel et de la maquette.
Cela nous a permis de passer à travers
toutes les fonctionnalités du site.
Ensuite, nous avons utilisé un certain
nombre de ressources, aussi bien en interne
que des jeunes ingénieurs et des étudiants
de l'Ecole Centrale, qui ont travaillé
sur les serveurs de test et se sont occupés
de faire remonter tous les bugs vers l'équipe
de développement." |
|
|
Avez-vous
rencontré des problèmes particuliers
en ce qui concerne la montée en charge ?
"Oui, des problèmes qui nous ont
amené à changer d'hébergeur.
Pendant la période de défrichement
les premiers mois, nous avons rencontré
un certain nombre d'incidents. Or, nos anciens
hébergeurs n'avait pas suffisamment
d'expérience, et les process de gestion
des incidents qu'ils avaient mis en place
n'étaient pas assez performants. En
fait, ils n'étaient pas habitués,
à l'époque, à des sites
pour lesquels une panne de 20 minutes
est critique. Pendant ce temps-là,
nous nous retrouvons dans l'impossibilité
totale de faire du business. Aujourd'hui,
nous sommes chez ISDNet et nous avons vérifié
que les process existaient réellement
en interne. Entre l'hébergeur et nous,
une société d'infogérance,
auparavant GFI et maintenant Boreal, est la
garante de la qualité de service, de
la sécurisation, des sauvegardes et
du traitement des incidents avec ISDNet."
|
|
|
Quelles
leçons avez-vous tirées de votre expérience,
et quels conseils donneriez-vous à ceux qui
se lancent ?
"D'une part, il aurait fallu compter
une fois et demie le temps et le budget les
plus conservateurs que nous ayons construits.
Dans tous les cas, on dérape sur ces
deux aspects. L'une des raisons est qu'il
faut se battre tellement contre le temps que
l'on est obligé d'aller trop vite,
ce qui nuit à l'efficacité.
Pour éviter une 2ème erreur,
il faut savoir internaliser suffisamment vite
les compétences techniques, ou bien
l'on se retrouve vite en situation critique
sans aucune maîtrise. Il est nécessaire
de ne pas prendre le risque d'être trop
dépendant de compétences externes
qui sont libres de vous quitter du jour au
lendemain. Un dernier point, plus banal, consiste
à utiliser les standards afin de ne
pas s'exposer à des risques énormes
lors du défrichage." |
|
|
Liens
Internet
Responsable de rubrique : François
Morel
|
|