Demandeur d'emploi depuis plus de trois ans, Richard* a préféré rester anonyme. Tour à tour indépendant, président d'association ou gérant d'entreprise, il a essayé différentes solutions pour rester dans le monde du travail. A 36 ans, il ne trouve plus de poste dans la technique et le développement.
Quel est votre parcours professionnel ?
J'ai suivi un IUT de Génie Informatique et Industriel en 1986, j'ai le niveau ingénieur du fait de mes expériences même si je n'ai pas les diplômes. J'ai quitté ma dernière entreprise - une société de services - en septembre 2000. J'y étais assistant de recherche dans le département R&D et je faisais du développement, j'ai participé à la réalisation de protocoles de communication classés défense.
Quelles ont été vos démarches par la suite ?
J'ai d'abord tenté de me mettre à mon compte comme consultant indépendant mais, faute de clients suffisants, j'ai dû arrêter. J'ai ensuite accepté plusieurs missions en intérim mais très vite les contrats se sont avérés trop courts - certains ne duraient pas plus de 3 jours - et finalement trop coûteux avec les frais de déplacement puisque je suis à plus de 100 kilomètres de Lyon. J'ai alors créé en septembre 2002, avec mes économies et mes allocations chômage, une association, un club de micro-informatique pour dispenser des formations au grand public.
Mais les affaires commençant à décoller, l'administration fiscale m'a convié à passer en société commerciale sans quoi j'étais de toutes façons imposable au même titre qu'une entreprise commerciale. J'ai alors monté ma propre SARL en septembre 2003 mais elle n'a pas tenu 6 mois, ayant dû déménager rapidement son siège social à cause d'un contrat de location qui n'autorisait que les activités non commerciales. J'ai perdu la majorité de mes clients en moins de 3 mois. La société a été mise en liquidation judiciaire. En parallèle, passionné par la recherche, j'avais également développé une technologie Web, le Modular.
Qu'est-ce que le Modular ?
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 La majorité des offres disponibles en développement sont des contrats de qualification, donc moins de 26 ans" |
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Le Modular permet de construire une page Web en temps réel à partir de modules unitaires avec une souplesse que je n'ai jamais trouvée ni en SGML, DHTML ou XML. On peut ainsi générer des pages avec plus d'une vingtaine de requêtes SQL en moins de 0,75 secondes sur un serveur Apache 2 avec processeur 1,6 GHz.
C'est moins rapide que XML mais là où un développeur mettra 5 jours à écrire sa page XML, avec Modular, je ne mets pas plus de 7 heures.
Vous pouvez en trouver un exemple d'application chez Nano Prods. J'ai essayé de promouvoir cette technologie mais sans succès.
Pensez-vous que les difficultés que vous rencontrez pour retrouver un emploi viennent de votre âge ?
On parle de reprise de l'emploi mais la majorité des offres disponibles en développement concernent des contrats de qualification - donc moins de 26 ans -, parfois des CDD. Les propositions sont en général très précaires. En intérim, j'ai eu plusieurs missions mais généralement il s'agissait au final peu de technique. Pour les postes que je recherche, on demande des candidats jeunes et de préférence très diplômés, des ingénieurs sortant de grandes écoles.
Les sociétés ne recherchent plus des gens expérimentés ou passionnés par leur métier, plutôt des gens facilement corvéables, à bas prix. A 30 - 35 ans, on ne peut plus être analyste-programmeur, la majorité évolue vers des postes en gestion de projets ou de consultants, davantage tournés vers le management et la finance que vers la technique. Or, c'est la technique qui m'intéresse et il m'est difficile de continuer à exercer mon métier. De plus avec l'offshore, de nombreux développements techniques sont sous-traités à l'étranger.
Quelle est votre situation aujourd'hui ?
Aujourd'hui, je ne perçois plus aucune aide et je suis en outre considéré comme chef d'entreprise, je ne peux donc être reclassé que comme cadre ou cadre supérieur dans une entreprise. J'ai quand même réussi à obtenir une formation en infographie par l'ANPE qui devrait me permettre d'annuler mon statut cadre et de redevenir technicien. Il m'arrive également de travailler au noir sur certaines missions.
En presque 4 ans, j'ai dû envoyer autour de 400 candidatures et recevoir une centaine de réponses, en majorité négatives. Je pense aujourd'hui m'orienter vers l'infographie.
* Pour des raisons de confidentialité, le prénom de la personne interrogée a été modifié.
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