INTERVIEW 
 
Jean-François Ballay
Consultant interne KM
EDF-GDF
Jean-françois Ballay
"Plutôt que knowledge manager, animateur de réseaux"
L'un des pionniers en France de la gestion des connaissances, Jean-François Ballay est consultant et responsable du club KM interne chez EDF-GDF. Pour lui, beaucoup d'entreprises sont encore très cloisonnées et hiérarchisées, ce qui nécessite un changement fondé sur le partage des connaissances.
07/04/2004
 
Knowledge Manager
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JDN Solutions. Que diriez-vous aux jeunes diplômés qui sortent d'une formation en knowledge management (KM) ? Ont-ils une chance de trouver un emploi dans ce nouveau domaine ?
Jean-François Ballay. Je leur suggère d'abord de s'immerger dans le monde de l'entreprise. On ne devient pas KM sans expérience, il faut un vécu et poser la question du travail sous l'angle de la connaissance. Toutes les voies sont ouvertes pour débuter : RH, ingénieur, marketing ou encore robinetterie, alternateur…Ensuite, il est nécessaire d'être reconnu par ses pairs pour instaurer un climat de confiance et de confidence dans son propre domaine. On n'est pas là pour juger des erreurs, mais pour soulever clairement les difficultés rencontrées sur le terrain. Il faut avoir un esprit d'initiative et être courageux: bien que le métier de KM corresponde à un vrai besoin, il reste encore à développer dans les entreprises.

Vous même, comment avez-vous rencontré le knowledge management (KM) dans votre parcours professionnel ?

C'est en 1992 qu'une direction d'EDF m'a confié mon 1er projet ayant une problématique KM. C'était une demande visionnaire car à cette époque, le terme même de KM n'existait pas encore, ni en Europe, ni outre Atlantique. Le projet portait sur la capitalisation des connaissances de 400 personnes. C'est ainsi que je suis devenu chef de projet KM pendant 5 ans. Ce fut pour moi complètement en rupture avec ce que je faisais ordinairement puisque j'étais ingénieur. C'est donc à partir de ce moment là que j'ai développé des concepts et méthodes adaptés à ce nouvel enjeu pour l'entreprise.

Quelles sont vos activités actuelles au sein d'EDF-GDF ?
Aujourd'hui, je suis expert en gestion de connaissances, et j'anime depuis 5 ans le club KM interne à EDF-GDF, composé d'une centaine de personnes. L'objectif du club est de mettre en place une situation favorisant le partage des savoirs et savoir-faire. C'est un lieu d'échanges, de rencontres, de mixité des logiques : une communauté de pratiques. En parallèle, je suis consultant sénior : je conseille et j'accompagne les missions en cours, celles à venir, je fais des diagnostics.

On ne devient pas KM sans expérience, mais toutes les voies sont ouvertes pour débuter"
Quelles sont vos tâches en particulier ?
J'aide les professionnels à faire un état des lieux de leur contexte de travail et à élaborer des projets centrés sur l'homme -et non la technique. Mon rôle est de faire émerger les connaissances d'un savoir-faire intériorisé et de les faire circuler lors des réunions que j'organise. De façon générale, ma fonction principale est de développer la culture KM.

Dans quel type de projet vous demande-t-on d'intervenir ?
Par exemple, je peux être confronté à des questions portant sur la conception. Prenons un cas pour illustrer : s'il s'agit d'un outil KM, je considère qu'il ne peut se définir qu'à partir d'une demande de terrain. Ce point est pour moi fondamental. Une initiative KM doit toujours venir de l'intérieur du management, et non de l'extérieur. On ne créé pas le besoin, on le formule à partir de faits réels.

Mon rôle est de faire émerger le savoir-faire intériorisé et le faire circuler lors de réunions"
Quelles sont vos méthodes de travail ?
Il n'y a pas de méthode miracle ! Bien plus encore, je pense qu'il s'agit moins de méthode que d'aptitude, ou de savoir être. Si on a du leadership, un goût pour les relations humaines et qu'on a instauré un climat de confiance dans son réseau, la façon dont on organise les choses s'agence avec cohérence et efficacité. Mais évidemment, ce qui prime au départ, c'est notre expérience et la reconnaissance de nos pairs sur les sujets traités.

Quels outils utilisez-vous ?
L'entreprise est en réseau depuis 5 à 10 ans. Nous utilisons les technologies de la communication : mails, visioconférences -plus rare-, mais surtout l'intranet et les outils de travail collaboratif. Ces derniers facilitent les échanges à distance. Avec le goupware, non seulement on peut partager, mais on peut aussi archiver les informations : tout est sauvegardé, donc réutilisable. En d'autres mots, un flux de connaissances ré-injectable à long terme et à d'autres niveaux.

Comment mesurez-vous l'effet de la gestion des connaissances dans l'entreprise ?
On ne peut pas mesurer avec une logique comptable ce qu'a appris un employé en formation. On peut juste avoir des retours d'expérience, ou des témoignages sur l'efficacité de l'aide ou la formation reçue. Après un mission, les experts attribuent généralement leur succès au partage des connaissances mis en place par l'approche KM. En échangeant au préalable entre eux, ils évitent plus facilement les erreurs communes. Ils se transmettent leurs bonnes pratiques et les difficultés rencontrées sur le terrain.

Pensez-vous que le KM soit négligé ?
Prenons un exemple : dans les années 90, Thomson possédait beaucoup d'experts scientifiques, techniques et autres, mais son bilan financier était mauvais. Du coup, le gouvernement français a voulu le vendre à des japonais. Heureusement, ce projet n'a pas abouti mais il illustre le fait que les entreprises ont fait primer une logique de développement sur une logique de rétention des compétences.

De l'extérieur, on voit seulement les ressources matérielles et on ne voit pas le capital humain, mais comment une entreprise peut-elle se développer si elle n'a pas l'intelligence de ses hommes ? C'est un espoir important de se re-focaliser sur les compétences, et un véritable combat aussi. On ne peut pas nier le fait que les entreprises sont encore cloisonnées et très verticales, très hiérarchiques. Et c'est là où le KM agit : il participe au changement des mentalités et au développement de l'économie des savoirs.

Knowledge Manager
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Finalement, qu'est-ce qui amène une entreprise à adopter un management des connaissances ?
En réalité, les entreprises faisaient déjà du KM avant même que le terme ne soit apparu, mais de façon implicite dans leur travail. Et d'ailleurs, peu de gens prennent le nom de knowledge manager ; ils ont plutôt un nom d'animateur de réseaux, c'est-à-dire une animation transverse. Aujourd'hui, on consacre des projets entiers sur le sujet. Et ce qui amène à développer cette approche, c'est la prise de conscience du KM comme étant un révélateur de l'état de santé de l'entreprise. Si on suit une logique comptable et financière, on ampute l'entreprise d'une de ses richesses primordiales : le capital humain -l'intelligence, la créativité, les connaissances. C'est la même idée à l'échelle de la nation : si on réduit les budgets pour la culture et la recherche, on suicide son pays.
 
Propos recueillis par Laetitia Le Tac, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Jean-François Ballay, 46 ans, consultant sénior, management des connaissances et des compétences, économie du savoir, management de l'innovation, travail en réseau, management à distance.

Formation: docteur ingénieur (en génie électrique) et licencié ès Lettres

1999-2005: Animateur du Knowledge Management à EDF-GDF + Consultant sénior
1996-1999: Consultant (gestion des connaissances/compétences, innovation)
1992-1996: Chef de Projet "Capitalisation des connaissances", Direction des Etudes et Recherches
1984-1992: Ingénieur-chercheur

   
 
 
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