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Laure Sauvage
Ergonome
Benchmark Group |
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Laure
Sauvage
"C'est avant tout un métier de terrain et d'expérience "
Laure Sauvage est consultante ergonome. Elle évalue depuis plusieurs années des sites Web et anime des séminaire de formation sur le sujet. Pour elle, plus qu'un diplôme, c'est la pratique qui forge le regard de l'ergonome.
19/05/2005 |
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JDN Solutions.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes diplômés en ergonomie qui souhaitent se spécialiser dans le Web
?
Laure Sauvage. Ils doivent prouver leur expertise. Pour cela, je leur conseille de s'exercer en faisant des analyses sur des sites existants et pourquoi pas de réaliser un site personnel dans lequel ils exposeront leurs points de vue sur des nouvelles versions de sites par exemple. Lors d'un entretien professionnel, ils pourront s'appuyer sur ce travail pour exposer leurs qualités d'analyste.
Leur formation en ergonomie n'est-elle pas garante de leur expertise ?
Certes, le diplôme en ergonomie constitue la base de leur savoir. Mais sur le plan professionnel, on ne peut pas s'en tenir uniquement à des connaissances universitaires. C'est avant tout un métier de terrain et d'expérience où on va développer plus qu'un savoir : un savoir-faire.
Et en parallèle, il est nécessaire de s'informer régulièrement sur la littérature dans ce domaine et de bien comprendre les évolutions des comportements, tant du point de vue des internautes que des concepteurs. Il faut savoir ce qui se fait aujourd'hui, et les outils qui sont utilisés. La question centrale est de connaître les usages.
Quelles sont les connaissances spécifiques du Web ergonome ?
L'ergonomie est fondée pour une bonne part sur la psychologie cognitive. Sans les connaissances liées à la mémoire, au traitement de l'information, à la perception, aux représentations
il manque à l'ergonome une partie fondamentale dans son travail : la capacité à discerner la façon dont les individus fonctionnent, leur logique d'action, comment et pourquoi ils réagissent de telle manière face à un outil, une interface.
C'est comme si on voulait appliquer des règles sans en comprendre les fondements. Les règles ergonomiques viennent essentiellement des résultats trouvés dans ce domaine. Ces notions sont approfondies dans le DESS ou le DEA en psychologie cognitive.
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 Sans les connaissances liées à la mémoire, au traitement de l'information, à la perception, aux représentations
il manque à l'ergonome une partie fondamentale dans son travail" |
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Vous avez un exemple dans le Web ?
Pour simplifier son environnement et réduire les traitements cognitifs nécessaires à la compréhension d'une interface, les internautes ont spontanément tendance à regrouper les différents éléments qui y sont proposés pour leur attribuer le même sens ou la même fonction.
Ces regroupements sont opérés sur la base de leur similitude graphique et de leur proximité relative. Ainsi, on simplifiera la navigation en facilitant ce travail de regroupement et en évitant les erreurs d'interprétations aux internautes.
L'exemple de base est celui du menu de navigation ; lorsque les liens vers les entrées de rubriques occupent le même espace dans la page et qu'ils sont en plus similaires graphiquement, le menu est immédiatement repéré et correctement compris. Bien sûr, il y a encore beaucoup d'autres éléments à prendre en compte.
Ne faut-il pas avoir des connaissances techniques ?
Si, mais pas comme un expert : chacun son métier. Toutefois, il faut bien connaître l'Internet, son vocabulaire spécifique et les outils de développement. Il faut savoir comment se construit un site, savoir comment l'Internet fonctionne et avec quels outils. On n'a pas vraiment besoin de savoir utiliser les outils de développement, mais il faut connaître leurs potentialités et leurs limites. Notre travail implique de connaître les usages, pas d'être soi-même technicien ou informaticien.
Quelles méthodes utilisez-vous pour améliorer un site Web ?
Je réalise des tests utilisateur sur 10 ou 15 internautes en moyenne. Ce sont des entretiens individuels qui durent environ 1h30. Je fais venir chaque internaute dans une salle privée, je me mets à côté de lui et j'observe la façon dont il navigue et ce qu'il comprend du contenu du site évalué. Je note toutes les informations : ses difficultés, ses facilités, ses attentes et toutes ses remarques.
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Il faut bien connaître l'Internet, son vocabulaire spécifique et les outils de développement" |
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Comment organisez-vous vos observations ?
2 phases se succèdent : la phase de navigation libre puis la phase de réalisation de tâches -qui varie en fonction du site bien sûr. Dans la 1ère phase, on travaille sur la prise en main du site.
Les internautes expliquent ce qui les intéressent en terme de contenus et de services et leurs difficultés de navigation, en spontané. C'est aussi l'occasion de connaître les raisons pour lesquelles certaines rubriques ne sont jamais ou peu visitées, et de poser entre autre la question de la légitimité des services.
Et comment se déroule la phase de réalisation des tâches ?
Je propose aux internautes 2 ou 3 scénarios assez précis - cela dépend des objectifs du site. Pour construire ces scénarios, je pars de l'ensemble des caractéristiques de la tâche que je découpe en sous-tâches. Les internautes les réalisent ensuite seuls.
J'observe leur navigation et je recueille, comme au cours de la première phase, leurs difficultés, leurs suggestions en termes d'optimisation de la navigation, des contenus, etc. En tout, il y a 2 axes d'analyse : l'un sur la navigation et l'autre sur les contenus. Il faut identifier ce qui est utile pour les internautes, donc leurs besoins, leurs attentes, leurs ressources et leurs compétences. Comme je l'ai dit plus haut. Il faut apporter de vraies réponses au client.
Justement, comment rendez-vous compte de vos résultats ?
D'abord, je fais un bilan des points forts sur lesquels devrait pouvoir s'appuyer la future version du site. Puis j'identifie et je hiérarchise les axes d'optimisation à privilégier en fonction des difficultés rencontrées par les internautes, du type de site et de ses objectifs tout en prenant en compte dans la mesure du possible les contraintes liées aux technologies, au budget et au temps.
L'objectif étant de concilier les besoins et les attentes des utilisateurs et ceux de l'éditeur du site. J'ajoute que le processus que je viens de décrire vaut aussi bien pour la conception que pour la refonte d'un site.
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Propos recueillis par Laëtitia LE TAC, JDN Solutions |
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PARCOURS
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Laure Sauvage, ergonome chez Benchmark Group
FORMATION :
Titulaire d'un DEA en Psychologie cognitive.
Depuis 2000 : ergonome au sein de Benchmark Group, éditeur du Journal du Net, en charge des analyses ergonomiques
de sites et des séminaires de formation "ergonomie-design-usabilité".
1998 : chargée d'études qualitatives au sein de Marc Gilles et Associés
1997 : chargée d'études qualitatives au sein d'IPSOS Insight Marketing
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