Maître de conférence à l'université Joseph Fourier
(Grenoble 1) au laboratoire Logiciels, Systèmes, Réseaux (LSR-IMAG),
Martin Heusse travaille sur des problématiques de réseaux sans
fil de type Wi-Fi (performances et nouveaux usages). Il nous explique en quoi consiste son métier.
JDN Solutions. Qu'est-ce qui vous a poussé à devenir enseignant - chercheur ?
 Martin Heusse. Les choses se sont faites petit à petit. Au départ, je pensais devenir ingénieur. J'ai fait ma thèse un peu par hasard, l'occasion faisant le larron. J'avais cependant déjà mis un pied dans l'enseignement lors de mon service national, où j'ai été coopérant au Liban dans un école d'ingénieur.
Après le service, un enseignant de l'ENST Bretagne m'a proposé de faire une thèse, ce que j'ai accepté. A l'issue de ma thèse, j'ai commencé à chercher un poste, visant le statut de maître de conférence, ce que j'ai réussi. Avant de démarrer, je suis venu à Grenoble pour 6 mois de CDD à l'ENSIMAG, pour mettre à niveau des TP [travaux pratiques, ndlr] sur le thème des réseaux. J'ai été recruté comme maître de conférence pendant mon CDD, à Polytech Grenoble, au sein du laboratoire LSR et de l'équipe Drakkar.
Quels sont les avantages et inconvénients d'être à la fois enseignant et chercheur ?
Cette alternance me convient bien personnellement. Etre enseignant - chercheur est en quelque sorte un travail saisonnier, avec des périodes totalement accaparées par l'enseignement et où le travail de recherche se limite à des réunions informelles avec les thésards que j'encadre. A l'inverse, les périodes de vacances de la faculté ou celles où je n'ai pas de cours - l'enseignement se faisant par modules - me permettent de me retrouver, au calme, pour aborder des sujets nouveaux.
Je pense que le métier de chercheur à 100% ne me conviendrait pas, tellement il est difficile de constamment se motiver pour chercher de nouvelles problématiques, de se concentrer, se mettre au travail, s'organiser... Et je pense aussi qu'être 100% dans l'enseignement ne me conviendrait pas non plus. Cette alternance est donc plutôt agréable. Elle permet de laisser respirer les deux aspects des choses.
Bien entendu, on peut ressentir à certains moments une sorte de discontinuité. Mais on arrive à planifier, sachant à l'avance quand les cours ont lieu, on a le temps de les voir arriver. Et quand on va dans des conférences, quand on a des déplacements, on peut déplacer des cours, on peut aménager les emplois du temps. Autre inconvénient éventuel : certaines périodes trop denses dans l'enseignement, ce qui rallonge les journées. Dans la recherche, on est très libre, mais les cours, eux, sont là !
Comment se passe une journée type ?
| "Dans l'activité de publication, les phases d'écriture et de relecture alternent" |
L'arrivée se fait par exemple à 8 heures pour un cours qui va prendre une heure et demie. Il faut bien entendu avoir préparé la veille. Ensuite, j'épluche les mails et je réponds à ce qui se présente à moi. L'après-midi, je discute avec les thésards, afin d'explorer telle ou telle piste.
Il y a aussi l'activité de publication, où les phases d'écriture
et de relecture alternent. Quand on est dans une communauté de recherche, on relit pas mal d'articles de collègues, des articles confiés par leurs auteurs à un comité de programme d'une conférence par exemple.
Quant à l'écriture d'articles, c'est le couronnement, la fin d'un travail de recherche. Mais quand on commence à écrire, il faut toujours approfondir certains points. C'est donc une sorte de ping-pong entre l'écriture, la soumission à des relecteurs, la lecture de leurs commentaires et la réponse qu'on leur envoie... C'est un processus assez long !
Côté recherche, nous travaillons en grande partie sur les réseaux sans fil. Notre travail est une certaine critique du matériel existant mais nous essayons d'aller plus loin dans la réflexion que ceux qui ont sorti les produits. Nous faisons des tests et "dépiautons" les normes et les algorithmes présents dans les cartes, ainsi que les principes, qui sont perfectibles. C'est un peu moins appliqué que du test mais pas aussi fondamental que de la recherche en mathématiques.
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