JDN Solutions.
Qu'est-ce que l'outplacement ?
Arielle Obadia L'outplacement, c'est l'accompagnement des salariés à la recherche d'un emploi pendant la durée d'un plan social ou dans le cadre d'un licenciement individuel. Il s'agit d'un engagement de l'entreprise vis à vis de ses salariés.
En quoi consiste votre travail ?
L'outplacement se déroule en quatre parties. D'abord l'accompagnement individuel, phase de préparation où le consultant aide le candidat à se poser, à faire le point sur ses compétences, à prendre du recul sur sa carrière, à reprendre confiance en lui, et à élaborer un plan de carrière à partir de ce qu'il a fait jusque là. Ensemble ils répondent à des questions telles que : "est-ce que je continue dans le même métier ? Dois-je changer de secteur d'activité ? Et si je devenais consultant indépendant ?...".
Ensuite nous entamons la phase opérationnelle qui consiste à apprendre au candidat à utiliser des outils de communication, son cv, la manière de répondre à une annonce sur Internet ou dans la presse par exemple. Troisième étape, nous élaborons un plan d'action en réfléchissant sur les types d'entreprises à démarcher. Enfin, la quatrième étape est la prospection d'emplois par le candidat. Les personnes viennent travailler dans nos locaux, elles ont accès à un ensemble documentaire et peuvent participer à des ateliers ou des séminaires. Le suivi dure au minimum six mois, et selon le contrat signé avec la société qui licencie, il peut être limité ou illimité, c'est-à-dire qu'il peut durer tant que le salarié n'a pas trouvé d'emploi.
Vous suivez les entreprises des secteurs high tech. Quel a été l'impact de la crise du secteur informatique dans votre métier par rapport aux salariés que vous suiviez jusque là ?
Depuis deux ou trois ans, la vague de plans sociaux des SSII nous a en effet amené une population d'informaticiens qui jusque là n'avait jamais eu à chercher d'emploi. Jusqu'à il y a trois ou quatre ans, un informaticien trouvait sans difficulté un travail, avec, en plus, un salaire relativement élevé. Aujourd'hui, le marché de l'emploi s'est refermé, c'est à eux de faire l'effort de s'adapter, dans leur comportement, mais aussi sur le salaire revu à la baisse. D'autant plus que les métiers ont évolué : les entreprises recherchent désormais des gens qui soient à la fois des techniciens, des gestionnaires et qui aient le sens du relationnel. Or, ces personnes ont pour la plupart un profil et un langage très techniques. Notre travail consiste donc à leur apprendre à s'exprimer face à des DRH ou des recruteurs pour pouvoir expliquer leur parcours et leur métier de manière simple, explicite et valorisante.
Quels sont les profils de personnes que vous voyez passer ? Comment réagissent-ils les uns et les autres ?
On peut distinguer deux catégories de personnes. D'un côté les 35 à 40 ans, les plus démunis et pour qui le reclassement est difficile. Et de l'autre, les jeunes de 25 à 32 ans issus de la bulle Internet, qui ont connu dès leurs débuts des salaires élevés et qui "tombent un peu de leur chaise" avec ce retournement de marché. Alors qu'ils avaient toujours travaillé dans l'univers détendu des start-up, ils doivent remettre une cravate, respecter les règles hiérarchiques classiques... bref adopter les règles de la "vieille économie".
Le secteur high tech présente-t-il des caractéristiques ?
La particularité des entreprises du secteur high tech est que c'est pour elles la première fois qu'elles procèdent à un plan social, contrairement au domaine industriel. Aussi, lorsqu'elles ont été obligées de procéder à des licenciements de masse, ces entreprises et leurs salariés ont été profondément choquées.
Jusqu'où allez-vous dans le suivi des salariés ?
Tout dépend du contrat signé : c'est l'entreprise qui décide s'il sera limité dans le temps ou non. En plus du suivi personnalisé des salariés, nous pouvons compléter en parallèle par des actions de remobilisation en interne. En effet un plan social est toujours la cause d'une phase de dépression dans l'entreprise. Ceux qui restent se sentent souvent coupables d'être encore à leur place, le choc et la démotivation gagnent tous les niveaux de l'entreprise et en particulier les managers. C'est pourquoi, sur la demande de la direction, nous organisons des actions, des séminaires pour redonner du punch à tout le monde. Malheureusement, seulement une minorité de dirigeants prennent cette option complémentaire qui est pourtant majeure dans le traitement d'un plan social.
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