Avec plus de 9 000 clients dans 50 pays et 125 000
collaborateurs (3 000 en France),
EDS est un des leaders mondiaux des services liés
aux technologies de l'information. Depuis 1995, la société
AT Kearney a intégré EDS pour devenir sa division
de consultants en management. Aujourd'hui, elle désire
accompagner les entreprises depuis la conception jusqu'à
la réalisation des projets. Pour cela, elle renforce
les liens entre ses différentes entités et
met plusieurs atouts en avant.
Steven Leonard , son président E.solutions en Europe - Moyen
Orient -Afrique(EMEA), expose son positionnement, et sa
vision des technologies à venir. Un point de vue
essentiel à l'heure des concentrations du secteur.
Propos recueillis le 12 septembre par José
DIZ
JDNet
Solutions : Comment allez-vous positionner votre offre de
services à l'heure des restructurations d'un secteur
en pleine effervescence ?
Steven Leonard : Notre objectif est de combiner la
direction du consulting et l'offre de services technologiques
d'EDS. Contrairement à nos concurrents, nous cherchons
clairement à exécuter tout le projet dès
le départ : méthodes, Knowledge management,
connaissances des marchés ... Tout doit être
mis en commun par nos entités pour un service performant
et surtout une meilleure productivité.
L'avenir n'est plus de choisir le meilleur consultant puis
le meilleur exécutant ailleurs, mais d'opter dès
le départ pour le meilleur fournisseur capable de
couvrir l'ensemble du projet.
Les entreprises avaient tendance à faire du consulting
puis à se demander ensuite comment appliquer ces
recommandations. Le modèle a changé : cela
ne pouvait plus durer !
Quelle
part de votre activité représentent les nouvelles
technologies ?
Sur
nos 9 000 clients, environ 50% des projets utilisent
encore des technologies traditionnelles. Pour nous, c'est
un excellent terrain pour proposer et introduire de nouvelles
technologies. Sans modifier pour autant l'existant, nous
pouvons leur démonter ce que peuvent apporter ces
techniques : CRM, guichet virtuel, etc.
De nombreuses petites sociétés apparaissent
sur les nouvelles technologies, mais seules des entreprises
comme la nôtre peuvent réellement réussir
un projet d'accompagnement. En effet, nous pouvons combiner
notre savoir-faire technologique et notre expérience
d'intégration.
Le futur de l'e-business ne passera pas par des boo.com,
mais par des Carrefour, Elf, Auchan, etc. Toutefois, ces
sociétés doivent adapter agressivement leurs
modèles à la nouvelle économie. Sinon,
un réel danger les guette. Cependant l'histoire prouve
que les grandes entreprises peuvent bouger, mais il faut
qu'elles aillent vite.
Vous avez déjà
investi dans la location d'application en ligne (ASP), que
pensez-vous de ce marché ?
L'ASP (Application service provider) est un gros marché
et un défi majeur pour EDS. Les économies
d'échelle engendrées par la location d'application
multiplie les gains et la productivité, avec un ROI
(retour sur investissement) intéressant. Pour se
positionner sur ce secteur, nous devons réaliser
un investissement très important. Mais nous disposons
des finances nécessaires et de data-centers européens
reliés entre eux.
Comment
percevez-vous la montée en puissance l'e-CRM après
vos nombreux partenariats ?
Nos
partenariats sont soit des investissements, soit des partenariats
technologiques. Par exemple, nous avons racheté la
société française Captimark,
un leader européen du CRM. Ces technologies sont
l'illustration parfaite du 'focus client', de la connaissance
du client. Quel que soit l'endroit et le moyen par lequel
le client arrive dans une entreprise, tout le monde doit
pouvoir accéder à l'information le concernant.
Chaque matin, en arrivant au bureau, je me pose la même
question : " Qu'allons-nous faire aujourd'hui pour
le CRM ?"
Quel
rôle EDS veut-elle jouer dans le "supply chain
management" (gestion de la chaîne logistique) ?
Pour
nous, e-logistique et CRM sont complémentaires, voire
indissociables. Toutes les entreprises achètent des
choses, et les grandes sociétés achètent
beaucoup. Les économies réalisées grâce
à ces technologies peuvent représenter
jusqu'à 30 %. Le retour sur investissement (ROI)
est extrêmement rapide. C'est pourquoi nous pensons
qu'il est réellement indispensable de lier fortement
AT Kearney et E-solutions pour proposer une globale. Avec
le CRM, le ROI est évident, mais plus long. Pour
le supply chain management et l'e-procurement, les économies
d'échelle sont immédiates et continues.
Que
pensez-vous des décisions de la SEC d'obliger les SSII ayant
une division d'audit financier de se séparer de leur
consulting technologique (cf
notre article) ?
Si
une société conseille un client sur l'aspect
financier, il y a un conflit d'intérêt possible
si elle propose des orientations informatiques. En effet,
les décisions stratégiques de ce type ont
forcément un impact très important en terme
de valorisation.
Pour en revenir à notre décision de lier consulting
et réalisation, il est intéressant de constater
que d'autres font comme nous. Ainsi, HP est très
intéressé par PWC, et Cap Gemini acquiert
Ernst & Young.
Quelle est votre vision du Wap
et du m-commerce ?
Le
mobile commerce est plus une promesse qu'une réalité
aujourd'hui
: vitesse très limitée et peu de services.
Mais le futur passera forcément par le mobile. Plutôt
que de tenter (parfois vainement) de relier un PC à
un téléphone d'hôtel, appuyer sur un
seul bouton de téléphone mobile sera un moyen
incomparable de communiquer et de vendre. Ce type de communication
s'imposera bientôt pour les relations avec son bureau,
son supermarché, ses clients, ou même son domicile.
Avec l'avènement des technologies comme Bluetooth,
tout sera interopérable très simplement. Et
tout cela relié à une gestion puissante des
profils, repousse les frontières des possibilités
très loin de ce que nous pouvons imaginer aujourd'hui.
L'accès et le partage d'information seront alors
immédiats : réservation de table de restaurant,
mise en contact avec des clients, proposition de rendez-vous,
déclenchement d'appareils domotiques, etc.
L'explosion du phénomène est uniquement limitée
par des questions de matériel et de composants. Les
progrès apparus en dix ans sont déjà
étonnants. Mais cette fois, ça ira encore
plus vite !
Steve Leonard rejoint EDS en 1984. De 1985 à 1991,
il a conduit divers projets commerciaux en Europe, Asie
et Amérique latine. Aux Etats-Unis en 1991, il a
été promu vice-président de ventes.
En 1998, S. Leonard a pris les responsabilités de
directeur d'EDS pour l'Asie du Sud. Nommé ensuite
vice-président pour E.solutions aux Etats-Unis ,
il a intégré depuis plkusieurs mois le poste
de président d'E.solutions EMEA.
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