En tant qu'éditeur fondé par d'anciens
dirigeants européens de majors comme Cisco, IBM et
Motorola, Reef
propose une suite pour la gestion de contenus Internet concurrente
de Vignette StoryServer et Allaire Spectra. A l'inverse
de ces dernières, le Franco-Belge s'appuie sur des
technologies complètement standardisées et
une architecture de nouvelle génération. Après
un an et demi d'existence, la société, ne
cesse de signer de nouveaux clients parmi lesquels General
Motors en Asie, le Crédit
Suisse au niveau mondial, Siemens
France, Nirvanet
et la place de marché verticale AllianceMedical.
Philippe Brawerman, son président-directeur général,
nous explique les raisons du succès de Reef et de
sa suite InternetWare 2.0.
Propos recueillis le 5 septembre 2000 par François
Morel
JDNet
Solutions : Qu'est-ce qui vous a motivé à
fonder Reef en tant qu'éditeur ?
Philippe Brawerman : Le monde de l'e-business cherche
un environnement qui permette d'offrir un accès global
ubiquitaire, c'est à dire indépendant par
rapport à la localisation et au type d'interface,
et qui apporte en même temps l'accès à
l'infrastructure back-office et données au travers
d'Internet. De plus, la même solution doit pouvoir
s'adresser en même temps à l'internaute lambda
par Internet, à l'internaute privilégié
sur un extranet et à l'internaute employé
dans le cadre d'un intranet.
Or, les évolutions se sont faites par étapes
parcellaires, d'abord le contenu au début d'Internet,
puis le commerce électronique, maintenant les communautés
et demain la gestion de la coordination ou le workflow.
La conséquence de ces étapes a été
le développement d'applications parcellaires créées
avec des technologies différentes et qui rencontrent
des difficultés pour répondre aux exigences
du changement. En fait, les contraintes d'intégration
de technologies disparates font que beaucoup d'applications
sont développées à façon point
à point en utilisant peu de dénominateurs
communs qui définissent une suite intégrée
avec la gestion des contenus, du commerce, des communautés
et de la coordination.
Vous
positionnez-vous en tant que fournisseur d'une suite marchande
améliorée ?
Nous
sommes plus larges, mais moins verticaux, qu'une suite marchande.
Chez Reef, nous avons développé des fonctions
de synthèse dans la perspective d'utiliser ces dénominateurs
communs. L'un de nos objectifs est de permettre à
l'utilisateur de mieux se saisir du contrôle de sa
stratégie e-business face aux difficultés
d'intégration. Notre initiative vise à raccourcir
le chemin pour l'utilisateur, à mieux répondre
à sa problématique de changement et à
mieux utiliser ses données dans un environnement
en ligne. InternetWare 2 se présente comme une suite
d'applications intégrées de façon similaire
à Microsoft Office. Notre suite gère le Quoi
(le contenu, les médias et les clients), le Qui (les
profils et les rôles, les droits d'accès...),
et le Comment (la validation, la notification, les règles
et l'escalade au travers du navigateur).
En quoi votre produit répond-il
à la demande du marché ?
Notre suite utilise des fonctions communes et transmet le
tout à travers le navigateur, ce qui rend le déploiement
plus facile. InternetWare est entièrement écrite
en Java et se base sur tous les standards du marché,
comme XML/XSL ou Wap pour la présentation. Tout cela
nous permet une intégration par le back-office dans
les systèmes existants, et une gestion front-office
de tout cet environnement personnalisé en fonction
des droits. Enfin, puisque tout se fait au travers du navigateur,
nous pouvons aller jusqu'à personnaliser complètement
l'interface de gestion et offrir des fonctions différentes
à travers des liens hypertextes.
Pourquoi
votre architecture est-elle différente de celles
des autres solutions concurrentes ?
Nous
proposons une séparation complète des différentes
couches, de code pour la gestion des données, de
visualisation, d'organisation et de diffusion. Toutes les
couches sont de type OSI avec des API les unes sur les autres.
Nous disposons d'un processeur de présentation qui
utilise XSL, ce qui permet de définir des protocoles
de présentation en fonction des feuilles de style
appropriées. L'architecture s'articule autour d'API
et d'interfaces. La solution comprend une interface pour
les utilisateurs qui veulent personnaliser l'environnement
Reef afin de présenter et organiser du contenu, une
interface pour les intégrateurs qui leur permette
entre autres de créer des feuilles de styles, et
une pour les personnes chargées du déploiement
dans d'autres systèmes applicatifs. Grâce à
cette architecture, nous offrons des fonctions pour l'utilisateur,
des fonctions graphiques et des fonctions système.
Les autres ont une architecture âgée et vieillissante.
L'important est d'arriver à une synthèse entre
le monde applicatif, le monde de l'ouverture et l'ubiquité
afin d'aller n'importe où avec un client final.
Sur
quelles plates-formes InternetWare est-elle disponible et
comment se connecte-t-elle à d'autres applications
?
Comme
le logiciel est une suite de composants Java, il s'installe
dans tous les environnements sauf MacOS, c'est à
dire dans l'ordre de stabilité les plates-formes
Linux, Unix (Solaris, Irix, AIX et UIX) et Windows NT. Niveau
client, nous supportons tous les navigateurs, XML en client,
le Wap, et aucune frontière ne nous empêche
de fonctionner dans les environnements TV avec des technologies
de type TVML ou OpenTV.
Côté back-office, nous
nous connectons au travers d'XML et de JDBC, ce qui nous
rend compatible avec la plupart des bases de données
comme Oracle, DB2, Informix, Sybase ou SQL Server. La paramétrage
est effectué au niveau du schéma et des types
de données dans la version actuelle du produit. La
prochaine version disposera de connecteurs automatisés
qui permettront de manipuler l'intégralité
du système d'information dans le navigateur.
Le
prix est-il également pour vous un élément
de différenciation ?
Nous
proposons deux types de pricing. Le premier fonctionne suivant
des licences serveur par processeur, qui s'étendent
de 5 000 à 20 000 Euros
par application. Nous avons aussi la possibilité
de mettre en oeuvre le logiciel de façon mutualisée
suivant un modèle ASP qui débute entre 500 et
1 000 Euros par mois. Au delà de ces tarifs,
il faut aussi intégrer le logiciel dans l'environnement
existant chez le client à l'aide de nos partenaires
d'intégration.
Que
pensez-vous de la tendance actuelle liée à
la personnalisation ?
Deux
choses. D'un point de vue philosophique et humain, on dispose
de plus de choix sur des sites que dans les prospectus qui
arrivent dans la boîte aux lettres le matin, et contre
lesquels il n'existe aucun moyen d'action. Mais il est clair
que le choix personnel est minimaliste car les systèmes
d'informations sont très rudimentaires et demandent
de gros efforts à la base de données pour
offrir plus de critères de choix et de personnalisation.
Reef permet une personnalisation granulaire et offre un
choix plus avancé car nous n'imposons pas de créer
une structure de données et c'est l'objet qui s'adapte.
Quelles
sont vos prévisions concernant votre marché
et Reef en tant qu'acteur ?
Nous
représentons la première génération
des entreprises qui effectuent la synthèse en intégrant
des domaines avec des fonctionnalités prêtes
à l'emploi. Le monde de demain est un monde en ligne.
Depuis le début du siècle, les 10 touches
sur le clavier du téléphone sont les mêmes.
L'environnement est stable et simple dans le temps. Ce qui
va évoluer est la désintermédiation,
ce qui signifie la suppression de certains opérateurs
inutiles qui rallongent le chemin entre l'idée et
sa solution. L'important avec une gamme comme la nôtre
est justement de permettre aux opérateurs d'éliminer
des questions récurrentes, ce qui leur donne l'opportunité
de mieux marketer leur valeur ajoutée. Aujourd'hui,
il est souvent demandé aux ingénieurs de faire
des lettres, de définir des schémas, ce qui
fait qu'ils sont sous-employés. Cela nous renvoie
à l'intermédiation par téléphone
du début du siècle.
Quant à nos objectifs de croissance, nous espérons
grandir au moins aussi vite que le marché. La qualité
de notre équipe nous permet de nous différencier,
ce qui fait qu'après un an et demi, nous avons des
clients sur trois continents. Cela se prouve par des faits
concrets. Quand nous montrons notre technologie à
un décideur, il ressort avec un tas d'idées.
Ancien
président pendant 5 ans de Cisco Systems pour
la zone EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique), Philippe Brawerman
s'est entouré d'autres références,
comme Philippe Monjanel en charge de l'Europe chez IBM et
arrivé à la mi-2000, pour développer
Reef depuis sa création en 1999. Diplômé
de l'école polytechnique de Bruxelles et titulaire
d'un MBA, il a travaillé près de 15 ans
dans le secteur d'Internet et des technologies en réseau.
Pendant cette période, il a occupé plusieurs
fonctions clés de direction chez Ungermann-Bass,
Motorola et IBM.
Toutes
nos interviews