Créée
en 1996, Business
Interactif est une Web agency avec une clientèle quasi
exclusive de grands comptes et de dotcoms (Alcatel, Airbus,
Bic, Lancôme, Nestlé, The Phone House, Self Trade
).
La société prévoit pour 2000 un CA de plus de 60 millions
de francs. Business Interactif a levé près de 190 millions
de Francs sur le nouveau marché (Sicovam : 7605).
Fort d'une expérience de quatre ans, François de La Villardière,
co-pd-g et fondateur, nous expose ses impressions sur l'évolution
du marché et des mentalités.
Propos recueillis le 22 septembre 2 000 par José
DIZ
Depuis
4 ans, qu'est-ce qui a changé dans la relation entre les
grands comptes et Internet ?
François de La Villardière : La prise
de conscience à haut niveau des enjeux internet est confirmée.
Désormais, les responsables de la stratégie de l'entreprise
ont compris la nécessité des nouvelles technologies dans
leurs relations entre employés, avec leurs clients, ou avec
leurs fournisseurs.
Il y a une réelle volonté d'intégrer ces nouveaux outils,
mais en hiérarchisant les besoins en fonction de l'existant.
Par exemple, le groupe Seb vient de nous confier le développement
d'un site. Dès le départ, les décideurs intègrent à la réflexion
une dimension multimarques, européenne, et à forte valeur
ajoutée. Dès la conception, il y a un désir d'homogénéiser
les processus à l'ensemble du groupe : l'ergonomie, la présentation
produit, la relation-client, etc. Même s'ils désirent aller
vite, les grands groupes prennent le temps de la réflexion.
L'implication des décideurs à haut niveau est passée de
la curiosité - "pour être dans le coup " - à la stratégie
d'entreprise.
Les grands comptes ont enfin compris tous les avantages
des Web agencies. Nos méthodes de développement, notre savoir-faire
et la rapidité des projets les ont agréablement surpris.
Fini le temps des développement avec recettes sur plusieurs
semaines, et boucles répétitives
Aujourd'hui les projets
sont réalisés dans des temps courts et intègrent dès le
départ les attentes du client, avec des scénarios simples
et évidents.
Qui
est aujourd'hui votre interlocuteur dans l'entreprise ?
L'interlocuteur
privilégié est souvent le responsable marketing qui a la
bonne vision opérationnelle liée aux ventes et aux perspectives
sectorielles.
Sinon, notre contact dans l'entreprise est un responsable
opérationnel. La nature des projets impliquant plusieurs
services, nous discutons souvent avec plusieurs directeurs
fonctionnels.
Autre nouveauté, la direction générale intervient systématiquement
pour valider le projet. Les services informatiques jouent
surtout un rôle pour l'intégration et la cohérence technique.
Et lorsque l'informatique interne est dépassée, nous intervenons
pour des développements spécifiques.
Quelle
évolution de l'offre vous semble être la plus
significative ?
Le
phénomène le plus marquant est l'arrivée des offres packagées
comme Broadvision, Vignette, ou encore Microsoft Windows
2000.
Les grands comptes nous demandent souvent d'arbitrer entre
ces solutions, de mesurer les coûts logiciels, la pertinence
des outils en environnement B2B ou B2C internationaux, l'effort
à produire et les offres en terme de maintenance de ces
solutions.
Notre métier implique donc de suivre ces offres, pour maîtriser
les technologies et déterminer leur impact en terme d'intégration
et d'adaptation de l'existant.
Il nous faut pouvoir répondre à plusieurs questions : quel
est le coût de la refonte ou de l'adaptation de l'existant
? Ces technologies sont-elles connues des développeurs ?
Les entreprises ne veulent plus être prisonnières de compétences
trop rares.
Quel
est votre dernier grand projet en cours ?
Un
de nos chantier actuel porte sur un énorme projet multicanaux
(Internet, Wap, TV, Téléphone) de services de proximité
au niveau international. Le client est un grand groupe de
l'équipement d'infrastructures urbaines.
Quel
événement Internet vous a le plus étonné
dernièrement ?
L'information
qui m'a le plus étonné fut le rachat de Dégriftour par Lastminute.
Dommage que ce n'ait pas été l'inverse. En effet, Degriftour
s'était bien installé, avec un business modèle rentable.
Mais le marché en a décidé autrement
Comment
se porte votre filiale aux Etats-Unis ?
Notre filiale aux Etats-Unis est souvent démarchée par des
grosses firmes américaines ou des dotcom.
Sur ce marché en plein développement, de nombreuses petites
sociétés cohabitent. Mais, l'analyse des entreprises sur
nos réalisations donne une image de qualité qui parvient
à nous différencier.
Ce sentiment à notre égard de la part d'américains
nous a agréablement surpris. Ces clients très exigeants
sont étonnés par notre professionnalisme,
mais nous demandent de la cohérence, un positionnement clair
et une forte créativité. Ils veulent être étonnés, avec
des idées nouvelles et très différenciatrices. Justement,
dans nos démarches nous cherchons avant tout à valoriser
la force des marques et le visiteur, avec une atmosphère
différente, mais simple et efficace.
François de La Villardière, 36 ans, co-fondateur, chargé
des choix techniques et des grands comptes
chez Business Interactif. Diplômé de l'Institut
d'Etudes Politiques et des Relations Internationales (Paris-Londres)
ainsi que de l'Institut Supérieur de Gestion, François de
La Villardière a passé neuf ans dans le conseil et les télécommunications,
d'abord chez SI Conseil puis chez France Télécom au sein
de la division multimédia.
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