En octobre 1999, l'éditeur américain Hyperion
décide de relancer sa croissance en nommant un nouveau
président-directeur général (CEO) du
nom de Jeffrey Rodek. Depuis, les affaires ont repris et
l'éditeur d'outils décisionnels affiche désormais
un parc installé chez près de 6 000 clients.
Classée par le cabinet Deloitte & Touche
parmi les 50 entreprises en plus forte croissance de
la Silicon Valley (+ 3 588 % sur ces 5 dernières
années), Hyperion en profite pour concrétiser
sa vision d'avenir à travers de nouvelles solutions.
Pour nous les présenter, Jeffrey Rodek en personne
s'est déplacé dans les locaux du Journal du
Net.
Propos recueillis le 26/09/2000 par François
Morel
JDNet
Solutions : Quelle est aujourd'hui la stratégie d'Hyperion
en matière d'offre ?
Jeffrey Rodek: Nous voulons fournir une solution
complète qui adresse pleinement la fonction de manager.
Afin de comprendre leur clientèle, nous proposons
aux décideurs notre outil Customer Analysis doté
de points de contact pour analyser les informations sur
les clients et les ventes. Nous combinons cette opération
avec les parties d'analyses financière et opérationnelle.
Avec toutes ces solutions, nous livrons des composants qui
permettent de consolider les différentes applications
existantes de l'entreprise à travers tous les points
d'entrée comme le Web et la messagerie, les centres
d'appels, les services aux clients comme le SAV, et les
retours sur la qualité des produits.
En
quoi vos outils permettent-ils d'accompagner le processus
de décision ?
Hyperion consolide les données pour
éxécuter l'analyse en temps réel, et
s'interface pour cela avec les principaux systèmes
CRM (gestion de la relation client) et ERP (progiciels de
gestion intégrés). Ensuite, nous fournissons
des solutions qui couvrent l'ensemble du processus de décision.
Le responsable identifie d'abord ses objectifs de profit
et de croissance puis paramètre ses choix. Le module
de planning effectue des statistiques, qui sont ensuite
présentées par le module de reporting sous
forme de tableaux de bord. Enfin, le décideur peut
éxécuter sa simulation et revenir au stade
de la configuration pour affiner sa requête jusqu'à
ce qu'il soit satisfait.
Vos
solutions sont-elles construites pour être utilisées
dans un environnement Web ?
Nous disposons d'un package d'applications
très extensible. Toutes peuvent être déployées
sur un intranet et sont dotées d'interfaces graphiques.
La visualisation, mais également la saisie et l'enregistrement
peuvent se faire via le Web. C'est important car il est
possible de simuler des scénarii en saisissant simplement
des données à l'intérieur d'un navigateur.
Quel est l'objectif d'une telle
démarche ?
La mesure de la performance d'une activité
donnée. Quand chaque point est analysé et
que les chiffres des ventes en provenance de l'ERP peuvent
remonter vers la mesure de la performance, également
appelée Scoring and Base Modelling, l'objectif est
de trouver la raison des décalages entre ce qui a
été prévu et ce qui est constaté.
Cela permet de construire, modéliser et agir plus
vite.
Concernant
le site web, qu'apporte de plus Customer Analysis par rapport
à la mesure d'audience ?
Les informations produites par Customer Analysis
ont à voir avec l'activité business du site,
c'est à dire ce que font les utilisateurs sur les
pages, s'ils voient la publicité et s'ils achètent
ou non. Pour cela, notre produit dispose d'une fonction
unique en son genre, qui consiste, à l'aide du module
Sessionizer, à définir des sessions log en
récupérant seulement certaines parties des
informations, comme par exemple des chaînes de 50 caractères.
A partir de ces données, le responsable peut déduire
la rentabilité par client et par produit tout en
se connectant avec les analyses financières et opérationnelles.
Notre application entame un va et vient avec notre entrepôt
de données multidimensionnel EssBase ou n'importe
quelle base de données relationnelle, tout en sachant
ce qui doit ou ne doit pas être enregistré.
Analysez-vous
les flux d'informations en temps réel ?
Il ne s'agit pas, à
proprement parler, d'analyse
en temps réel. Nous n'analysons pas une photo à
un moment donné et notre outil n'effectue pas de
gestion des flux. En clair, nous n'analysons pas les transactions
en train de s'opérer mais leur totalité en
fin de journée. Les centres de contacts sont reliés
à des ACD (Répartiteurs automatiques d'appels)
qui permettent l'analyse des flux en temps réel,
et nous recueillons l'information en provenance de ces ACD.
Qui
sont vos clients ?
EssBase est utilisée par près
de 6 000 clients dans le monde. Nous avons notamment
un partenariat avec I2 Technologies
et sa plate-forme Tradematrix
qui s'appuie sur nos outils pour l'analyse décisionnelle
orientée client et fournisseur. D'ici un an, nous
avons prévu de sortir un nouveau produit du nom de
Supply Chain Analysis qui devrait les intéresser.
Aux Etats-Unis, nous pouvons citer le site eTailers, l'échangeur
de contrats d'assurance Channel Points, le transporteur
Fedex, Intel (en b-to-b) et Autoweb (en b-to-c). L'industriel
de l'aéronautique Lockheed
Martin utilise nos produits d'analyse dans 90 applications,
depuis la gestion de projet à la finance, en passant
par les ressources humaines et la gestion de planning. En
France, nous travaillons avec de grands comptes comme Renault
en analyse de la production, et aussi Novartis, PSA et Axa.
Etes-vous
intéressés par le modèle ASP de location
d'applications en ligne ?
Nous travaillons actuellement avec ce type
de fournisseurs. Pour l'instant, notre offre n'est pas encore
disponible par ce biais, mais elle devrait l'être
d'ici 6 mois car nos nouveaux produits y sont bien
adaptés. Pour nous, c'est une extension naturelle
car nos clients sont des grands comptes et les ASP nous
permettent d'adresser les PME.
Quelles évolutions va
connaître votre offre ?
Nous voulons étendre les données
à la collaboration dans le contexte de l'entreprise
étendue, en fournissant différentes vues à
partir des mêmes données. Nous allons donc
proposer un portail analytique avec ces différentes
vues, qui permettra de diffuser l'information à l'ensemble
de l'entreprise pour bénéficier de données
par secteur d'activité.
Beaucoup de personnent travaillent avec des tableurs, mais
le problème qui se pose est que, d'un service à
l'autre, les données ne sont pas identiques car elles
ne sont pas corrélées dans le même référentiel.
En ayant recours au même référentiel,
les collaborateurs auront tous accès aux mêmes
données et deviendront cohérents en terme
de stratégie. Ce sont des avantages compétitifs
importants.
Avez-vous d'autres orientations
prévues ?
Nous allons accroître nos relations
avec d'autres éditeurs pour nous intégrer
à davantage d'offres CRM, SCM, ERP... Nous avons
déjà plus de 400 partenaires et nous
continuons à combiner nos offres avec d'autres logiciels.
Arrivé en octobre 1999 en tant qu'administrateur
et P-D.G. (CEO) d'Hyperion,
Jeffrey Rodek était depuis 1995 le président
et directeur des opérations du grossiste international
Ingram Micro. Auparavant, il a passé 16 ans
dans différents postes clefs, notamment en tant que
président des opérations pour tout le continent
américain, chez le transporteur logistique Federal
Express.
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