Editeur américain créé il y a 20 ans,
BMC Software
fait aujourd'hui partie des plus importants au niveau mondial
avec un CA de près de 2 milliards de dollars
en 1999.
Sa spécialité est l'administration des applications
et la gestion de leur performance, qu'elles soient standardisées
ou non. Sur près de 1 500 logiciels dans
son catalogue, sa principale gamme Patrol se décline
en plus de 400 produits différents, chacun dédié
à une application particulière ("Patrol
for Oracle", "Patrol for Websphere", etc.).
Au total, la vente des licences des outils Patrol représente
50 % du CA mondial de BMC Software.
En France, l'éditeur compte un effectif de 200 personnes
environ, et a réalisé un chiffre d'affaires
de 310 millions de francs en 1999-2000. Entretien avec
Gilles Rigal, son directeur général
à la tête de la filiale française.
Propos recueillis le30 octobre 2000 par
François
Morel
JDNet
Solutions : A quelle problématique vos solutions
répondent-elles ?
Gilles Rigal : Nous garantissons la
disponibilité des applications en mesurant leur performance
et en assurant leur restauration en cas de panne. Ce secteur
est en forte évolution du fait de l'arrivée
d'applications e-business sur lesquelles les notions de
disponibilité et de performances sont essentielles.
Cela concerne les applications Internet comme ce que proposent
les ASP, mais aussi des clients plus classiques comme les
banques, les assurances et les opérateurs de télécommunications
qui se trouvent confrontés au fait de devoir fournir
des services en s'appuyant sur des architectures anciennes.
Or, à l'intérieur du firewall, les composants
technologiques sont très variés. Et la difficulté
pour ces clients est d'assurer une performance et une disponibilité
24/7 des applications, car il faut qu'ils puissent d'abord
administrer l'ensemble de ces composants hétérogènes
qui comprennent les serveurs, le réseau, la base
de données, le middleware, le firewall lui-même,
etc.
Les
différents outils Patrol sont-ils bâtis autour
d'un même principe ? Comment fonctionnent-il ?
Nous
disposons d'une technologie unique pour le pilotage à
l'aide de sondes sur chacune des composantes comme les serveurs,
une application Tuxedo ou même une boîte logique.
Patrol intègre ces sondes en fonction des applications,
et réalise la concentration et le traitement de toutes
les informations en provenance de ces sondes. De plus, il
reconnaît automatiquement et de façon dynamique
l'ensemble des technologies à surveiller.
La façon dont cela se passe est plutôt pragmatique.
Patrol sur chaque serveur est constitué de deux parties,
d'un côté le moteur et de l'autre la notion
de librairie d'expertise des règles à l'intérieur
de modules de connaissances. Les règles servent pour
la découverte mais aussi pour la collecte de l'information,
et des librairies de règles différentes sont
utilisées en fonction des technologies rencontrées.
Si vous possédez un serveur Unix avec la base de
données Oracle, il faudra employer Patrol for Unix
qui va notamment découvrir le type d'Unix et les
Daemons en fonction, et Patrol for Oracle qui découvre
la version et les éléments de données
à surveiller.
Surveillez-vous
également les flux de données en temps réel
?
Parmi
les informations que nous collectons figurent les éléments
de flux. Sur Internet ou sur un intranet, par exemple, les
éléments de flux sont importants. Dans notre
solution Patrol for Internet Services, une sonde de type
"sniffer" mesure et analyse les flux du réseau.
Mesurez-vous
la performance des sites en dehors des firewalls ?
Nous
vendons un service du nom de SiteAngel 2000. Récemment,
nous avons acquis la société Evity qui complète
très bien ce service avec sa technologie. Cette dernière
permet de surveiller une infrastructure web sur Internet
à partir de notre datacenter opérationnel.
Par l'intermédiaire de leur navigateur, les clients
peuvent apprendre à SiteAngel les procédures
de transactions importantes du site et les faire reproduire
de façon régulière. Tout cela a pour
objectif de vérifier la qualité du service
final rendu par le site au consommateur.
Comment
procédez-vous concrètement dans le cas d'un
site marchand ?
Nous
simulons l'utilisateur qui achète quelque chose et
SiteAngel enregistre les transactions passées. Puis,
il les reproduit régulièrement en fonction
des choix de notre client. Ceci permet de mesurer la satisfaction
client, qui agrège plusieurs notions comme les temps
de réponse et la disponibilité.
Proposez-vous
un intégré qui regroupe les deux solutions,
en interne et en externe ?
SiteAngel
peut être acquis de façon indépendante.
Mais notre grande force est que nous proposons gratuitement
l'intégration de SiteAngel dans l'infrastructure
Patrol. Un client qui possède déjà
celle-ci peut ainsi intégrer les données en
provenance de SiteAngel dans Patrol en utilisant les règles
d'intégration livrées gratuitement. Or, Patrol
est le produit leader au niveau mondial dans le domaine
de l'administration d'infrastructure.
D'un autre côté, un client qui ne dispose pas
de Patrol peut être intéressé par un
monitoring de bout en bout. Auquel cas, il prendra Patrol
+ Site Angel dont l'intégration est en cours. La
seule chose qui n'est pas terminée aujourd'hui est
l'intégration au niveau de la vente en mode de souscription
par abonnement (ASP).
Qui
sont les clients de SiteAngel ?
En
France, nous avons en totalité près de 800 clients
ou plutôt raisons sociales. Pour SiteAngel, nos premiers
clients sont des ASP et des ISP. Ce sont aussi des hébergeurs
mais leur métier se rapproche des ASP. Nous voyons
aussi des sociétés de services classiques
comme EDS se lancer dans des métiers d'infogérance
proches des hébergeurs, et toutes ces sociétés
sont aussi clientes de nos produits.
Avez-vous
des outils spécifiques pour les hébergeurs ?
Quelles sont leurs problématiques ?
Nous
avons lancé il y a trois semaines un programme de
certification OnSite, et les 12 premières sociétés
qui l'ont contracté sont des hébergeurs. Derrière
l'hébergement se profilent deux contraintes majeures.
La première consiste en la mise à disposition
dans un délai court d'une infrastructure d'hébergement
pour le client. L'hébergeur doit s'appuyer sur des
produits déployables rapidement comme Patrol. Le
module de connaissance NT, par exemple, est déployable
immédiatement.
La deuxième contrainte des hébergeurs est
qu'ils doivent garantir une disponibilité en 24/7
des sites à leurs clients. Et c'est là que
le programme OnSite entre en jeu pour permettre à
l'hébergeur, voire au client, de suivre la performance
de son site. OnSite est une certification qui se base sur
le projet pour la mise en place de la supervision du système
client. Ce projet fonctionne par étapes : d'abord
l'analyse des besoins et du contexte, puis la définition
de la solution qui répond aux besoins. Or, nous avons
Patrol qui couvre un panel de technologies très vaste,
et qui constitue un différenciateur réel pour
rendre productive la solution adéquate. Nous pouvons
assembler très vite les briques d'une plate-forme
pour la faire fonctionner rapidement. De plus, nous savons
garantir le temps et le coût du déploiement
des solutions.
Quelles
évolutions va connaître votre offre ?
Le
critère de la qualité de service est complexe
à définir. Nous allons bientôt sortir
Patrol SLA Management qui permet au client de définir
et de suivre des critères complexes de qualité
de service en fonction de contraintes précises. Sinon,
en terme de couverture d'applications, nous allons offrir
des solutions pour des outils de gestion de la relation
client comme Siebel, et pour les places de marché
b-to-b comme Ariba Buyer et Broadvision.
Quelle
est votre stratégie en matière de développements
?
Notre
stratégie globale consiste à pouvoir prendre
en compte n'importe quel composante technologique du système
d'information du client. Et c'est pour cela que nous réinvestissons
une grosse partie de nos bénéfices, environ
25 %, dans la recherche et le développement.
Nous avons à peu près 3000 personnes
qui travaillent à la R&D dans le monde, sur un
effectif de 7 500 à 8 000 collaborateurs.
Avant d'être nommé directeur général
de BMC Software France en 1995, Gilles Rigal a occupé
plusieurs postes de direction depuis 1992 chez Systar, en
tant que directeur de la filiale française, directeur
des opérations européennes en charge des filiales
française, anglaise et allemande, puis directeur
des opérations mondiales. De 1987 à 1990,
il est directeur des ventes puis directeur commercial et
marketing de la division France de Mac Donnell Douglas
Information Systems. Auparavant, il fonde et dirige à
partir de 1982 la société IGL spécialisée
dans la vente de conseil et de produits dans le domaine
du génie logiciel. Depuis 1995, Gilles Rigal fait
un passage de deux ans en 1998 à la fonction de vice-président
marketing et channels de BMC Software pour la région
EMEA, avant de revenir à son poste de dirigeant français.
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