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Interviews |
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Bernard Liscia, Jean-François Caenen
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Responsables
Développement e-business
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Atos Origin
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Dans
une logique BtoB les entreprises voient le canal électronique
comme un média de substitution |
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Responsables du développement des nouvelles offres ebusiness
du groupe, Bernard Liscia et Jean-François Caenen sont bien
placés pour analyser les principales préoccupations des grandes
entreprises françaises: de l'e-procurement à la gestion de contenu
en passant par l'EAI et le rôle de la direction informatique.
Entretien à deux voix. |
Propos recueillis par Cyril Dhenin le 04 juillet
2001
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Comment
les entreprises abordent-elles le média électronique
dans leur stratégie B to B?
Bernard Liscia: Contrairement à ce que l'on peut
observer dans une logique B to C, les entreprises voient le
canal électronique comme un média de substitution
et non comme un média complémentaire. Elles considèrent
la relation électronique comme quelque chose d'inévitable
Quel
jugement portent-elles sur les places de marché
Bernard
Liscia: Pour le moment, les clients, par manque de visibilité
sur ces places, essayent de tirer parti autrement du canal électronique.
Et notamment en se concentrant plutôt sur des projets
d'e-procurement. Sur ce sujet, il faut d'ailleurs distinguer
les grandes entreprises et les PME. Les premières cherchent
par ce biais à accroître par exemple l'exhausitivité
de leur sourcing tandis que les secondes sont avant tout en
quête d'économie.
On
a l'impression que les grandes entreprises ont encore les mains
dans des projets d'urbanisation de leur système d'information,
ce qui retarde d'autant les projets e-business ?
Jean-François Caenen:
En fait les deux chantiers, l'urbanisation du système
d'information et la transformation e-business de l'entreprise
sont menés en parallèle. Logique: l'urbanisation
est forcément la préoccupation première
d'une direction informatique tandis qu'une direction générale
ou commerciale n'a parfois pas le temps d'attendre pour lancer
un chantier e-business. Les deux chantiers avancent donc simultanément,
ce qui conduit de temps à autres à développer
des vérrues sur un système d'information dont
l'urbanisation est seulement en cours.
Dans
quelle mesure les entreprises sont-elles sensibles à
une problématique comme celle de l'EAI
(Enterprise Application Integration) ?
Jean-François
Caenen: Elles sont plus que sensibles au sujet. En
ce moment, c'est même le grand boom sur les chantiers
d'EAI. Nous avons actuellement cinq études en cours pour
aider les clients à sélectionner la bonne architecture.
Une travail complexe puisqu'à ce jour il n'existe pas
de solution définitive. Dans l'EAI, chaque éditeur
a sa spécialité et les entreprises doivent bien
hiérarchiser leurs objectifs et leurs contraintes.
Quels
objectifs poursuivent les entreprises avec ce type de projets
? S'agit-il avant tout de baisser le coût des interfaces
applicatives ?
Jean-François
Caenen: Non, pas uniquement: les entreprises ne peuvent
pas justifier le coût d'un tel projet seulement en misant
sur les économies réalisées en matière
de maintenance des interfaces. Cela
reviendrait à construire des routes seulement pour qu'elles
profitent à ceux qui les construisent ! Un projet d'EAI
s'inscrit dans une réflexion stratégique et pas
seulement technologique.
Dans
ces chantiers d'EAI, la question de l'ouverture aux standards
du Web est-elle systématique ?
Jean-François
Caenen: Oui, dans la mesure ou quasiment tous les
projets d'EAI présentent un volet pour l'intégration
B to B avec les clients ou partenaires de l'entreprise.
Autre
préoccupation très présente en ce moment,
la gestion de contenu. Comment les entreprises abordent-elles
le sujet ?
Bernard
Liscia: Le sujet de la gestion de contenu empoisonne
les grandes entreprises,
notamment parce que cette gestion semble de plus en plus gourmande
en ressources au fil du temps. Chez Atos, nous pensons qu'une
partie du problème consiste notamment à bien dissocier
au niveau de l'analyse la production du contenu de sa diffusion.
Mais nous n'avons pas vraiment envie de vous en dire plus sur
un sujet aussi stratégique pour nous: environ 100 personnes
travaillent chez nous sur cette problématique et ont
développé expertises et méthodologies...
Sur
les multiples projets que nous venons d'évoquer, comment
se positionne désormais la direction informatique dans
le circuit de décision ?
Bernard
Liscia: La parenthèse qui a vu le directeur
informatique dépossédé d'une partie de
ses prérogatives est sur le point de se refermer. On
a même l'impression d'être revenu dans un shéma
proche de celui de l'époque du Minitel. Autrement dit,
dans 70% des cas le décideur appartient à la direction
générale ou à une direction fonctionnelle
mais désormais la direction informatique à un
droit de veto. C'est assez logique: prenez l'exemple d'un projet
de portail B to B, il s'adosse à un serveur d'application,
chapeaute des applications existantes, interagit avec le centre
d'appels... Difficile d'ignorer l'avis du directeur informatique....
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