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Quelles sont les conditions de votre entrée en bourse ?
Jacques Le Marois: Nos
titres seront disponibles à partir du 30 juillet 2001
sur le Marché Libre de la Bourse de Paris. Le nombre
d'émissions est de 688 480. La diffusion s'effectue
sous forme de Placement (à hauteur de 60 %), et d'une
Offre à Prix Ferme (40%) - celle-ci débutera le 19
juillet et sera clôturée le 27 juillet 2001.
Pour un prix à l'action de 6,2 euros, la valorisation
du capital devrait atteindre 21 millions d'euros, ce qui correspond
environ à 3 % de la valeur de RedHat.
Pourquoi
une valorisation si faible ?
Le
marché va très mal. Par conséquent, nous
nous introduisons comme si nous ne valions rien. Notre objectif
étant de laisser le marché décider, le
tout sans cibler les financiers traditionnels. Cette introduction
est en effet destinée aux utilisateurs MandrakeSoft,
ainsi qu'à nos nombreux contributeurs. En leur permettant
d'être actionnaires, le but est bien sûr de leur
apporter des intérêts, mais également
de stabiliser notre actionnariat. C'est
pourquoi nous prévoyons de porter l'offre publique
à 40 % (avec une possibilité de monter
jusqu'à 60 %). Pour nous, logiciel libre rime
avec marché libre.
Le marché réglementé
viendra plus tard, une fois que nous aurons fait nos preuves.
Quels seront les principaux axes de développement suite à
votre entrée en Bourse
?
Depuis
deux ans, MandrakeSoft est la distribution Linux la plus utilisée
dans le monde. Cette réussite, nous la devons à
la qualité de nos produits, ainsi qu'à une diffusion
basée sur le bouche à oreille. L'objectif principal
de cette entrée en bourse est de transformer cette
base d'utilisateurs en clients.
Comment se décline cette stratégie de conquête ?
D'abord,
nous poursuivrons le développement et la diffusion
de produits packagés, notamment avec un firewall. Ensuite,
nous renforcerons nos partenariats avec des SSII (autour du
conseil), ainsi qu'avec des centres de support et de formations.
Ces trois types d'acteurs, pour lesquels nous jouons un rôle
d'expert, contribuent à offrir au client final de la
prestation de services. Enfin, nous comptons exploiter une
nouvelle plate-forme de diffusion des produits et services
de la galaxie MandrakeSoft. Ici, l'objectif est surtout de
faire la promotion de notre environnement en mettant en relation
fournisseurs et clients entreprise. Cette place de marché
s'appuie sur un modèle de revenu basé sur l'affiliation
ou la vente direct de licences.
Vous
ciblez donc les entreprises ?
Les prestations de services
proposées par nos partenaires s'adressent en premier
lieu aux entreprises. Pour les grands groupes, il s'agit souvent
de projets sur-mesure. Parmi nos principaux clients en France,
nous comptons notamment la Macif et le Ministère de
la Culture. Outre le conseil, la formation et le support,
les prestations offertes couvrent également le développement
d'éditions spéciales si nécessaire. Au
niveau des sphères d'intervention, il peut s'agir autant du
domaine serveur que celui de la bureautique client.
Vous
visez également le grand public ?
Oui. Nous proposons une plate-forme de vente directe à
destination du grand public. Elle propose des applications
MandrakeSoft, ainsi que des produits dérivés
Au total, nous estimons toucher 1,7 million de personnes privées
et des milliers d'entreprises partout dans le monde. Près
d'un utilisateur Linux sur 4 a choisi notre distribution.
Et nos produits sont directement distribués dans 97
pays - avec des taux de pénétration important
en Europe et en Amérique du Nord.
Comment
réagissez-vous aux propos
de Colin Tenwick ?
Colin
Tenwick vient du monde des logiciels propriétaires.
Je pense qu'il n'a pas bien compris le modèle Open
Source. Le monde Linux se compose de multiples acteurs politiques.
Dans ce contexte, un monopole est quasi impossible. A tout
moment une nouvelle distribution peut apparaître et
les utilisateurs ont la possibilité de l'adopter. Mais
ceci ne veut pas dire qu'une consolidation n'a pas lieu. Dans
le monde Linux, seuls les meilleurs parviennent à s'internationaliser.
Je pense que sur ce plan SuSe, RedHat et MandrakeSoft sortent
du lot.
Comment
vous positionnez-vous vis-à-vis du projet LSB ?
Nous
sommes partis prenante de ce projet et notre distribution
intègre d'ores et déjà les spécifications
du standard Linux Standard Base (LSB). Son objectif est de
faciliter le travail des éditeurs de logiciels propriétaires
désirant commercialiser des produits pour Linux. Concrètement,
LSB contribue à normaliser une méthode d'installation
pour l'ensemble des distributions. Il est vrai qu'une telle
initiative est beaucoup plus intéressante pour les
petites distributions. De notre côté, nos racines
communes avec RedHat nous garantissent généralement
que MandrakeSoft supportera la plus part des applications
du marché. Mais globalement, nous pensons que tous
les projets de standardisation sont bons.
Quelles
sont les différences principales entre la distribution MandrakeSoft
et les autres ?
A
la manière de deux voitures de marques différentes,
qui se composent en général des mêmes
pièces détachées, deux distributions
Linux sont faites des mêmes modules de base (noyau,
etc.). Et dans les deux cas, la différence se fait
sur les capacités d'innovation. Sur ce point, MandrakeSoft
se distingue par les performances globales de sa distribution,
ses nouvelles fonctions (nous avons été les
premiers à implémenter un système d'impression),
ses modules d'installation et de configuration, et ses capacités
à intégrer les logiciels.
Quel
est votre point de vue sur l'Open Source ?
Il s'agit là de notre seconde marque de différenciation.
A la manière de RedHat, nous avons choisi de diffuser
nos produits à 100 % en Open Source. Cette démarche
nous distingue de Caldera qui licencie sa distribution par
poste utilisateur et de SuSe qui ne diffuse qu'une partie
de son code. Nous devons une grande partie de notre réussite
à cette stratégie, car elle favorise le marketing
viral. Sans compter que nos solutions sont reprises par de
nombreuses entreprises, qui dans certains cas les redistribuent.
Mais au delà de la diffusion, nous appliquons également
le modèle Open Source à nos méthodes
de développement. Via notre site, n'importe quel développeur
peut suivre nos projets et y participer. Par ce biais, beaucoup
de bénévoles contribuent aux projets Mandrake.
C'est en s'appuyant sur un tel réseau que nous pouvons
proposer aujourd'hui la distribution la plus multi-lingues
(chinois, japonais, arménien, mais aussi breton, Wallon,
gallois,
etc.).
Comment
comptez-vous lutter contre Microsoft :
votre principal concurrent dans le monde
propriétaire ?
Nous concurrençons
déjà Microsoft. Et celui-ci peut difficilement
lutter contre Linux. Il a réussi à tuer Netscape
en diffusant gratuitement Internet Explorer, car le navigateur
reposait sur un mode de diffusion payant. Aujourd'hui, ce
n'est plus possible avec l'Open Source. Nos projets s'appuient
sur des réseaux de développeurs salariés
ou non-salariés et le prix de nos licences est moindre.
Pour l'exemple, la chaîne de pizzeria Denatos (qui a
été rachetée dernièrement par
Mac Donalds) s'est équipée de solutions MandrakeSoft.
Grâce à ce choix, cette société
a divisé ses frais informatiques par 4 ou 5.
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